L’épidémie de VIH est révélatrice des inégalités d’une société et des manquements de l’Etat. Les violations des droits humains et la précarité, à la fois cause et conséquence de l’infection au VIH, sont les principaux obstacles à une riposte efficace contre cette épidémie.
Les personnes vivant avec le VIH sont fortement discriminées, alors même que les personnes marginalisées et/ou criminalisées sont davantage exposées à l’épidémie : le VIH ne touche pas toutes les populations de façon égale. De ce fait, les minorités sexuelles et de genre, les enfants et jeunes, les personnes migrantes et les personnes détenues sont plus à risque d’être infectées.
Ainsi, ces discriminations empêchent les individus d’avoir un accès à l’information, aux biens et aux services essentiels de prévention, de dépistage et de traitement. Cela a un impact critique sur les personnes, qui risquent d’être davantage précarisées, mais accroit également l’impact des conséquences sanitaires, sociales et économiques de l’épidémie.
égalité de genre
Le VIH/sida est l’une des premières causes de mortalité des femmes âgées de 15 à 49 ans dans le monde : chaque semaine près de 5000 femmes âgées de 15 à 24 ans sont infectées. En Afrique subsaharienne, ¾ des nouvelles infections parmi les adolescent.es âgé.es de 15 à 19 ans touchent des filles. Des facteurs biologiques mais surtout sociaux, tels que le manque d’accès à l’information et les violences basées sur le genre (que subissent 35% des femmes à l’échelle mondiale), exposent davantage les femmes au risque d’infection. De plus, les femmes vivant dans des situations précaires doivent parfois recourir au travail du sexe, ce qui accroit leur vulnérabilité au VIH.
Sidaction préconise la prise en compte des problématiques spécifiques aux femmes dans les programmes de lutte contre le VIH, ainsi que la mise en place d’actions les concernant directement. Ces éléments s’accompagnent d’une déconstruction des préjugés de genre et à une sensibilisation des acteurs et actrices de terrain.
Enfants et jeunes
En France, ¼ des adolescent.e.s n’ont eu aucune séance d’éducation complète à la sexualité au cours de leur scolarité, et même pour les 75% restant les séances sont restées superficielles. Ce manque d’éducation et d’information mène a des pratiques sexuelles à risque parmi les adolescent.e.s et jeunes, qui ne savent généralement pas à qui se référer en cas de doutes. A l’échelle mondiale, on estime qu’un enfant meurt du Sida toutes les cinq minutes, parmi lesquels une grande majorité se situe en Afrique subsaharienne. Malgré les progrès de la médecine et des programmes de lutte, le nombre de jeunes contaminés au VIH continue d’augmenter.
Sidaction s’engage donc pour garantir la bonne application des 3 séances annuelle d’éducation complète à la sexualité dans les collèges et lycées, tel que le prévoit la loi de 2001. Sidaction plaide également pour la mise en œuvre de programmes de dépistage et de prise en charge de qualité, spécifiquement dédiés aux enfants et aux jeunes, ainsi que leur implication dans les processus décisionnels.
personnes migrantes
Les personnes nées à l’étranger sont le deuxième groupe le plus touché par l’épidémie en France. Malgré cela, l’inadaptation des dispositifs de soins publics et les nombreux obstacles administratifs font que seule une part réduite des migrants arrive à obtenir une couverture maladie : l’année de l’arrivée en France, seulement 67% femmes et 54% hommes provenant d’un pays d’Afrique subsaharienne sont couverts. De plus, les situations de précarité et d’isolement social auxquelles sont confrontés de nombreux migrants à leur arrivée sur le sol français accroissent d’autant plus le risque de confrontation à l’épidémie, en particulier chez les femmes, qui doivent parfois avoir des relations sexuelles tarifées avec de multiples partenaires.
Face à cette situation, Sidaction œuvre afin de simplifier l’accès au titre de séjour pour soins et se mobilise pour mettre en place des dispositifs de santé innovants qui ciblent les personnes migrantes, afin de rattraper les retards de dépistage et les difficultés de prise en charge.
LGBT+
Au sein de la communauté LGBT+, deux populations sont particulièrement affectées par le VIH : les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) et les personnes trans. En effet, à échelle mondiale les HSH représentent 23% des personnes séropositives et sont 25 fois plus susceptibles de contracter le VIH que les individus en population générale. La PrEP a démontré être un outil extrêmement utile pour prévenir les nouvelles contaminations, cependant elle reste encore trop peu prescrite. De même, le recours au dépistage reste très en deçà des besoins. Les personnes trans ont quant à elles jusqu’à 40 fois plus de chances de contracter le VIH que la population générale et on estime qu’environ 20% des femmes trans dans le monde seraient séropositives. Ces populations subissent des discriminations et des violences, notamment dans les soins médicaux, ce qui retarde leur traitement et les rend vulnérables.
Afin de lutter contre ces discriminations, Sidaction soutien et met en place des campagnes de prévention et de dépistage ciblant spécifiquement ces publics, et les informent sur les différents moyens de prévention disponibles. Enfin, notre association œuvre pour déconstruire les discours stigmatisants et produire un argumentaire basé sur les preuves.
Personnes détenues
La prévalence du VIH et des hépatites est particulièrement élevée dans le milieu carcéral, étant jusqu’à sept fois plus élevée que dans la population générale : l’insalubrité, les pratiques sexuelles à risque ainsi que l’usage de drogues sont tout autant de facteurs accroissant la vulnérabilité. Du fait de la quasi-inexistence de la prévention dans ces milieux et des nombreuses discriminations et tabous, les pratiques à risque sont monnaie courante. Enfin, les professionnels de santé et pénitenciers ne sont peu, voire pas, formés à ces enjeux et les politiques publiques restent inadaptées.
Pour pallier ces lacunes, Sidaction vise à exporter son expertise sur la prison à l’international et vers les pays africains qu’elle soutient. Cela passe par le renforcement des capacités des associations partenaires, la contribution à la recherche et la construction d’un plaidoyer de promotion de la santé et de lutte contre les discriminations en milieu carcéral.