vih AIDS 2016, une occasion en or pour les oublié.e.s de la lutte contre le sida

23.07.16
Anaïs Giroux
5 min
Visuel AIDS 2016,
une occasion en or pour les oublié.e.s de la lutte contre le sida

Si la Conférence mondiale débute ce lundi 18 juillet, Durban a été « envahi » d’acteurs de la lutte contre le VIH/sida dès ce week-end. Journal de bord.

Présenter la Conférence mondiale de Durban seulement comme un temps d’échange entre les différents acteurs de la lutte contre le VIH serait réducteur. L’évènement constitue une occasion unique pour de nombreux activistes représentant les « laissé.e.s pour compte » du monde entier de s’exprimer. Et de montrer à quel point le combat contre cette épidémie s’inscrit dans un mouvement plus large de défense des droits humains.

A la veille de l’ouverture officielle d’AIDS 2016, l’une des pré-conférences du week-end s’est penchée sur la situation difficile des hommes ayant des rapports homosexuels, qui reflète parfaitement hélas les liens entre discrimination et risque d’infection à VIH. L’homosexualité est en effet encore pénalisée aujourd’hui dans 78 pays, rendant l’accès extrêmement difficile à toute prévention du VIH. Impossible d’avoir un préservatif sur soi quand celui-ci est la plupart du temps considéré par la police comme une « preuve d’homosexualité » et peut vous envoyer en prison… Trois intervenants originaires du Cameroun, du Sénégal et de Côte d’Ivoire ont également détaillé comment les médias de leurs pays respectifs participaient à cette ambiance homophobe. Au Sénégal par exemple, l’anonymat des personnes arrêtées pour meurtre ou trafic de drogue est respecté dans la presse, alors que celui des personnes suspectées d’avoir des rapports avec des personnes du même sexe ne l’est pas : ces dernières sont de face sur les photos illustrant les articles, contrairement aux autres.

Une autre pré-conférence a permis de donner la parole aux personnes trans impliquées dans la lutte contre le VIH/sida, venues des quatre coins du monde. Les différentes prises de parole ont notamment souligné à quel point une éducation sexuelle hétéronormée et cisgenrée favorisait l’exposition aux risques de contamination. Malheureusement, les données prouvant cela de façon factuelle et implacable manquent encore cruellement – bien que certains chercheurs commencent à se lancer sur le sujet, en témoigne le supplément consacré à « une riposte trans-inclusive au VIH » du Journal of the International AIDS Society. Ce n’est en tout cas peut-être pas un hasard si certaines personnes trans activistes se tournent vers une forme de spiritualité pour tenter de mettre des mots sur leur vécu, à l’instar de l’un.e des intervenant.e.s d’origine amérindienne, Thunder Bear, se décrivant comme un être « two-spirits » (« deux-esprits ») et invoquant la roue de la médecine aux significations multiples.      

Capote = prison

Mais c’est sûrement en marge de la Conférence que la voix des défavorisé.e.s retentit le plus fort. Plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées ce lundi dans Durban pour une marche en faveur de « l’accès à un traitement de qualité pour tous » à l’inititive de Treatment Action Campaign (TAC) : les premiers activistes, toujours présents après des années de combat pour que le gouvernement sud-africain autorise les anti-rétroviraux, comme leurs héritiers, qui se mobilisent aujourd’hui contre d’autres injustices. Vêtus de t-shirts au fameux logo « HIV Positive », « certains [avaient] pris la route à 1h du matin pour être là et revendiquer leurs droits », s’est réjouit l’une des organisatrices.

Marche militante

De son côté, la réalisatrice Harriet Hirshorn a profité de la tenue d’AIDS 2016 pour organiser la projection de son documentaire, Nothing Without Us : The Women Who Will End AIDS. De New York au Burundi, ce travail de dix ans raconte plusieurs vies de femmes vivant avec le VIH qui ont contribué chacune à leur façon à lutter contre l’épidémie, telles que les impressionnantes Katrina Haslip, Jeanne Gapiya ou Gina Brown. Un film aussi poignant qu’inspirant. « L’implication formidable des femmes dans le combat à laquelle j’assistais n’était représenté nulle part », explique la documentariste militante à propos de ces motivations pour recueillir ces témoignages. Alors que la communauté VIH/sida est unanime sur la progressive féminisation de l’épidémie, les femmes sont pourtant en effet les grandes absentes de la Conférence mondiale – et du reste -, avec un nombre ridicule de sessions consacrées à la spécificité de la prise en charge les concernant, notamment les plus jeunes d’entre elles.   

Enfin, grâce à la créativité de certains activistes, la voix des disparu.e.s résonne elle aussi. Devant l’entrée du centre de conférence, un cimetière de fortune rappelle les ravages causés par les politiques négationnistes dans le pays. Et parfois, un instant de silence ou un morceau de musique sert à inviter les participants au recueillement dans ce lieu où la formule « Rest In Peace » est devenue « Rest In Power ».

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