vih Sida : Femmes oubliées, Femmes assassinées

Une femme séropositive c’est une travailleuse du sexe, une femme handicapée, une femme trans, une femme étrangère malade, une femme demandeuse d’asile, une femme racisée, une femme immigrée, une femme hétérosexuelle, une femme lesbienne, une femme bisexuelle, pansexuelle, une femme incarcérée, une femme pauvre, une femme riche, une femme qui vit avec, une femme qui vieillit avec, une femme usagère de drogues, une personne intersexe, une personne non binaire, une femme atteinte d’hépatite, une femme hémophile, une mère, une enfant.

Une femme séropositive, c’est aussi une femme qui travaille, une femme qui ne travaille pas, c’est une étudiante.C’est aussi une patiente, une femme qui lutte pour ses droits les plus fondamentaux, (se loger, se nourrir, se soigner) c’est une femme usagère du système de santé, des services publics. C’est une femme qui se bat contre le virus, pour obtenir de meilleures conditions de vie et donc améliorer sa qualité de vie, une femme qui fait face à la sérophobie, au sexisme, au racisme, à la putophobie, à la transphobie à tout un ensemble de discriminations d’où qu’elles viennent, l’état, la société, l’institution, l’hôpital, le travail, les milieux militants, l’entourage, une femme qui fait face aux violences conjugales, étatiques, institutionnelles… Une femme séropositive c’est aussi une femme isolée, une femme qui baise ou pas ou qui ne baise plus, une femme qui aime et veut être aimée et c’est aussi une femme qui veut vivre et mourir dans la dignité.

Le visage des femmes séropositives est protéiforme et on estime en 2021 que 54% des personnes vivant avec le VIH dans le monde sont des femmes. En Afrique subsaharienne, les femmes et les filles représentent 63% des nouvelles infections au VIH. Et il est important de ne pas oublier qu’en raison de prise en charge inadaptée et insuffisante, le sida reste une des principales causes de mortalité pour les femmes entre 16 et 49 ans dans le monde.

Les femmes séropositives subissent un fort rejet social et leurs besoins spécifiques ne sont pas suffisamment pris en considération en plus des inégalités socioéconomiques auxquelles elles font face. Les travailleuses du sexe subissent des violences sexistes et sexuelles, policières, conséquences des lois répressives et liberticides comme la loi du 13 avril 2016 qui pénalise les clients-es et criminalise les travailleurs-ses du sexe. Les populations dites clés chez les femmes sont très exposées au risque de transmission VIH, il est estimé 35 fois plus élevé chez les TDS,13 fois plus chez les femmes trans, 4 fois plus chez les femmes migrantes et 2 fois plus chez les usagères de drogues par rapport à la population générale. Les travailleuses du sexe ont payé un lourd tribut de leurs vies, les assassinats de TDS ont été nombreux ces dernières années en raison de cette loi qui les met en danger.

Aussi, cela fait des années que le ministère de l’Intérieur s’immisce dans les politiques sociales et de santé publiques. Il y a eu pas moins de 28 lois sur l’asile et l’immigration depuis 1980, la dernière date de 2018 et les droits des étrangers ont été restreints. La loi du 7 mars 2016 sur les demandes de titre de séjour pour soins qui relevaient depuis 1998 du ministère de la Santé se retrouvent sous la tutelle du ministère de l’intérieur et dès le 1er janvier 2017, le collège de médecins de l’OFII remplace celui des ARS engendrant une diminution des délivrances de titres de séjour pour soins.

Le regard porté par le gouvernement, une partie de la société sur les personnes migrantes est de plus en plus dénué d’humanité. C’est la suspicion à outrance, les personnes étrangères sont perçues comme pouvant représenter un danger pour l’ordre public, la sécurité de l’état, des personnes susceptibles de frauder, de venir se faire soigner gratis en France, de mentir pour se soustraire à une Obligation de Quitter le Territoire Français.

Notre état en plus d’expulser et de priver de droits enferme, la population carcérale atteint plus de 72000  personnes. Comment ne pas dénoncer les conditions de détention en CRA où sont retenues de nombreuses femmes et des enfants de plus en plus nombreux. La France est sans cesse condamnée par la CEDH pour ses prisons et ses conditions d’incarcération indignes et irrespectueuses des droits humains. Les femmes trans sont placées systématiquement en détention avec les hommes ce qui porte atteinte à leur dignité et à leur intégrité physique. L’administration pénitentiaire les met sciemment en danger et il n’est pas rare qu’elles subissent des violences physiques, sexuelles et beaucoup d’entre elles doivent être placées à l’isolement pour leur sécurité.

Ces lois répressives, privatives de droits que nous subissons depuis 15 ans criminalisent les personnes sans papiers et les personnes pauvres par la précarisation du droit au séjour, toujours plus d’injustice sociale, d’inégalités de santé et elles s’inscrivent dans une politique d’austérité qui vise à toujours plus de réductions de dépenses publiques. nous n’avons jamais autant perdu de droits que ces 10 dernières années. L’état est censé prendre soin des personnes les plus vulnérables, respecter leurs droits mais en réalité il se protège d’eux-elles, les pauvres, les étrangers-ères, les bénéficiaires des aides sociales. Depuis le début d’année, le nombre d’enfants à la rue a presque doublé et le nombre de femmes sans abri est toujours croissant.

Depuis le début de l’épidémie de sida, les femmes ont toujours dû se battre pour être davantage incluses dans les essais, elles se battent aujourd’hui encore pour pouvoir davantage accéder à la Prep et plus récemment pour être éligibles à la vaccination contre le monkeypox.

Être une femme séropositive, ce n’est pas toujours vivre comme tout le monde, il est important de ne pas  banaliser le vivre avec car la peur de transmettre est encore présente, et c’est aussi vieillir avec et cela  nécessite une prise en charge au long cours. Et après 40ans d’épidémie du sida, il est temps que la recherche se penche davantage sur la thématique du vieillissement, sur les effets à long terme des traitements.

La lutte contre le sida n’est pas que médicale, elle est sociale, elle est politique et elle doit lutter contre la
sérophobie et toutes les formes de discriminations d’où qu’elles viennent. La lutte contre le sida s’est fondée avec et pour les personnes séropositives dont les femmes trop souvent invisibilisées. Et nous n’oublions pas nos morts-es ni la dimension communautaire de la lutte contre le sida car sans les séropos, le sida ne sera pas éradiqué.

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