Pour télécharger les résultats du sondage : cliquez ici (Paris, le 21 mars 2021), A quelques jours du week-end du Sidaction 2021 (26, 27 et 28 mars prochains), notre association publie les résultats d’un sondage réalisé par l’Ifop auprès des jeunes âgés de 15 à 24 ans1. Isolés par la crise sanitaire et victimes du déficit d’informations sur le VIH/sida, la baisse du sentiment d’information chez les jeunes s’accélère. Connaissances générales, sur les moyens de prévention ou la santé sexuelle : tous les indicateurs sont en alerte. Sidaction s’inquiète de ces résultats dans un contexte d’invisibilisation du VIH par la Covid-19 et appelle à intensifier la sensibilisation sur le VIH.sida.
En 2021, 67% des jeunes s’estiment bien informés soit une baisse de 7 points en une année. « L’érosion déjà constatée l’an passé se poursuit, nous atteignons le score le plus bas depuis notre premier sondage en 2009. » observe Florence Thune, directrice générale de Sidaction. A titre d’exemple, seuls 51% des sondés s’estiment bien informés sur les lieux où aller se faire dépister, diminution de 20 points par rapport à 2014.
Les idées reçues et les fausses informations liées au virus du sida augmentent de manière inquiétante. 24% des 15-24 ans pensent que le virus du sida peut se transmettre en embrassant une personne séropositive, soit une augmentation de 9 points en 2020. 23% d’entre eux (contre 15% en 2020) estiment que le VIH se transmet en s’asseyant sur un siège de toilettes publiques et 18% pensent que le VIH se transmet en buvant dans le verre d’une personne séropositive.
Ces chiffres s’expliquent entre autres par l’omniprésence de la COVID-19 dans la société. « Peu de sujets émergent et sont traités en dehors de la COVID-19, qui impose sa cadence et prend toute la place médiatique. La question du VIH/sida, déjà peu visible avant la crise sanitaire, est encore plus absente des radars médiatiques » explique Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l’IFOP.
Ce contexte accroît la minimisation et l’invisibilisation du virus du sida chez les sondés. Leurs représentations viennent confirmer la détérioration du sentiment d’information. 63% des sondés expriment une peur du VIH/sida en 2021 contre 72% il y a un an. « C’est le score le plus bas depuis le début du baromètre, on constate une chute de 16 points en 2 ans. » poursuit F. Dabi.
Les jeunes de 15 à 24 ans continuent aussi de développer le « syndrome du super héros ». Ils se sentent invincibles face au virus du sida. 41% des sondés estiment qu’il y a de moins en moins de contamination chez les 15-24 ans, or cette tranche représente 13% des nouvelles découvertes de séropositivité en 20192, un chiffre qui stagne depuis plusieurs années.
« Nous craignons que cette absence de la question du VIH sur les différents canaux d’informations puisse avoir des conséquences sur les pratiques préventives des jeunes. Parmi les personnes ayant déclaré ne pas avoir eu recours au préservatif dans la cadre d’une relation sexuelle, seuls 35% l’expliquent par la réalisation préalable d’un test de dépistage du VIH par les deux partenaires, soit une baisse de 14 points par rapport à 2020. » explique Florence Thune.
A l’heure où la Covid-19 monopolise tous les sujets santé et met dans l’ombre les autres pathologies, il est urgent de se saisir du sujet VIH/sida pour éviter une reprise de l’épidémie. « La lutte contre l’épidémie de coronavirus ne peut pas en éclipser une autre. Il est urgent de reprendre les actions de prévention et de sensibilisation au VIH/sida et à la santé sexuelle auprès des 15-24 ans, et éviter ainsi une aggravation de l’épidémie de VIH parmi les jeunes » conclut Florence Thune.
1 Sondage Ifop pour Sidaction réalisé par questionnaire auto-administré en ligne du 11 au 17 février 2021 auprès de 1002 personnes, représentatifs de la population française âgée de 15 à 24 ans
2 Données publiées en octobre 2019 et décembre 2020 par Santé publique France.
Les chiffres à retenir
- 33% des jeunes interrogés estiment être mal informés sur le VIH/sida, soit une augmentation alarmante de 22 points par rapport à 2009.
- 25 % considèrent qu’il existe des médicaments pour guérir du sida
- 32 % des jeunes pensent que le VIH peut être transmis en ayant des rapports sexuels protégés avec une personne séropositive.
- 20% estiment encore que la pilule contraceptive d’urgence peut empêcher la transmission de virus
- 24% des 15-24 ans pensent que le virus du sida peut se transmettre en embrassant une personne séropositive, soit une augmentation de 9 points en 2020.
- 23% d’entre eux (contre 15% en 2020) estiment que le VIH se transmet en s’asseyant sur un siège de toilettes publiques et 18% pensent que le VIH se transmet en buvant dans le verre d’une personne séropositive.
- Seules 34% des personnes interrogées déclarent avoir utilisé systématiquement un préservatif lors d’un rapport sexuel (-9 points par rapport à 2020)
- 62 % des sondés estiment que les traitements utilisés par les personnes séropositives sont efficaces pour empêcher la transmission. C’est 10 points de plus en un an.
- 12% des jeunes de moins de 25 ans admettent avoir été exposés au moins une fois à un risque d’être contaminés par le VIH/sida (contre 8% en 2019)
- Pourtant, 30% considèrent avoir moins de risques que les autres d’être contaminés, soit un chiffre en hausse de 8 points par rapport à 2009.
- 23% n’ont jamais bénéficié d’un enseignement ou d’un moment d’information spécifique sur le VIH au cours de leur scolarité, en constant augmentation depuis plus de 10 ans (+ 10 points en 5 ans).
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