vih AIDS 2022 : Le regard d’Anthony Fauci sur l’épidémie VIH

07.10.22
Nora Yahia
5 min

Que serait une conférence internationale sur le VIH sans une présentation du Dr Anthony Fauci ? La plus récente, celle qu’il a donnée lors de la conférence AIDS 2022 à Montréal, sera pourtant certainement la dernière. Brillante comme à son habitude, cette présentation apparaît, en creux, comme une synthèse de sa carrière exceptionnelle.

Le Dr Anthony Fauci a récemment pris congé de son poste de directeur de l’institut national des allergies et maladies infectieuses (NIAID) aux Etats-Unis, qu’il occupait depuis 1984 et où il a servi pas moins de sept présidents américains. Cet éminent spécialiste des maladies infectieuses a énormément contribué à la lutte contre le VIH, et ce, dès le début de l’épidémie. Parmi ses faits d’armes, être l’un des principaux architectes de la création du PEPFAR, le plan d’urgence présidentiel de lutte contre le sida, sous la présidence de Georges Bush en 2003.

AIDS 1989-2022 : back in time

Le Dr Fauci a débuté sa présentation en rappelant qu’il y a 33 ans la conférence AIDS avait aussi eu lieu à Montréal. Les sujets de l’époque tournaient autour des questions d’implémentation des avancées scientifiques, du manque de progrès dans la réduction des risques, de la promesse de nouvelles molécules et leur utilisation combinée. Il a aussi rappelé l’implication importante des activistes, qui pour la première fois étaient présents en grand en nombre à la conférence. AIDS ACTION NOW! et ACT UP NEW YORK y avaient dévoilé le « Manifeste de Montréal », une déclaration internationale des droits et des besoins de la personne atteinte du VIH. Trois décennies plus tard, les activistes sont toujours présents dans ces conférences scientifiques pour faire entendre leurs voix.

Le Dr Fauci est revenu sur la crise Covid qui a impacté la lutte contre le VIH à travers le monde. Selon les données de l’ONU, 2020 a connu une diminution des dépistages et des mises sous traitement. Aux Etats-Unis, une diminution de 17 % du nombre de dépistage a été observée en 2020, probablement causée par l’interruption des services de soins et de test, mais aussi l’hésitation des personnes à accéder aux services de santé pendant la pandémie. Il en est de même pour la tuberculose. Un accès restreint aux diagnostics et aux traitements a conduit à une augmentation des décès liés à la tuberculose chez les personnes vivant avec le VIH en 2020, en comparaison avec 2019. Pour lui, le VIH doit être remis sur le devant de la scène de la santé publique.

Régler les problèmes d’implémentation

Un des axes majeurs pour en finir avec l’épidémie de VIH consiste à adresser les problèmes d’implémentation des stratégies de prévention et thérapeutiques. Les lacunes qui doivent être comblées immédiatement portent sur le dépistage, l’adhérence au traitement, la prise en charge des comorbidités. La sécurité alimentaire et sanitaire ainsi que les questions des droits humains (discrimination, stigmatisation) doivent aussi être pris en compte pour arriver à dépasser ces obstacles. 

Les traitements antirétroviraux sont un bon exemple de problème d’implémentation. La trithérapie est une des avancées médicales les plus efficaces. Elle a permis d’augmenter l’espérance de vie des personnes vivant avec le VIH. Les avancées de la recherche permettent aujourd’hui d’avoir un arsenal thérapeutique composé d’un large panel de molécules. Malheureusement, celles-ci ne sont pas encore accessibles à tous de manière équitable. Sur les 38.4 millions de personnes vivant avec le VIH il y a encore 9.7 millions qui ne sont pas sous traitement. L’adhérence au traitement peut s’avérer aussi problématique. Aux Etats-Unis en 2021, les données en vie réel portant sur 200 000 personnes vivant avec le VIH, montrent que seulement 38.7 % d’entre elles avaient une adhérence optimale à leur traitement (% de jours sous traitement supérieure à 90%). 42.5 % avaient une faible adhérence, avec plus de 20 % des jours sans prise de leur traitement. 

Qu’en est-il pour la PreP ?

Cela fait dix ans maintenant que l’agence américaine de contrôle des médicaments (FDA) a autorisé l’utilisation du Truvada en prophylaxie pré-exposition (PreP). Cet outil de prévention dont l’efficacité n’est plus à prouver est cependant sous-utilisé, selon le Dr Fauci. En 2021, à l’échelle mondiale, il y avait seulement 2.8 millions de personnes sous PreP [i], alors que le besoin global se compte en dizaine de millions. Là aussi, l’observance est un enjeu. Une méta-analyse de 59 études menées aux Etats-Unis a montré que dans les six mois d’initiation, 38 % des utilisateurs avaient une adhérence sous-optimale et 41% avaient arrêté de prendre le traitement. 

Il reste encore de nombreux défis à relever pour mettre fin à l’épidémie VIH, mais le Dr Fauci reste confiant. Avec une meilleure accessibilité et utilisation des outils préventifs et thérapeutiques déjà en notre possession, nous pouvons avancer. Et c’est sans compter sur les nouvelles thérapies qui arrivent sur le marché comme les traitements à longue durée d’action et qui présentent un grand espoir selon Anthony Fauci. La pandémie de Covid a fait ressortir les inégalités socio-économiques (insécurité alimentaire et financière, problème de logement, stigmatisation) déjà existantes. Ces facteurs ne doivent pas être mis de côté si l’on veut que cela fonctionne. C’est en menant une approche globale que l’on pourra toucher au but.

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