Le 1er janvier 2021, l’Agence Nationale de Recherche sur le Sida et les Hépatites virales (ANRS) et le consortium REACTing agissant sur les maladies émergentes seront officiellement fusionnés. Tout en saluant la pertinence de ce projet, AIDES et Sidaction alertent sur le manque de garanties financières permettant de répondre aux ambitions de cette nouvelle agence. L’Élysée, rencontré vendredi 18 décembre, n’a pas apporté de réponses satisfaisantes sur les ressources budgétaires attendues.
L’excellence de
la France dans le domaine de la recherche contre le VIH n’est plus à démontrer
et le déploiement de l’ANRS a largement contribué à cette réussite. Son triple
rôle de financeur, d’animateur et de coordinateur de la recherche en fait un
modèle internationalement reconnu.
La fusion de
cette agence avec le consortium REACTing dédié aux maladies infectieuses
émergentes est en soi un projet pertinent et porteur de grandes ambitions
: « La situation
sanitaire actuelle démontre que l’expertise acquise durant plus de 30 ans dans
la lutte contre le VIH/sida doit être exploitée face à de nouveaux virus qui ne
cessent d’émerger » explique Marc Dixneuf, directeur général
de AIDES.
Pour une réponse
efficace et rapide aux épidémies actuelles et à venir, cette nouvelle agence
requiert 76 millions d’euros de subvention d’Etat dès 2021, soit 36 millions de
plus que l’enveloppe dont bénéficie l’ANRS pour la recherche sur le sida et les
hépatites. Seuls deux millions ont pourtant été attribués à ce jour et
l’Élysée n’a pu nous assurer d’aucun autre engagement financier immédiat. Notre
préoccupation est immense.
Les modalités
prévues pour abonder ces financements ne sont en effet absolument pas adaptées
ni aux enjeux et à l’urgence de la situation, ni au fonctionnement d’une agence
autonome permettant de garantir l’excellence et l’efficacité du modèle de
l’ANRS. « Nous craignons
fortement que ce montage ne conduise inévitablement à ponctionner le budget
initialement dédié à la recherche sur le VIH, alors que cette épidémie est loin
d’être terminée » s’alarme Florence Thune, directrice générale
de Sidaction.
En outre, les
montages proposés ne permettront pas de préserver deux atouts majeurs de
l’ANRS : des projets significatifs et immédiats avec les pays du Sud ainsi
que l’implication de la société civile, spécificité de l’ANRS qui a largement
fait preuve de son efficacité. Nous savons pourtant qu’à chaque épidémie, du
VIH à Ebola, le travail collaboratif entre les citoyens-nes concernés-es et les
associations expertes, les soignants-es, les chercheurs-ses, est nécessaire à
l’élaboration de réponses efficaces.
« Si nous sommes définitivement favorables
à l’innovation que représente cette fusion, nous ne pouvons nous résoudre à une
mise en ½uvre opaque qui ne saurait garantir le maintien de la qualité de
structures qui ont démontré leur efficacité depuis des années. Ce manque
d’ambition risquerait à terme de ne faire que des perdants : la lutte
contre le VIH/sida tout comme la lutte contre les épidémies émergentes
» expliquent AIDES et Sidaction. Les défis à relever en matière de recherche
face aux épidémies actuelles et à venir ne sauraient souffrir d’un manque
d’ambition politique.
Nous demandons
au Président de la République de s’engager au plus tôt sur un investissement à
la hauteur des enjeux auxquels cette nouvelle agence sera confrontée dès le 1er
janvier 2021, et de confirmer dès maintenant une augmentation de 36 millions
d’euros de la subvention d’Etat dédiée.