Sexualités transmasculines et VIH. Perceptions, pratiques et accès aux soins de santé des hommes trans face au VIH.
Résumé du projet
Longtemps impensée, sexualité des personnes trans a surtout été appréhendée à travers celle des femmes trans, une population disproportionnément touchée par le VIH. Les hommes trans sont restés à la marge des recherches du fait d’une conception hétérosexualiste de leur sexualité qui a conduit, jusqu’ici, à les considérer comme étant à faible risque d’exposition. Pourtant, la spécificité et la diversité de leurs implications sexuelles, décrites dans une très rare et très récente littérature anglosaxonne, suggère qu’il pourrait s’agir d’un biais de représentation. Du fait de leur assignation à la naissance, les hommes trans ont reçu une socialisation féminine au désir et à la sexualité, mais leur identité masculine assumée les renvoie aux attentes et aux normes masculines en la matière. En outre, leur configuration corporelle, qu’elle ait été ou non modifiée hormonalement et/ou chirurgicalement, complexifie leurs engagements sexuels. Ce faisant, ils s’inscrivent au confluent des catégories habituelles en matière d’infection/prévention. En France, la sexualité des hommes trans n’a jamais fait l’objet de recherches permettant d’en comprendre les particularités.
La connaissance des pratiques sexuelles étant essentielle à la compréhension des risques encourus face au VIH, il est nécessaire de les appréhender à une échelle plus large pour comprendre les dynamiques individuelles et sociales amenant à les adopter. Par une enquête ethnographique menée sur une variété de lieux physiques et virtuels, cette thèse prend la sexualité des hommes trans pour objet dans la diversité de ses expressions pour en comprendre les implications au regard du risque de transmission du VIH. Elle s’attache à évaluer les interactions complexes entre différents facteurs en jeu dans la sexualité des hommes trans. Les perceptions des risques et l’état des connaissances liés au VIH y sont examinés au regard des pratiques sexuelles effectives. Largement méconnues, ces pratiques sont documentées et analysées dans leurs multiples déclinaisons, conjugales ou non, en différents lieux et temporalités. Les représentations et identifications liées au corps permettent quant à elles de questionner comment les rapports aux normes de genre et à la génitalité sont formulés, nommés, dé/voilés et vécus. Puis, la méconnaissance de la sexualité des hommes trans se répercutant dans la prise en charge médicale, la question de la santé est abordée via l’accès et le recours aux soins de santé.