vih 5 grands essais pour démontrer l’efficacité du TasP dans la vraie vie

22.07.16
Kheira Bettayeb
8 min

Ce 22 juillet, lors de la 21e conférence internationale sur le sida, ont été présentés les résultats de l’essai ANRS 12249 TasP qui a évalué l’efficacité d’une nouvelle stratégie visant à réduire la transmission du VIH : le TasP. Pas moins de quatre autres études, encore en cours elles, testent cette méthode au sein de différentes populations fortement touchées par le VIH. Détails.

Le traitement comme prévention, ou TasP (pour Treatment-as-Prevention), est l’un des plus grands espoirs pour éradiquer l’épidémie de sida dans le monde d’ici 2020. Il consiste à traiter avec des antirétroviraux (ARV) toutes les personnes diagnostiquées positives pour le VIH, quel que soit leur état clinique, pour non seulement les soigner, mais aussi diminuer le risque de transmission virale lors d’un rapport sexuel non protégé. En effet, les ARV réduisent la concentration de virus dans les sécrétions génitales. En 2011, l’essai HPTN 052 a montré que le traitement immédiat réduisait la transmission du VIH de… 96% !

Problème : « Cet essai a été mené chez une population présélectionnée (des couples hétérosexuels stables), et non sur une population générale (couples hétérosexuels stables, mais aussi couples non hétérosexuels et non stables, usagers de drogues, etc.). De plus, il ne tenait pas compte de plusieurs paramètres inhérents à la vraie vie, susceptibles de réduire l’efficacité du TasP, comme le fait que toutes les personnes infectées ne sont pas forcément diagnostiquées ou n’ont pas accès aux ARV. Or considérer ces critères et évaluer l’impact du TasP au niveau de populations générales, est indispensable pour s’assurer de son efficacité sur le terrain », explique le Pr François Dabis (ISPED, INSERM U1219, Université de Bordeaux).

Voilà pourquoi lui et ses collègues ont lancé l’essai présenté ce 22 juillet à Durban – lequel a en fait testé une stratégie plus globale, comprenant le TasP : « le dépistage et le traitement précoce universels » ou UTT (pour « Universal Test and Treat »). Malheureusement, les résultats dévoilés a Durban ne montrent pas l’impact espéré sur l’incidence du VIH. Quatre autres grandes études menées également en Afrique sub-saharienne (une région très affectée par le VIH) et visant un objectif principal similaire, devraient elles aussi bientôt livrer leurs conclusions. Mis en commun, les résultats de ces différents travaux devraient contribuer à déterminer comment et dans quelles proportions le TasP peut aider à enfin éradiquer le sida.

Essai ANRS 12249 TasP

Situation: Achevé.

Durée : 4 ans (2012-2016).

Investigateurs : Equipe franco-sud-africaine menée par François Dabis (ISPED, INSERM U1219, Université de Bordeaux France) et Deenan Pillay (Africa Centre for Population Health, Afrique du Sud).

Pays d’étude: Afrique du Sud.

Participants : 28 000 hommes et femmes âgés de plus de 15 ans, vivant dans le sous-district rural Hlabisa, dans la province KwaZulu-Natal.

Objectif principal : Evaluer l’efficacité du TasP, et plus globalement du « dépistage et traitement précoce universels » (UTT), à réduire le nombre de nouvelles infections par le VIH, dans la population générale.

Objectifs secondaires : Etudier la faisabilité et la possibilité de la généralisation du TasP dans cette région ; et mesurer de nombreux paramètres socio-comportementaux, économiques et cliniques, susceptibles d’influer sur le résultat final de l’essai (coût d’une généralisation du TasP, comportements sexuels des personnes,…).

Méthode : Une partie du sous-district a été découpée en 22 zones géographiques différentes, abritant chacune 1300 personnes en moyenne. Dans la moitié de ces communautés – tirées au sort – les personnes diagnostiquées positives pour le VIH ont bénéficié d’un traitement antirétroviral (ARV) sans restriction clinique, et donc du TasP. Dans l’autre moitié, la mise sous traitement ARV s’est faite selon les recommandations nationales (pas de TasP donc).

Résultats : La phase pilote a mis en évidence une bonne acceptabilité et une bonne faisabilité du TasP dans la région étudiée. Les derniers résultats dévoilés à Durban confirment ces premiers résultats, et montrent que le traitement immédiat suite à la découverte d’une séropositivité, permet de contrôler l’infection. Cependant, il s’est avéré que l’entrée dans le système de soins des personnes diagnostiquées séropositives n’est pas assez fréquente et rapide pour permettre une réduction de la transmission du VIH au niveau de la population.

En savoir plus : http://trialsjournal.biomedcentral.com/articles/10.1186/1745-6215-14-230

Essai SEARCH

(« Sustainable East Africa Research in Community Health » : recherche durable, en Afrique de l’Est, en santé communautaire)

Situation : En cours.

Durée : 5 ans : 2013-2016 (Phase I), puis 2016-2018 (Phase II).

Investigateurs : Equipe de chercheurs ougandais, kenyans et américains, dirigés par Moses Kamya (Makerere University, Ouganda), Maya Petersen et Diane Havlir (University of California, Etats-Unis).

Pays d’étude : Kenya et Ouganda

Participants : 320 000 adultes (15 ans et plus) vivant dans des communautés rurales d’Ouganda et du Kenya.

Objectifs principaux : Phase I : quantifier l’impact du diagnostic du VIH associé au traitement précoce universel (TasP), et à l’optimisation de la prise en charge du VIH dans le système de soins, sur l’incidence du VIH pendant 3 ans, dans les communautés étudiées. Phase II : Evaluer l’impact de stratégies de prévention ciblées, incluant la prophylaxie préexposition (PreP) et le dépistage du VIH, associées au TasP et à l’optimisation de la prise en charge du VIH dans le système de soins, sur l’incidence du VIH pendant 3 ans, dans les mêmes populations.

Méthode : Similaire à celle de l’essai ANRS. Mais sur 32 communautés rurales d’Ouganda et du Kenya, d’environ 10 000 habitants chacune.

Résultats : Les premiers sont attendus pour juin 2017.

En savoir plus : http://clinicaltrials.gov/show/NCT01864603

Essai PopART

(« Population Effects of Antiretroviral Therapy » : Effets populationnels des traitements ARV, également appelé HPTN 071)

Situation: En cours.

Durée: 3 ans (2013-2017)

Investigateurs : Chercheurs américains, britanniques, sud-africains et zambiens, encadrés par Richard Hayes (London School of Hygiene & Tropical Medicine, Angleterre) et Sarah Fidler (Imperial College London, Angleterre).

Pays d’étude : Afrique du Sud et Zambie.

Participants : Un million de personnes de plus de 18 ans, vivant dans la province du Western Cape en Afrique du Sud ou en Zambie.

Objectif principal : Mesurer l’impact de la combinaison du dépistage universel, du TasP, et d’autres services de prévention de l’infection, sur l’incidence du VIH dans la population étudiée.

Méthode : Dans un tiers des 21 communautés sélectionnées (d’environ 50 000 habitants chacune), les personnes diagnostiquées positives pour le VIH bénéficient du TasP, et de services additionnels de prise en charge du VIH. Dans le second tiers : traitement ARV selon les recommandations nationales, et services additionnels de prise en charge du VIH. Dans le dernier tiers : prise en charge du VIH selon les recommandations nationales.

Résultats : Attendus pour février 2017

En savoir plus : http://trialsjournal.biomedcentral.com/articles/10.1186/1745-6215-15-57

Essai BCPP

(« Botswana Combination Prevention Project »)

Situation : En cours.

Durée : 5 ans (2013 -2018).

Investigateurs : Equipe américano-botswanaise menée par Janet Moore et Pamela Bachanas (CDC United States), Refeletswe Lebelonyane et Shenaaz El Halabi (Botswana Ministry of Health), Lisa Mills et Tafireyi Marukutira (CDC Botswana).

Pays d’étude : Botswana.

Participants : 105 000 botswanais âgés de 16 à 64 ans.

Méthode : Dépistage du VIH à domicile organisé dans les 30 communautés étudiées (environ 9 000 habitants chacune). Dans la moitié d’entre elles, les personnes diagnostiquées positives pour le VIH bénéficient du TasP, et d’autres services de prévention du VIH : circoncision masculine, prévention de la transmission du VIH de la mère à l’enfant, etc. Dans la seconde moitié : prise en charge du VIH selon les recommandations nationales.

Objectif principal : Déterminer si le TasP combiné avec des services de prévention du VIH peuvent réduire de façon significative l’incidence du VIH à l’échelle de la population étudiée.

Résultats attendus : Octobre 2018

En savoir plus : https://clinicaltrials.gov/show/NCT01965470

Essai MaxART

(« Immediate access to ART for all » : accès immédiat au traitement ARV pour tous)

Situation : En cours.

Durée : 3 ans (2014 – 2017).

Investigateurs : Chercheurs swazilandais, néerlandais et américains, dirigés par Velephi Okello (ministère de la Santé du Swaziland).

Pays d’étude : Swaziland

Participants : 120 000 adultes de plus de 18 ans, vivant dans la région Hhohho du Swaziland.

Objectif principal : Evaluer si une initiation précoce du traitement ARV pour les personnes diagnostiquées positives au VIH peut améliorer le maintien dans les soins et la suppression virale à l’échelle d’une population.

Méthode : Dans la zone d’étude, 14 communautés regroupant environ 8 000 habitants chacune, ont été sélectionnées. Au cours de l’essai, les unes après les autres, les cliniques gouvernementales situées dans les communautés offrent aux personnes diagnostiquées positives pour le VIH un traitement ARV, sans restriction.

Résultats attendus : Août 2017

En savoir plus : https://cdn2.sph.harvard.edu/wp-content/uploads/sites/47/2015/05/Okello.pdf

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