vih « Monsieur le Président, la France doit être au rendez-vous dans la lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme »

TRIBUNE – Avant la conférence de reconstitution du Fonds mondial de lutte
contre ces trois maladies, les 9 et 10 octobre à Lyon, 200 ONG appellent à
une augmentation de 450 millions d’euros par an de la contribution
française.

Monsieur le Président,

En tant qu’associations
du monde entier engagées dans la lutte contre les pandémies, nous voulons vous
remercier pour l’organisation, à Lyon, les 9 et 10 octobre prochains, de
la Conférence de reconstitution du Fonds mondial de lutte contre le sida, la
tuberculose et le paludisme. Mais si peu de vos concitoyens et concitoyennes,
de vos collègues politiques mêmes, savent ce que signifie ce fonds. Pour nous,
il fait toute la différence. Nous vous remercions pour votre engagement
personnel et vous appelons à faire de cette conférence un succès.

Le 24 septembre,
vous l’avez rappelé haut et fort à la tribune des Nations unies, « les résultats sont là » :
32 millions de vies sauvées grâce au Fonds mondial de lutte contre le
sida, la tuberculose et le paludisme. A sa création en 2001, personne ne
pensait que ce fonds aurait un tel impact ! Qu’il aboutirait à ce que plus
de 60 % des personnes vivant avec le VIH dans le monde bénéficient
désormais d’une trithérapie, et que 5 millions de personnes atteintes de
tuberculose soient mises sous traitement. Que, dans de nombreux pays, il
stopperait la transmission du VIH des mères à leurs enfants au moment de
l’accouchement et permettrait à 6 millions de femmes enceintes d’être
traitées préventivement contre le paludisme. Qu’il créerait des programmes
permettant aux centres de santé pour des populations souvent stigmatisées et
criminalisées, comme les travailleuses du sexe ou les prisonniers et
prisonnières, d’avoir accès aux outils de diagnostic et traitement du VIH et de
la tuberculose.

 

Cela, c’est en grande
partie à la France que nous le devons. La France, fer de lance de la réponse
scientifique sur les pandémies, comme en témoignent les prix Nobel reçus
en 1907 pour les découvertes sur le paludisme et en 2008 sur le VIH,
la découverte du vaccin contre la tuberculose en 1921, et plus récemment
le développement du traitement préventif à la demande (la PrEP) pour le VIH. La
France, aussi à l’origine de la création d’outils multilatéraux comme le Fonds
de solidarité thérapeutique international, ou encore Unitaid pour l’achat
groupé de médicaments. La France, qui a su également entraîner d’autres pays
dans l’aventure du Fonds mondial, comme elle l’a fait également avec la taxe de
solidarité sur les billets d’avion – et qui sait, demain, une taxe
internationale sur les transactions financières.

Pour l’ONU, la fin du sida et du
paludisme est possible à l’horizon 2030, et la fin de la tuberculose peut
suivre

C’est votre
héritage, mais la lutte contre les pandémies a encore besoin de vous. Pour l’ONU,
la fin du sida et du paludisme est possible à l’horizon 2030, et la fin de la
tuberculose peut suivre. Pour la première fois dans l’histoire, nous pouvons le
dire ! Pourtant, l’ONU alertait aussi en juillet sur la baisse de l’aide
internationale contre les pandémies et le risque de leur résurgence si la
communauté internationale ne se mobilise pas à la hauteur des enjeux. Le Fonds
mondial doit refléter le réel engagement de tous les pays contributeurs à
mettre fin aux trois pandémies. 14 milliards de dollars pour les trois
prochaines années, voici l’objectif fixé. Cela semble beaucoup, mais c’est
pourtant le strict minimum. Grâce à votre engagement au plus haut niveau, le
Royaume-Uni, le Canada, le Japon, l’Italie, la Commission européenne et
l’Allemagne ont déjà annoncé des augmentations significatives de leur
contribution au Fonds pour les trois prochaines années.

 

L’objectif est donc
atteignable, à une condition : que la France soit au rendez-vous. Par sa
capacité à entraîner encore davantage de pays et de nouveaux donateurs, mais
aussi par l’exemple qu’elle peut elle-même donner, en augmentant également sa
contribution d’au moins 25 %, soit 450 millions d’euros par an.
L’équivalent du transfert de deux stars du football français, ou du budget
prévu pour compenser l’arrêt de la publicité après 20 heures sur France
Télévisions. Ne comparons pas l’incomparable, mais rappelons-nous que le coût
de l’élimination des pandémies est largement à la portée des Etats.

Pas de développement durable sans
santé

Il n’y a pas
de développement durable sans santé. Une planète sans pandémies d’ici à 2030
est d’ailleurs l’un des objectifs de développement durable adoptés par les
Etats du monde entier. Nous connaissons les coûts, humains, sociaux,
économiques que ces pandémies engendrent, alors que leur élimination est
possible pour seulement 0,01 % du PIB du G20.

 

Pour cela, le monde a
besoin de leadership. La France a joué ce rôle dans le passé. Monsieur le
Président de la République, le rôle que vous allez jouer en accueillant cette
conférence de reconstitution est historique. Vous avez pris la mesure de
l’urgence climatique en doublant votre contribution au Fonds vert, vous avez
augmenté l’aide publique française au développement, nous vous demandons de
répondre à l’urgence sanitaire en assurant aujourd’hui le succès financier de
votre conférence. Léguer aux générations futures un monde sans sida, sans
tuberculose et sans paludisme est possible, et vous pouvez en être l’artisan.
Nous vous attendons avec impatience et confiance les 9 et 10 octobre à
Lyon.

 

 

Signataires : AIDES, Action Santé
mondiale, Amis du Fonds mondial Europe, Coalition PLUS, CRIPS Ile-de-France,
Elus locaux contre le sida, Fédération LGBTI+, Handicap International,
Inter-LGBT, Médecins du monde, ONE, Santé Sud, Sidaction, Solthis, et plus de
190 autres associations et organisations non gouvernementales du monde entier.

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