Le gouvernement envisage de détricoter
un dispositif essentiel de santé publique : l’Aide Médicale d’Etat (AME)
qui garantit actuellement la prévention et l’accès aux soins des
personnes étrangères sans papier ou en situation précaire de séjour. Un
rapport doit être rendu sur ce sujet en octobre, pendant le débat sur
l’immigration. Un temps qui coïncide avec les discussions autour du vote
du budget et qui laisse donc craindre le pire.
Emmanuel Macron s’était engagé lors de
sa campagne à ne pas toucher à l’AME. Nous lui demandons de respecter
cet engagement. Les conséquences d’une limitation de ce dispositif
seraient dramatiques pour les personnes et la santé publique.
Menacer l’AME, c’est menacer les personnes, menacer la santé publique
L’AME est essentielle à plusieurs titres.
En premier lieu, pour la santé des personnes bénéficiaires, dont les
conditions de vie souvent précaires sont responsables d’une plus grande
exposition aux risques de santé.
Restreindre l’AME est un non-sens en
termes de santé publique. Il serait impensable que le gouvernement
poursuive dans cette voie et décide de mettre en danger la santé de
personnes déjà vulnérables sur notre territoire.
Par ailleurs, puisque l’AME favorise le
diagnostic et la prise en charge de maladies transmissibles ou
contagieuse, c’est l’ensemble de la population qu’elle protège.
Enfin, elle représente un intérêt
budgétaire. En effet, en évitant que l’état de santé de ces populations
ne s’aggrave, l’AME limite l’engagement de dépenses de santé majorées
dues aux risques de complications médicales et protège les finances
hospitalières. Elle fait partie intégrante du système de santé
solidaire, que sa disparition menacerait.
Loin des enjeux de santé, un projet motivé par une politique migratoire plus répressive ?
L’AME équivaut à une part très faible des
dépenses de l’Assurance maladie : 0,5%. Un budget particulièrement bien
géré et maîtrisé, comme le montrent différents rapports menés par
l’inspection générale des affaires sociales (IGAS) et l’inspection
générale des finances (IGF).
Si ce budget est en augmentation ces
dernières années, c’est la politique migratoire qui est à blâmer. La
hausse du nombre de bénéficiaires de l’AME est une conséquence directe
de la hausse des difficultés pour obtenir un titre de séjour. La
politique migratoire menée par le gouvernement, loi Asile &
Immigration en tête, est également responsable de la clandestinité à
laquelle sont soumises les personnes sans papiers, les éloignant du soin
et les poussant, d’ores et déjà, à une prise en charge plus tardive (et
donc à des soins plus couteux).
Par ailleurs, contrairement à certaines
idées reçues portées par certaines personnalités de droite et circulant
dans les cercles d’extrême droite, l’Aide Médicale d’État n’est pas un
motif de migration. Nos associations rappellent que la méconnaissance du
système et les contraintes d’accès au dispositif sont telles que dire
qu’il incite à l’immigration est pure démagogie ! L’AME est plutôt le
derniers recours à une situation de santé devenue dangereuse.
Dès lors, force est de constater que
supprimer ou même réduire l’AME, décision à laquelle s’oppose même la
ministre de la santé et des solidarités, n’est pas motivée par une
préoccupation budgétaire. C’est une intention purement politique et
dangereuse pour la santé de tous et toutes. Baser cette décision sur une
spéculation d’« abus » serait faire preuve d’une mauvaise foi
manifeste. Il est plus que temps que cette politique délétère cesse.