vih La protection sexuelle négligée par les adolescents

25.11.24
Sonia Belli
5 min
Visuel La protection sexuelle négligée par les adolescents

Un récent rapport de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) révèle l’inquiétante méconnaissance des adolescents en matière de protection sexuelle et ne fait que souligner la nécessité d’une éducation à la sexualité pour des comportements responsables.

CC BY-NC 2.0 – Kerry J

Un rapport du bureau régional de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour l’Europe, publié le 29 août dernier [i], met en lumière des tendances préoccupantes en matière de comportements sexuels parmi les jeunes Européens sexuellement actifs. Basé sur le volume 5 de l’enquête Health Behaviour in School-aged Children (HBSC) (voir encadré), ce rapport révèle une baisse significative de l’usage des préservatifs et un niveau élevé de rapports sexuels non protégés chez les adolescents en Europe.

Une proportion importante d’adolescents français de 15 ans sexuellement actifs ne se protège pas : lors de leur dernier rapport sexuel, 23 % des garçons et 27 % des filles n’ont pas utilisé de préservatif. L’enquête relève également que 7 % des garçons et 3 % des filles ignoraient si leur partenaire ou eux-mêmes avaient utilisé une protection, signe d’un manque flagrant de connaissances et de communication sur le sujet.

Le recours à la pilule contraceptive reste également limité. Ainsi, 49 % des garçons et 57 % des filles ont déclaré ne pas avoir eu recours à la pilule lors de leur dernier rapport sexuel, et 15 % des garçons et 1 % des filles ne savaient pas si elle avait été utilisée. Autre signe inquiétant, 25 % des garçons et 15 % des filles n’ont utilisé ni préservatif ni pilule.

Une tendance globale préoccupante

Ce phénomène n’est pas propre à la France. À travers l’Europe, l’usage des préservatifs est en baisse constante depuis 2014. En moyenne, le pourcentage de jeunes Européens ayant utilisé un préservatif lors de leur dernier rapport sexuel a reculé de 9 points entre 2014 et 2022, passant de 70 % à 61 % chez les garçons et de 63 % à 57 % chez les filles. Ces chiffres confirment une tendance générale à la diminution de la protection lors des rapports sexuels, qui expose les jeunes à un risque accru d’infections sexuellement transmissibles (IST) et de grossesses non désirées.

Les différences entre pays sont notables : en Arménie, par exemple, seulement 24 % des filles ont utilisé un préservatif lors de leur dernier rapport sexuel, contre plus de 80 % en Serbie et en Moldavie. Ces variations géographiques reflètent un accès inégal à l’information et aux moyens de protection selon les régions, ce qui souligne la nécessité d’une éducation sexuelle et d’une sensibilisation renforcée.

Outre les disparités géographiques, le rapport de l’OMS souligne les écarts socio-économiques comme facteur majeur dans l’accès à la contraception. Les adolescents issus de familles modestes sont 33 % à déclarer ne pas avoir utilisé de préservatif ou de pilule lors de leur dernier rapport sexuel, contre 25 % de ceux issus de milieux plus aisés.

Les politiques réactionnaires en cause

Les conclusions du rapport ne surprennent pas le Dr Hans Henri P. Kluge, directeur régional de l’OMS pour l’Europe, qui les juge « consternantes ». Selon lui, elles sont notamment le résultat de politiques réactionnaires qui, dans de nombreux pays, négligent l’éducation sexuelle adaptée à l’âge ou la critiquent lorsqu’elle existe, en raison de l’idée fausse qu’elle encouragerait les comportements sexuels. « Alors qu’en vérité, le fait de doter les jeunes des connaissances dont ils ont besoin au bon moment permet d’optimiser les résultats sanitaires grâce à l’adoption d’un comportement et de choix responsables, explique-t-il. Nous récoltons les fruits amers de ces efforts réactionnaires, et le pire est à venir, à moins que les pouvoirs publics, les autorités sanitaires, le secteur de l’éducation et d’autres acteurs essentiels ne reconnaissent réellement les causes profondes de la situation actuelle et ne prennent des mesures pour y remédier. »

Pour une éducation sexuelle complète et inclusive

Face à cette situation préoccupante, l’OMS souligne l’urgence de mettre en place une éducation sexuelle complète et adaptée pour permettre aux jeunes de faire des choix éclairés et responsables en matière de santé sexuelle. Cette éducation doit aller bien au-delà de l’information sur la contraception ou les IST et inclure les notions de consentement, de relations saines, d’égalité des sexes et les questions LGBTQIA+, afin de fournir aux jeunes un cadre sûr et inclusif.

L’OMS invite également les autorités à garantir l’accès à des services de santé sexuelle confidentiels, non moralisateurs et accessibles, et à promouvoir un dialogue ouvert au sein des familles, des écoles et des communautés pour réduire la stigmatisation. « En fin de compte, ce que nous cherchons à obtenir pour les jeunes, c’est une base solide pour la vie et pour la vie amoureuse », résume le Dr Kluge.

  • L’étude Health Behaviour in School-aged Children (HBSC) utilise un questionnaire international standardisé administré en milieu scolaire à des jeunes âgés de 11, 13 et 15 ans, complété par des questions spécifiques à chaque pays afin d’adapter le contenu. Elle permet de recueillir des données uniformes et comparables entre les pays participants.

    L’édition 2021-2022 de l’enquête, menée de 2014 à 2022 dans 44 pays et régions d’Europe, d’Asie centrale et au Canada, a impliqué plus de 242 000 élèves de 15 ans. Les données collectées incluent des indicateurs sur la santé sexuelle, ventilés par pays, genre, et niveau socio-économique. En France, les données ont été recueillies de février à juin 2022.

    Les résultats de l’étude HSBC sont présentés dans une série de volumes thématiques, dont le volume 5 centré sur la santé sexuelle des adolescents âgés de 15 ans.

Notes et références

[i] A focus on adolescent sexual health in Europe, central Asia and Canada: Health Behaviour in School-aged Children international report from the 2021/2022 survey -https://iris.who.int/handle/10665/378547

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