Parler des traitements aujourd’hui, c’est nécessairement se pencher sur les stratégies d’allégement. Ce qu’ont fait le Dr Olivier Nawej, infectiologue aux Hôpitaux universitaires de Genève, et Eboi Ehui, le directeur du programme national de lutte contre le Sida (PNLS) de Côte d’Ivoire lors de la session « Stratégie ARV 1 ».
Lors de la session « Stratégie ARV 1 », le Dr Olivier Nawej, infectiologue aux Hôpitaux universitaires de Genève est revenus sur les différentes stratégies d’allègement désormais proposés aux patients.
Largement déployées au Nord, ces stratégies reposent notamment sur la diminution des molécules prise par les patients – les bithérapies – ou sur la diminution des prises. Pour l’une comme pour l’autre de nombreux essais sont venus confirmer l’intérêt de ces deux stratégies.
L’essai ANRS QUATUOR a ainsi validé, après l’essai ICCARE, la non-infériorité d’une prise d’ARV 4 jours par semaines par rapport à une prise quotidienne. Les essais GEMINI ont, quant à eux, démontré l’efficacité d’une bithérapie, même chez les personnes naïves de tout traitement.
Ces deux stratégies présentent de nombreux avantages pour les patients : une moindre toxicité à long terme et la levée de la contrainte d’une prise quotidienne, appréciable si l’on vit depuis longtemps avec un traitement.
Malgré tout, comme est venu le souligner Eboi Ehui du programme national de lutte contre le Sida (PNLS) en Côte d’Ivoire lors de la même session, l’allègement n’est pas applicable partout, en Afrique en particulier. Un continent qui l’envisage pour le moment « au futur », bien qu’il concentre à lui seul 67 % des personnes vivant avec le VIH.
Pourquoi ? D’une part parce que l’allègement n’est pas encore inscrit dans les recommandations de traitements de l’OMS, recommandations que suivent la plupart des pays africains. D’autre part, parce qu’en pratique, le continent ne dispose pas de toutes les technologies nécessaires pour mettre en place les allégements. Peu de pays ont ainsi accès aux tests génotypiques de résistance en routine.
Pour répondre néanmoins aux besoins des PVVIH en Afrique, en particulier des nombreux jeunes qui vivent avec le VIH et qui seront de facto exposés à la toxicité des ARV pendant de nombreuses années, un essai, l’essai MODERATO, a été lancé en Afrique de l’Ouest et du Centre en 2019. Il vise à évaluer l’efficacité d’une bithérapie par dolutegravir et lamivudine comparée aux trithérapies de référence de OMS.