24 juillet, Melbourne. La session plénière a été consacrée aux pistes de recherche vaccinale, aux nouvelles technologies de prévention et aux hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) et aux personnes transgenres.
L’une des pistes actuellement suivies est la recherche d’un vaccin qui induirait des anticorps largement neutralisants (dits de large spectre, capables de reconnaître de nombreuses souches de VIH). Une grande variété de ces anticorps a été identifiée chez les personnes vivant avec le VIH, dont certains très puissants découverts ces dernières années. Mais ils restent rares. Les chercheurs tentent de comprendre de quelle manière ils évoluent et comment les produire en concentration suffisante pour obtenir une protection. « La recherche tente aussi de savoir si un vaccin pourrait provoquer à la fois une réponse anticorps neutralisants et cellulaire afin d’augmenter les chances de succès », a souligné Antonio Lanzavecchia.
Ken Mayer (Fenway Health and Harvard, Boston) a présenté les dernières avancées dans les technologies préventives, incontournables pour offrir à tous un « panier de prévention ». En fonction des lieux, des conditions et des moments de la vie, chacun doit pouvoir s’appuyer sur plusieurs options de prévention. Concernant les prophylaxies pré-exposition (qui consistent à proposer un traitement préventif à des personnes séronégatives avant un risque pour limiter le risque de contamination), Ken Mayer a déclaré que « pour certaines personnes, une offre préventive, à la demande, sur le long terme, pourrait bien être l’option la plus efficace ».
Puis, il a présenté les différents candidats sur le banc d’essai : microbicides (gels ou films applicables localement), anneaux intravaginaux à diffusion progressive d’antirétroviraux, injection d’antirétroviraux à action de long terme et d’anticorps monoclonaux, comme alternative aux antirétroviraux. De nombreux essais sont en cours. « Les applications sur mobiles sont également un appui pour encourager les gens à évaluer leur risque, à identifier les stratégies de prévention les plus adaptées à leur cas ou encore les aider à améliorer leur adhérence au traitement », a expliqué Ken Mayer. « Mais sans action sur les aspects sociaux, politiques et économiques, ces nouvelles technologies ne donneront aucun résultat ! »
« Les dernières données épidémiologiques montrent que dans de nombreux pays, le nombre des nouvelles infections recule, sauf chez les HSH et les transgenres, où elle augmente », a commencé Beatriz Grinsztejn (Oswaldo Cruz Foundation, Brésil). Chez les transgenres, alors que des réponses sont urgentes, les données disponibles sont souvent partielles. Ces prévalences élevées sont liées à des causes physiologiques et médicales, mais également aux discriminations dont ces populations sont trop souvent l’objet, parfois de manière institutionnalisée. Sans agir sur ces aspects, impossible de prétendre faire reculer l’épidémie au sein de ces populations.
Laurindo Garcia, qui vit avec le VIH, est un militant de la B-Change Foundation (Philippines). Son intervention a offert une vision communautaire de la réponse au VIH parmi les HSH et les transgenres. « Les gens ont peur de parler ouvertement de plaisir, de désir et de santé sexuelle, a-t-il décrit. Eradiquer tout jugement moral sur le sexe et la sexualité est vital pour faire de la prévention. »
Ces deux dernières années ont été marquées par une hausse de la criminalisation, de la violence et des discours haineux à l’encontre des HSH et des transgenres. Et pourtant, les progrès scientifiques sont réels. « Si nous voulons des politiques de santé publiques efficaces, il faut que tous les acteurs, notamment l’Onusida, unissent leurs forces pour lutter contre cette épidémie de haine », a conclu l’orateur.