A l’occasion de la 4ème Journée Scientifique Sidaction, qui s’est déroulée le vendredi 9 février à la mairie du 10ème arrondissement, nous avons voulu savoir ce que cette journée et plus largement l’engagement de Sidaction auprès de la recherche représentaient pour les chercheurs présents.Le Docteur Christine Bourgeois (UMR1184, centre IMVA, Le Kremlin-Bicêtre), qui a présenté ses travaux lors de cette journée, a accepté de se prêter au jeu de l’interview.
La Journée Scientifique, qui permet aux chercheurs financés par Sidaction de présenter l’avancement de leurs travaux, en est à sa 4ème édition. Que représente cette journée pour vous ? Qu’en retenez-vous ?
Christine Bourgeois : Cette journée scientifique, qui était une première pour moi, représente l’énergie et l’activité collective autour de la lutte contre le VIH. La grande force de cette journée est d’être ouverte aux différentes disciplines liées au VIH (fondamentale, clinique et sociale). C’est l’occasion d’écouter des spécialistes de différentes thématiques liés à l’infection par le VIH présenter leurs avancées. C’est une source d’information sur des aspects pour lesquels nous ne sommes forcément pas très au fait : notamment les sciences sociales pour moi. J’ai trouvé ces interventions extrêmement intéressantes. Il m’arrive d’avoir ce type d’échange en travaillant sur des cohortes et je trouve cela assez important de mêler les thématiques.
Le mélange de présentations de chercheurs confirmés et de jeunes chercheurs est aussi très important. Les jeunes chercheurs ont l’opportunité de défendre leur projet mais également de s’enrichir des différents sujets traités qui ne relèvent pas forcément de leur thématique de recherche. Habituellement c’était mon étudiant en thèse qui participait à ces journées. À titre personnel, il en était revenu très content d’avoir eu la possibilité de présenter et défendre son projet mais aussi de ce qu’il avait appris sur les différentes thématiques liées à la recherche sur le VIH. Cette journée a pour particularité de proposer un temps d’échange entre jeunes chercheurs et chercheurs plus au fait des thématiques du VIH.
Cette journée, comme la recherche dans le domaine du VIH repose sur cette multidisciplinarité. Une seule spécialité ne suffit pas, il faut chercher la complémentarité et la multiplicité des approches pour comprendre tous les aspects de l’infection.
Pour finir, quels conseils donneriez-vous à un chercheur qui s’engage dans la lutte contre le HIV ?
CB : Pour ma part, j’étais plutôt un chercheur fondamental qui n’était pas associée à une thématique clinique telle que l’infection par le VIH. Mon retour d’expérience a été d’apprendre à interagir et à chercher la multidisciplinarité. C’est ce que cherche à faire Sidaction via ses rencontres ou les projets qu’elle soutient. A titre personnel, la grande différence par rapport aux recherches que j’ai pu mener avant (sur des domaines plus restreint) est la vraie richesse de l’interaction. Cela a changé les choses pour moi. Je ne fais pas la même recherche maintenant que je travaille sur le VIH que ce que je faisais avant. En pratique, pour bien aborder une question j’ai besoin d’avoir des échanges avec des experts en virologie, en métabolisme et immunologie et les médecins. Les questions que je gérais avant étaient 100% immunologiques, avec un aspect beaucoup plus fondamentale, mais du coup avec une moins forte possibilité d’application en clinique. En travaillant sur le VIH, les échanges sont plus nombreux et quasiment évidents. Maintenant, j’aurais du mal à concevoir un projet sans l’intervention d’experts de différents domaines.
Selon vous, que représente Sidaction et son engagement auprès des chercheurs?
CB : Sidaction représente un soutien financier dont on a besoin. L’exemple en est que notre étudiant en thèse qui a travaillé sur le projet « tissus adipeux »,qui était relativement novateur, a été financé par Sidaction. Le projet a été mené à bien grâce à ce soutien. Je pense que c’est aussi une source d’information pour ceux qui cherche à en savoir plus sur les avancées des chercheurs dans ce domaine. C’est un accès pour le grand public à ce qu’est la recherche. Parler de ses projets en terme simplifié peut parfois s’avérer un peu difficile pour les chercheurs, et je pense que Sidaction propose des discours plus simples et efficaces. L’association a cet atout de faire le lien entre nous et le grand public. Elle a cette vocation d’information qui est importante.