A chaque édition de l’AFRAVIH, la même question : quelles sont les nouveautés en matière de traitement ? Cette édition n’échappe pas à la règle. Le sujet des traitements, un sujet central lorsqu’on aborde la question du VIH, a donc fait l’objet de plusieurs présentations lors de la seconde journée du congrès.
Une fois n’est pas coutume, c’est sur les déboires de deux molécules, pourtant très prometteuses, que c’est ouvert la première plénière cette AFRAVIH. Alexandra Calmy, responsable de l’Unité VIH/Sida aux Hôpitaux universitaire de Genève, est ainsi revenue sur les échecs successifs de l’islatravir et du lenacapavir.
Molécule « first in class »*, l’islatravir est un inhibiteur nucléosidique de la translocation de la transcriptase inverse (INTTI). Cette molécule présente différents avantages : d’une part, son importante durée d’action, en raison d’une longue demi-vie intracellulaire, même à faible concentration, et d’autre part, son mécanisme d’action visant la translocation, qui laisse peu de chance au développement d’une potentielle résistance.
Destinée à être utilisée, en combinaison avec la doravirine notamment, en traitement thérapeutique et préventif, la molécule n’a manifestement pas tenu ses promesses. Au point que la FDA a fait stopper une partie des essais en cours : en cause, la diminution du nombre de lymphocytes observée chez les personnes recevant la molécule. Un événement particulièrement préoccupant pour les personnes vivant avec le VIH.
Même scénario pour le lenacapavir. Ciblant spécifiquement la capside du VIH, cette molécule – également « first in class » – inhibe plusieurs étapes essentielles à la réplication du virus, une première dans les molécules antirétrovirales. Actif à de très faibles doses (de l’ordre du picomolaire), il présente une activité antivirale, au moins in vitro, contre plusieurs souches virales résistantes à d’autres classes d’ARV.
Séduisante sur le papier, la molécule a pourtant vu ses essais partiellement mis en pause par la FDA. La raison, moins inquiétante que dans le cas de l’islatravir, tient à un problème de contenant : la mauvaise qualité des flacons recevant la formulation injectable de la molécule est mis en cause par le laboratoire Gilead qui développe le lenacapavir.
*« Première de sa classe » désigne une molécule qui cible une étape de la réplication du VIH jamais encore ciblée.