vih AIDS 2024 : les acteurs de la lutte contre le VIH mobilisés à Munich

22.07.24
Thibault Boudon, Simon Fretel, Nicolas Gateau, Emilie Henry, Jennifer Pasquier
0 min
Visuel AIDS 2024 : les acteurs de la lutte contre le VIH mobilisés à Munich

La 25ème Conférence internationale sur le sida, AIDS 2024, se tient cette année à Munich, en Allemagne du 22 au 26 juillet 2024. Pas moins de 15000 participants du monde entier – chercheurs, médecins, activistes et institutionnels du Nord et du Sud – sont attendus à la conférence. Nos comptes-rendus.

  • Du 20 au 21 juillet, avant même l’ouverture officielle de la 25ème édition de la conférence AIDS 2024, plusieurs pré-conférences étaient proposées aux participants – encore peu nombreux – qui hantaient déjà les couloirs du centre des congrès de Munich. Une de ces pré-conférences était consacrée aux moyens de préventions biomédicaux, à la prophylaxie pré-exposition (PrEP) en particulier et aux difficultés que pose son implémentation hors essais clinique.

    Pour lever ces difficultés, il apparaît aujourd’hui important, alors que les options s’élargissent, d’offrir un large éventail d’outils de prévention biomédicaux, aux galéniques adaptées aux besoins de chacun. En ce sens, plusieurs études présentées lors de cette pré-conférence sont revenus sur l’intérêt du cabotégravir injectable à longue durée d’action (CAB-LA).

    Alors que le CAB-LA a récemment été déployé dans certains pays d’Afrique, les chercheurs ont ainsi rapporté que de nombreuses personnes le préféraient à la prise d’une pilule quotidienne. Les premiers résultats de l’études en cours Dynamic Choice HIV Prevention (DCP) mené par le consortium SEARCH présentés en mars 2023 à la CROI, ont montré que la couverture par la PrEP a été multipliée par environ cinq lorsque le CAB-LA était proposé comme option.

    Également présentés lors de cette pré-conférence, quelques résultats préliminaires de l’essai LAPIS, présentés par Maryam Shahmanesh (Africa Health Research Institute (AHRI), Afrique du Sud), viennent conforter l’idée d’élargir, au plus près des besoins de usagers, l’offre en matière de prévention bio-médicale. Lancé en février dernier, cet essai de phase 3B vise à évaluer l’efficacité de la mise en œuvre d’une offre variée d’outils de prophylaxie pré-exposition au VIH à travers des services de santé sexuelle et reproductive communautaires (en pair à pair), l’impact de cette offre sur l’adoption et la rétention dans la PrEP, ainsi que sur la prévalence du VIH parmi les adolescents et les jeunes adultes vivant en milieu rural en Afrique du Sud.

    Les participants de l’essai ont le choix entre la PrEP à action prolongée – le cabotegravir injectable bimensuel ou l’anneau vaginal à la dapivirine -, des kits de prophylaxie post-exposition (PEP) au VIH, ou la PrEP orale quotidienne.

    Un des premiers enseignements à tirer des résultats (très) préliminaires de l’étude porte sur le choix donné aux participants de l’essai : plus on offre d’options, en élargissant les outils de prévention biomédicaux à la PEP et au CAB-LA, plus les participants s’approprient ces moyens de prévention. Autre enseignement : le choix des participants de l’étude LAPIS s’est majoritairement porté sur le CAB-LA.

    Autre essai présenté lors de cette pré-conférence, l’essai PrEP 1519 Choices vise à évaluer l’efficacité de la PrEP en « vie réelle », le protocole offrant l’accès au CAB-LA, à la PrEP orale quotidienne et à la PrEP orale à la demande. En cours au Brésil auprès d’adolescents ayant des rapports sexuels avec des hommes et de femmes transgenres, âgés de 15 à 19 ans, cette étude s’appuie sur des méthodes quantitatives et qualitatives pour obtenir des données sur l’acceptabilité, l’adoption et l’observance de la PrEP.

    Inês Dourado, professeur d’épidémiologie à l’université fédérale de Bahia (Brésil) et la principale investigatrice de l’essai, précise que le recrutement des participants est en cours depuis le 1er avril (167 participants à ce jour), mais que la cohorte se répartit équitablement entre la PrEP oral et la PrEP à longue durée d’action (n. 76, 47 %). La raison principale justifiant d’un refus d’initiation du CAB-LA par les participants tient notamment à la peur des aiguilles.

    NG

  • Le 21 juillet 2024, l’IAS (International AIDS Society) organisait une journée de pré-conférences en amont de la 25ème conférence internationale sur le sida (AIDS 2024). Cet événement intitulé « Towards a truly global HIV cure », s’est déroulé de 8h00 à 16h30 au centre de conférence Messe München, réunissant chercheurs, défenseurs et jeunes chercheurs du monde entier pour discuter des avancées et des défis posés par la recherche d’un remède contre le VIH. Voici un récapitulatif des sessions et des discussions qui ont eu lieu lors de cette journée.

    Ouverture et mise en contexte

    La journée a débuté par une séance d’ouverture de 60 minutes, co-présidée par Sharon Lewin, la présidente de l’IAS, et Thumbi Ndung’u, directeur de recherche à l’Africa Health Research Institute (AHRI) d’Afrique du Sud. La pré-conférence visait à réfléchir aux orientations actuelles de la recherche, aux défis scientifiques et structurels associés à la recherche d’un remède contre le VIH et à l’importance d’élargir et de coordonner les efforts menés partout dans le monde.

    Cette ouverture de journée a inclus une présentation communautaire inspirante d’Oguzhan Nuh de Y+ Global, une organisation basée aux Pays-bas qui vise à mettre en lien et autonomiser les jeunes vivant avec le VIH dans le monde entier, suivie d’une présentation plénière par Deborah Persaud de la Johns Hopkins School of Medicine aux États-Unis, qui a dressé un état des lieux de la recherche mondiale sur la guérison du VIH soulignant notamment les progrès significatifs fait dans la compréhension des mécanismes de persistance du réservoir latent du VIH. L’initiation très précoce des traitements ARV chez les nouveau-nés infectés in utero montre notamment une réduction significative des réservoirs de VIH, ce qui ouvre un bel espoir pour une rémission sans ART chez les jeunes enfants.

    Opportunités et défis dans la mesure des réservoirs et de la persistance

    Présidée par Simon Collins d’i-Base, un média consacré au VIH basé à Londres au Royaume-Uni, cette session de 90 minutes a abordé les différents aspects de la persistance virale et les réservoirs de VIH :

    • Rose Nabatanz de l’Université Makerere, Ouganda, a fait l’état des connaissance sur les réservoirs et ce que l’on ignore encore sur la persistance virale.
    • Gabriel Duette de l’Institut de Recherche Médicale de Westmead, Australie, a discuté de l’impact des co-infections et des comorbidités sur les réservoirs.
    • Melissa-Rose Abrahams de l’Université du Cap, Afrique du Sud, a traité du moment où se forment les réservoirs chez les femmes vivant avec le VIH chronique.
    • Gabriela Cromhout de l’Université de KwaZulu-Natal, Afrique du Sud, a présenté un cas de virémie soutenue en l’absence de thérapie antirétrovirale chez des enfants nés avec le VIH.

    Créer un environnement favorable à la recherche et au plaidoyer

    Sarah Fidler de l’Imperial College à Londres au Royaume-Uni, a parlé de la conception des essais de guérison du VIH en incluant toutes les parties prenantes. Elle est revenue sur les étapes clés de la conception d’un essai clinique « cure » de la mise en place, en passant par les questions autour de l’interruption du traitement jusqu’à l’analyse de l’efficacité.

    Monique Nijhuis du Centre Médical Universitaire d’Utrecht, aux Pays-Bas, a abordé la création de partenariats mondiaux dans la recherche sur la guérison du VIH. Une table ronde, modérée par Charles Brown, de l’organisation Preventive Care International basée en Ouganda, et Tariro Makadzange du CRMG Mutala au Zimbabwe, a rassemblé les points de vue de plusieurs financeurs, comme Devi SenGupta de Gilead Sciences, Karl Salzwedel du National Institute of Allergy and Infectious Diseases (NIAID, USA), Remko van Leeuwen d’Aidsfonds et Thandi Onami de la Fondation Bill et Melinda Gates.

    Communiquer sur la guérison

    Jessica Salzwedel d’AVAC, aux États-Unis, a ouvert cette session qui explorait les stratégies de communication autour de la guérison du VIH :

    • Carlo Sacdalan de SEARCH, en Thaïlande, et Nabukenya de l’Université Makerere, en Ouganda, ont partagé leurs perspectives communautaires et scientifiques sur les priorités de la guérison du VIH.
    • Un premier panel a examiné l’approche touchant la littératie en matière de guérison et la puissance de la communication, avec des intervenants d’Afrique du Sud, de Thaïlande, d’Ouganda et des États-Unis, modérée par Jessica Salzwedel d’AVAC.
    • Un second panel, modéré par Sharon Lewin et Jeff Taylor, du HIV + Aging Research Project, a rassemblé trois des sept personnes guéris du VIH, le patient de Londres, de Düsseldorf et de City of Hope. Leurs témoignages émouvants ont mis en lumière non seulement les avancées scientifiques, mais aussi l’impact personnel et émotionnel de ces progrès. Ces histoires ont rappelé à tous les participants l’importance cruciale de poursuivre la recherche et les efforts collaboratifs pour éradiquer le VIH.

    Les interventions ont mis en avant l’importance de la communication claire et efficace pour sensibiliser et éduquer le public sur les progrès de la recherche sur le VIH.

    Le paysage évolutif de la guérison – thérapie génique et antirétroviraux à longue durée d’action

    Gaston Dievissich de la Fondation Huesped, en Argentine, a introduit cette session finale, marquée par des présentations et discussions sur les avancées thérapeutiques. Mauricio Martins de UF Scripps Biomedical Research, aux États-Unis, a notamment parlé de l’initiation précoce de l’ART couplée à la transfection d’un vecteur permettant à l’hôte de produit ses propres bNabs. Cette recherche, encore au stade pré-clinique chez des primates non humain, donne un espoir sur la possibilité d’une rémission fonctionnelle à long terme.

    Wadzanai Samaneka de l’Université du Zimbabwe, a présenté les études de guérison ACTG. Lydie Trautmann du Programme de Recherche sur le VIH de l’Armée des États-Unis a partagé les conclusions de l’atelier de consensus sur l’interruption de traitement (ATI) dans les essais de guérison du VIH. De nouvelles guidelines devraient être publiées en fin d’année 2024 ou début 2025 avec un allégement par rapport à celle de 2019.

    Session : Towards a truly global HIV cure Sessions 1, 2, 3, 4, 5

    JP

  • 7h30, 1er jour de la conférence mondiale sur le sida (AIDS 2024). Une session très matinale, organisée par  le Mid-Atlantic CFAR Consortium (MACC+) Implementation Science Consultation Hub, était consacrée aux indicateurs de mesures de mise en œuvre des programmes. Ces outils sont précieux pour accompagner les acteurs de mise en œuvre dans l’amélioration de la qualité des services.

    Jessica Posner y a présenté un outil permettant d’évaluer les services de santé VIH « centrés sur la personne ». L’approche des « soins basés sur la personne » (person-centered care) adopte « la perspective individuelle et celles des aidants, des familles et des communautés en tant que participants à des systèmes de santé fiables – et bénéficiaires de ces systèmes – pour répondre aux besoins complets des personnes plutôt que pour combattre des maladies déterminées, en respectant leurs préférences » (définition OMS [1]).

    Le développement de l’outil proposé par Jessica Posner et son équipe s’est basé sur une revue systématique de la littérature [2] qui a permis de définir des pratiques de santé VIH centrées sur la personne dans des services de santé en Afrique Sub-saharienne et de déterminer les domaines et sous domaines d’un cadre de référence. L’outil se présente sous la forme d’un tableur Excel [3]. Il a été testé dans plusieurs pays dont le Ghana et la Zambie. L’évaluation donne lieu à la production de plans d’actions correctifs. Actuellement l’outil est disponible en anglais mais la traduction en français est en cours.

    [1]https://apps.who.int/gb/ebwha/pdf_files/EB138/B138_37-fr.pdf

    [2] Le texte de l’article est disponible ici : https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/tmi.13746

    [3] Toutes les informations concernant cet outil sont disponibles ici : https://www.jsi.com/resource/framework-for-person-centered-care-in-hiv-treatment-facilities/).

    Session: Current approaches and opportunities in HIV-related implementation outcomes measures and measurement (SAT006)

    EH

  • L’Alliance mondiale pour mettre fin au VIH (Alliance mondiale) a été lancée en 2022 par l’OMS, l’Unicef et l’ONUSIDA pour mettre fin à l’épidémie pédiatrique de VIH. Même si de nombreux progrès ont été fait permettant un déclin des nouvelles infections, l’Alliance organisait lundi 22 juillet au matin à la conférence AIDS 2024 une session destinée à alerter sur la nécessité d’accélérer la mise en œuvre des engagements pour espérer atteindre la promesse de la fin de l’épidémie chez les enfants d’ici 2030.

    Dans le monde en 2023, seulement 57 % des enfants entre 0 et 14 ans vivant avec le VIH ont accès au traitement alors que c’est le cas pour 77 % des adultes vivant avec le VIH. La charge virale est supprimée chez seulement 48 % des enfants contre 73 % des adultes.

    Dans le cadre de ce symposium, les équipes d’Afrique du Sud, du Zimbabwe et du Nigéria sont venues partager leur expérience dans leurs contextes respectifs. Elles ont notamment insisté sur les enjeux relatifs au stigma encore associé au VIH qui freine encore l’atteinte des objectifs fixés pour 2030. Des initiatives intéressantes visant à lutter contre les idées reçues et les discriminations, comme le « young mentor mothers project » basé sur l’éducation par les pairs sont expérimentées dans les pays. Patrick Fouda, cofondateur du réseau camerounais des adolescents et jeunes positifs du Cameroun, est venu compléter le tableau en partageant les difficultés de l’Afrique de l’Ouest et du Centre qui enregistre un retard en matière d’infections par rapport au reste du monde.

    L’investissement sur le VIH pédiatrique reste plus que jamais d’actualité. Toutes les 5 minutes, un enfant est diagnostiqué positif au VIH à travers le monde. Pour répondre aux enjeux, l’accent a été mis sur l’importance de réinvestir la prévention, notamment chez les femmes et les jeunes femmes. Il a été rappelé que les femmes et les jeunes filles sont la population qui connait le plus grand nombre de nouvelles infections aujourd’hui dans le monde et tout particulièrement en Afrique. Par ailleurs, les grossesses précoces sont en nette augmentation dans de nombreux contextes. Le lien doit être fait avec la santé sexuelle et reproductive mais aussi les droits humains.

    Session : Connecting data, programs, and communities: The Global Alliance roadmap to ending AIDS in children by 2030 (SAT012)

    EH

  • En marge de la conférence AIDS 2024 qui se tient à Munich, une table ronde sur la Cure s’est déroulée ce lundi 22 juillet 2024. Cet événement, intitulé « HIV Cure Action Fund Roundtable », a réuni environ 40 experts issus de divers groupes de parties prenantes pour discuter des étapes nécessaires à la mise en place d’un fonds d’investissement visant à développer des stratégies efficaces de guérison du VIH.

    L’objectif principal de cette table ronde était d’explorer le potentiel de création d’un fonds pour mobiliser des investissements dans la recherche et le développement, avec l’ambition de mettre sur le marché une cure abordable, accessible et efficace d’ici 2035. La session a inclus des discussions approfondies sur l’engagement de nouveaux investisseurs et le renforcement des capacités dans les pays du sud.

    L’événement a débuté par des discours de bienvenue et des présentations sur les dynamiques de financement, l’engagement communautaire et le renforcement des capacités locales. Les participants ont ensuite pris part à des sessions interactives pour affiner les concepts et déterminer les prochaines étapes nécessaires pour la mise en place de ce fonds.

    L’événement a permis de valider et d’élargir les idées recueillies lors des interviews préliminaires avec divers experts ou leaders d’opinion. Cette table ronde marque une étape importante dans les efforts mondiaux pour mettre fin à l’épidémie de VIH, en réunissant les idées et les expertises nécessaires pour avancer vers une cure accessible à tous. Les résultats et les discussions de cette rencontre seront utilisés pour affiner et développer davantage le concept du « HIV Cure Action Fund » et préparer les étapes futures de son développement.

    JP

  • Lors de la plénière d’ouverture de la conférence AIDS 2024 à Munich, Winnie Byanyima, directrice éxecutive de l’ONUSIDA, a lancé un appel puissant à Gilead, la société pharmaceutique américaine, pour rendre le lenacapavir, un médicament particulièrement efficace dans la prévention du VIH, accessible à un prix abordable dans les pays à faible revenu.

    Un médicament à fort potentiel

    Le lenacapavir, actuellement vendu à 42 250 dollars par an, a démontré une efficacité de 100 % chez les 5000 femmes inclues d’un essai clinique de phase 3 intitulé PURPOSE-1. Administré par injection tous les six mois, il offre une protection complète contre le VIH. Il pourrait offrir une alternative discrète et pratique comparée aux options de PrEP actuelles qui nécessitent le plus souvent prise quotidienne de comprimés oraux.

    Les recherches du Dr. Andrew Hill de l’Université de Liverpool sur les coûts de production du lenacapavir, suggèrent que la molécule pourrait être produit génériquement pour moins de 100 dollars par an. Ce coût réduit est crucial pour rendre le médicament accessible aux populations des pays à revenu faible et intermédiaire, où 95 % des nouvelles infections au VIH se produisent.

    L’appel à l’action de l’ONUSIDA

    Winnie Byanyima a fermement exhorté Gilead à accorder des licences génériques par l’intermédiaire du Medicines Patent Pool, permettant ainsi la fabrication de versions génériques bon marché pour toute l’Afrique, l’Asie et l’Amérique latine. Elle a souligné l’importance de rendre ce « médicament miracle » disponible immédiatement et non dans six ans. « Gilead, faites en sorte que cela arrive ! », a-t-elle plaidé. Elle a insisté sur le fait que le lenacapavir pourrait être génériqué pour moins de 100 dollars par an, rendant ainsi ce traitement vital accessible à des millions de personnes dans le besoin.

    Les obstacles à surmonter

    Bien que Gilead ait annoncé une stratégie pour permettre un accès large et durable au lenacapavir, y compris un programme de licence volontaire pour les pays à forte incidence et ressources limitées, les défenseurs de la santé estiment qu’il est crucial d’inclure tous les pays à revenu intermédiaire supérieur, comme le Brésil. L’histoire a montré que des exclusions de ce type peuvent aggraver l’épidémie dans les régions les plus touchées. Les militants soulignent que les essais cliniques menés dans les pays à revenu faible et intermédiaire renforcent la nécessité d’un accès universel, conformément à la Déclaration d’Helsinki sur l’éthique médicale, qui stipule que les essais doivent être réalisés au bénéfice des populations participant à ces recherches.

    La pression des campagnes mondiales

    Des organisations comme le Global Network of Young People Living with HIV (Y+ Global) appellent à une action rapide. Joyce Ouma, responsable de programme chez Y+ Global, a déclaré que la disponibilité d’une injection semestrielle serait déterminante pour les jeunes vivant avec ou à risque de contracter le VIH. La réalisation de l’objectif de mettre fin aux nouvelles transmissions de VIH d’ici 2030 dépend de l’accès équitable au lenacapavir pour les populations des pays du sud. « Il n’est pas exagéré de dire que la réalisation de l’objectif 2030 de mettre fin aux nouvelles transmissions de VIH repose sur Gilead qui assure un accès équitable au lenacapavir pour les populations du Sud global », a affirmé Joyce Ouma.

    JP

  • A plusieurs reprises depuis le début de la conférence AIDS 2024, la parole a été donnée aux acteurs de la réponse à l’épidémie de VIH en Ukraine. Lundi 22 juillet, lors de la cérémonie d’ouverture, c’était Andriy Klepikov de l’Alliance for Public Health qui prenait la parole en tant que co-chair de la conférence. Il a saisi l’occasion pour partager les enjeux auxquels font face les acteurs ukrainiens depuis le début de la guerre et l’importance du soutien des partenaires techniques et financiers dans ce contexte.

    En plénière mardi 23 juillet, Olga Gvozdetska du centre de santé publique du ministère de la Santé ukrainien a présenté les challenges auxquels a fait face son pays dans le contexte de la guerre avec la Russie. L’accès aux traitements a été la priorité : en Ukraine, 130 000 personnes bénéficiaient d’un accès au traitement au début de la crise.  Si l’approvisionnement en traitements a pu être assuré, les efforts ont aussi porté sur la continuité des services de manière plus large. Malgré les difficultés, le pays a réussi à poursuivre sa stratégie de décentralisation des services VIH entamée en temps de paix tout en développant l’intégration, notamment avec le dépistage et la prise en charge de la tuberculose. Des stratégies mobiles sont utilisées pour accéder aux zones rouges avec des équipes de soignants formées aux interventions en terrain de guerre.

    Les représentants ukrainiens se sont retrouvés pour une table sur le stand France en début d’après-midi sur le thème « préserver l’accès aux soins en contexte d’urgence ». Florence Thune, la directrice générale de Sidaction, y était présente pour en parler et évoquer, en miroir, d’autres contextes difficiles comme celui du Mali ou du Burkina où la coopération a été interrompue et où la continuité des services est en danger.

    EH

  • « Les PrEP à action prolongée ont le potentiel de renforcer les progrès en matière de prévention du VIH dans le monde entier » déclare Sharon Lewis, la présidente de l’International Aids Society (IAS), dans le communiqué issu de l’Official Scientific Highlights Press Conference qui s’est tenue en amont de l’ouverture de la 25ème conférence internationale sur le SIDA (AIDS 2024). On le sait en effet, le cabotégravir injectable à action prolongée (CAB-LA) est une option de prévention qui fonctionne bien chez les hommes comme chez les femmes.

    Si elle est efficace, cette option sera-t-elle pourtant bien acceptée par les populations concernées par la PrEP ? Présentés mercredi 24 juillet lors de la session, les premiers résultats de l’essai Dynamic Choice HIV Prevention (DCP) mené par le consortium SEARCH* sont encourageants sur ce sujet.

    L’étude a recruté des hommes et des femmes âgés de plus de 15 ans vulnérables au VIH au Kenya et en Ouganda. Le bras intervention incluait le choix entre la PrEP orale, le CAB-LA ou la PEP (prophylaxie post-exposition). Les participants avaient la possibilité de changer d’outils pendant les 48 semaines de suivi et des enquêtes quantitatives ont été réalisées auprès de ceux qui ont choisi le CAB-LA et l’ont utilisé pendant au moins 24 semaines.

    Sur les 487 participants du groupe intervention de l’étude, 56 % ont commencé à utiliser le CAB-LA pendant le suivi (183 femmes, 91 hommes et 79 personnes âgées de 15 à 24 ans), avec 72 % l’utilisant pendant plus de 24 semaines. 99 % Parmi ceux qui ont opté pour le CAB-LA, 64 % ont déclaré qu’il était plus facile de recevoir une injection et 49 % ont indiqué avoir des difficultés à se souvenir de prendre des comprimés.

    Parmi les jeunes ayant choisi le CAB-LA, 42 % ont déclaré ne pas vouloir que quelqu’un les voit prendre des comprimés et 22 % ont choisi cette option parce que des amis ou des partenaires ne les laisseraient pas prendre les comprimés, soutenant des recherches antérieures suggérant que la PrEP à action prolongée pourrait être une option plus discrète et plus sûre.

    A l’initiation du CAB-LA, 99 % des participants avaient des connaissances de base voire aucune sur PrEP injectable à longue durée d’action, et cela de manière homogène entre les sexes et les groupes d’âge. L’acceptabilité du CAB-LA était élevé à 24 semaines et l’est resté jusqu’à 48 semaines.

    Selon Elijah Kakande, le chercheur en santé publique à l’Infectious Diseases Research Collaboration (IDRC, Ouganda) qui présentait l’essai lors de la session, ces premiers résultats montrent que le CAB-LA était un choix apprécié pour les femmes et les hommes vulnérable au VIH et qu’on pouvait l’administrer avec un haut niveau de satisfaction.

    *SEARCH (Sustainable East Africa Research in Community Health) est un consortium multinational et pluridisciplinaire réuni pour mener des recherches évaluant l’efficacité des interventions de santé au niveau communautaire. SEARCH est actuellement implanté dans plusieurs communautés rurales de l’Ouganda et du Kenya. Les collaborateurs de cette étude comprennent le Kenya Medical Research Institute au Kenya, l’Infectious Diseases Research Collaboration et l’Université Makerere en Ouganda, l’Université de Californie à Berkeley, l’Université de Pennsylvanie et l’University College de Londres.

    Session : Welcome to the prevention choice agenda! (OAE12 / Track E) 

    NG

  • La recherche sur le VIH cherche constamment des moyens d’améliorer les traitements et de parvenir à un contrôle durable du virus. Une des approches étudiées est l’interruption thérapeutique analytique (ATI), où le traitement est temporairement arrêté sous surveillance médicale.

    L’essai clinique PULSE a examiné 68 patients qui ont subi trois interruptions consécutives de traitement. Les résultats, présenté par Gabriel Duette du Westmead Institute for Medical Research (Australie), ont montré que 10 % des participants ont pu contrôler temporairement le rebond du VIH après la deuxième ou troisième interruption. L’étude visait à comprendre si ces interruptions successives pouvaient améliorer la réponse immunitaire des cellules T CD8, essentielles pour combattre le virus.

    Les chercheurs ont utilisé des cellules mononucléées du sang périphérique de quatre participants : deux non-contrôleurs (NCs) et deux contrôleurs transitoires (TCs). Les cellules T CD8 ont été stimulées pour évaluer la production de cytokines et la prolifération, et leur capacité cytolytique a été comparée à travers les ATIs.

    Résultats prometteurs pour les contrôleurs transitoires

    Les chercheurs ont constaté que chez les patients capables de contrôler temporairement le virus, les cellules T CD8 montraient une meilleure prolifération et production de cytokines après les interruptions de traitement. En revanche, les patients n’ayant pas contrôlé le virus n’ont pas montré cette amélioration. Les cellules T CD8 des TC, lors de la troisième ATI où le rebond viral était retardé, ont éliminé plus efficacement les cellules T CD4 infectées par le VIH.

    Ces résultats suggèrent qu’une exposition répétée aux antigènes viraux pendant les ATIs successives peut améliorer la fonction des cellules T CD8 chez certains PVVIH, contribuant ainsi à un meilleur contrôle viral. Cela indique que renforcer l’immunité de l’hôte est crucial pour obtenir une rémission virale après une ATI. Ces découvertes ouvrent la voie à de nouvelles approches pour gérer le virus et pourraient contribuer à des stratégies de traitement plus efficaces.

    Session :  It’s about timing: When to start, when to stop (OAA02 / Track A) / Présentation : Gabriel Duette, 23 juillet, 10:33 – 10:41, AIDS2024, Munich

    JP

  • Le VIH reste un défi médical majeur, à cause notamment de ses réservoirs qui persistent malgré les traitements. Comprendre ces réservoirs est crucial pour développer des stratégies de guérison.

    Pour mieux comprendre comment fonctionne ces réservoirs, un étude portant sur les contrôleurs viraux en Afrique du Sud a analysé les caractéristiques des réservoirs du VIH chez différents groupes de patients en Afrique du Sud : des contrôleurs d’élite (qui maintiennent une charge virale très basse sans traitement), des contrôleurs virémiques (qui maintiennent une charge virale modérée sans traitement) et des individus traités en phase aiguë ou chronique de l’infection. Des mesures et des caractérisations de la taille du réservoir et du paysage génétique avant et après ART ont été effectuées à des phases aiguës ou chroniques de l’infection.

    Présentée par le chercheur Tatenda Jimmy Chikowore, de l’Africa Health Research Institute à Durban (Afrique du Sud), les résultats de l’étude montrent que le contrôleurs d’élite ont une proportion plus faible de génomes intacts du VIH, ce qui pourrait expliquer leur capacité à contrôler le virus sans traitement. En revanche, les individus traités tôt dans l’infection montraient une réduction significative de la charge virale après traitement, contrairement aux autres groupes.

    En conclusion, la qualité des réservoirs viraux, plus que leur quantité, semble jouer un rôle crucial dans le contrôle viral sans traitement. Le moment de l’initiation du traitement pourrait être déterminant pour atteindre une potentielle rémission fonctionnelle post-traitement.

    Session :  It’s about timing: When to start, when to stop (OAA02 / Track A) / Présentation : Tatenda Jimmy Blessing Chikowore  23 juillet, 10:41 – 10:49, AIDS2024, Munich

    JP

  • Les modèles animaux sont essentiels pour comprendre les mécanismes de contrôle viral post-traitement. L’étude pVISCONTI confirme dans un modèle de primate non-humain que le contrôle post-traitement est favorisé par une initiation précoce de l’ART.

    Cette étude utilise des macaques cynomolgus infectés par le virus de l’immunodéficience simienne (SIV) pour analyser les réservoirs viraux. Les macaques ont été traités par ART puis classés en contrôleurs post-traitement (PTCs) ou non-contrôleurs (non-PTCs) après l’arrêt du traitement. Des échantillons de sang et de tissus ont été analysés pour quantifier l’ADN et l’ARN du SIV et évaluer l’intégrité des réservoirs.

    Présentés par la biologiste médicale Caroline Charre (Université Paris Cité; INSERM, U1016; CNRS, UMR8104), les résultats montrent que les PTCs avaient des niveaux plus bas d’ADN et d’ARN SIV dans plusieurs tissus par rapport aux non-PTCs. Les provirus intacts étaient moins abondants chez les PTCs avant l’interruption du traitement et dans plusieurs tissus à la nécropsie. Les séquences virales des PTCs étaient plus proches de l’inoculum initial que celles des non-PTCs. Les provirus intacts moins abondants chez les PTCs, indiquent une réduction significative des réservoirs viraux et une moindre activité transcriptionnelle.

    En conclusion, le contrôle post-traitement chez les macaques est associé à une réduction des réservoirs viraux et à une activité virale limitée. Cette étude aide à comprendre les facteurs importants pour le contrôle post-traitement, en plus de l’initiation précoce du traitement. Ces découvertes peuvent aider à identifier les facteurs importants pour le contrôle viral chez l’humain. Cependant, les caractéristiques intrinsèques des réservoirs viraux restent à élucider.

    Session :  It’s about timing: When to start, when to stop (OAA02 / Track A) / Présentation : Caroline Charre 23 juillet, 10:57 – 11:05, AIDS2024 Munich

    JP

  • Les résultats de deux études récentes suggèrent que l’usage de la doxycycline en prophylaxie pré-exposition (DoxyPrEP) pourrait s’avérer une stratégie efficace pour prévenir les infections sexuellement transmissibles (IST).

    Ces dernières années, des études ont montré que la DoxyPEP – prise de doxycycline dans les 72 heures suivant un rapport sexuel – peut prévenir les IST bactériennes chez les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes et les femmes trans, et les preuves suggèrent que la DoxyPEP contribue désormais à réduire l’incidence des IST dans certaines communautés. Cependant, il y a eu moins de recherches sur la DoxyPrEP, qui consiste à prendre de la doxycycline avant les rapports sexuels.

    A l’occasion de la 25ème conférence internationale sur le sida (AIDS 2024), les résultats de deux nouvelles études consacrées à la DoxyPrEP ont été révélées. La première, coordonnée par Troy Grennan du BC Centre for Disease Control au Canada, est présentée sur un poster. Il s’agit d’un essai pilote randomisé qui a recruté 52 hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes à Toronto et Vancouver, au Canada. Tous les hommes étaient séropositifs et avaient des antécédents de syphilis. Ils ont reçu 100 mg de doxycycline quotidiennement ou un placebo et ont été suivis pendant 48 semaines.

    Quarante-et-un participants (78,8 %) ont terminé le protocole de l’étude. Les résultats de l’étude font état d’une réduction de 79 % de la syphilis, une réduction de 92 % de la chlamydia et une réduction de 68 % de la gonorrhée dans le groupe doxycycline par rapport au groupe placebo. Il n’y avait pas de différences entre les groupes concernant l’adhésion au traitement ou les comportements sexuels.

    La deuxième étude sur la DoxyPrEP, présentée en session par Seitaro Abe du National Center for Global Health and Medicine (Japon), a recruté 40 travailleuses du sexe à Tokyo, au Japon, qui ont reçu 100 mg de doxycycline quotidiennement. Après l’initiation de la DoxyPrEP, le taux global d’incidence des IST a diminué de 232,3 à 79,2 pour 100 personnes-années. L’incidence de la syphilis a été réduite à zéro, il y a eu une réduction peu significative de la chlamydia et il n’y a pas eu de changement significatif pour la gonorrhée.

    Les résumés des entretiens de suivi ont révélé que l’adhésion à la DoxyPrEP était élevée. Des nausées et des vomissements ont été signalés par 22,7 % des répondantes, mais aucun événement indésirable grave lié à la doxycycline n’a été observé. Notamment, 72,7 % des répondantes ont indiqué une réduction de leur peur de la transmission des IST.

    Selon le présentateur Seitaro Abe, ces résultats soutiennent l’introduction de la DoxyPrEP dans les populations très vulnérables aux IST.

    Poster : A pilot, randomized controlled trial of doxycycline pre-exposure prophylaxis versus placebo for prevention of bacterial sexually transmitted infections in men who have sex with men living with HIV (Abstract 11987 / Track B) ;

    Session : HIV and STI prevention: Understanding preferences and perceptions (OAC08 / Track C)

    NG

  • Les données issues du terrain et de travaux de recherche suggèrent une santé mentale dégradée et le risque de suicide chez les enfants et des adolescent.e.s vivant avec le VIH. Actuellement peu d’interventions sont pourtant mises en œuvre pour améliorer la santé mentale de cette population.

    Dans une session dédiée qui s’est tenue le 23 juillet lors de la conférence AIDS 2024, Lorraine Sherr a présenté les données d’une étude portant sur la santé mentale et le risque de suicide chez 611 enfants sud-africains. Trois groupes étaient étudiés : 190 enfants avaient vécu la perte d’un parent du VIH, 211 du Covid et 210 enfants qui n’avaient pas perdu de parent. Les données recueillies, notamment via des échelles et/ou des évaluations cliniques, incluaient des variables sociodémographiques, sur la santé mentale et le risque de suicide, les comportements à risques, la consommation d’alcool, la violence parentale ou encore le stigma vécu.

    La comparaison a montré un risque d’exposition plus grand des orphelins à la pauvreté et à des environnements de vie agités. Les orphelins du VIH étaient plus susceptibles d’avoir vécu des situations de stigma liées à la perte de leur parent du VIH. La dépression était plus importante dans le groupe des orphelins du Covid mais restait à un niveau beaucoup plus important dans les deux groupes que dans le groupe contrôle tout comme le risque de suicide.

    Ces données appuient une nouvelle fois la nécessité de prévoir des interventions systématiques pour répondre aux enjeux de santé mentale dans les programmes de prise en charge.

    Deux interventions en Ouganda et en Tanzanie

    Deux interventions ont été ensuite présentées. En Ouganda d’abord, où 98 000 adolescent.e.s vivent aujourd’hui avec le VIH. L’intervention MABI, culturellement adaptée du DNA-V (Discoverer, Noticer, Advisor & Values), il s’agit d’un modèle psychologique conçu pour aider les jeunes à s’épanouir dans la vie. Il est structuré autour des principes de l’ACT, une thérapie d’acceptation et d’engagement. En Ouganda, la version adaptée s’est montrée efficace pour réduire les symptômes de dépression et d’anxiété chez les adolescent.e.s vivant avec le VIH en comparaison au groupe contrôle recevant les services offerts en routine[1].

    Une autre expérience, menée en Tanzanie a également son intérêt en termes de bénéfices sur la santé mentale des adolescent.e.s vivant avec le VIH. Sauti Ya Vijana (SYV) est un groupe mis en place par et pour les jeunes vivant avec le VIH pour améliorer leur santé mentale. Tout comme le précédent, ce programme SYV s’appuie sur des pairs leaders formés qu’il convient d’accompagner par la formation continue.

    [1] https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0301988

    Session : Mental health matters (OAD05 / Track D)

    EH

  • Le diagnostic précoce des enfants, bien que disponible dans presque tous les pays à forte prévalence, reste variable selon les régions et les pays.

    Lors d’une session sur les pistes à suivre pour mettre fin à l’épidémie du VIH, Anna Turkova de l’University College London (UCL), nous rappelle que de nombreuses disparités persistent sur le dépistage précoce des enfants selon les régions. Globalement, le dépistage précoce est disponible dans 67 % des régions et pays du monde, il atteint 80 % en Afrique de l’Est et du sud mais seulement 27 % en Afrique de l’Ouest et Centrale.

    La chercheuse nous rappelle également que les enfants non touchés par le dépistage précoce sont principalement les enfants des mères non engagés dans les soins, les enfants infectés durant l’allaitement et plus largement les enfants âgés de 5 ans ou plus, qui représente à eux-seuls plus de 60 % des enfants non diagnostiqués.

    La mise en place de dispositifs communautaires de diagnostic précoce du VIH chez les nourrissons à l’aide de technologies sur le lieu des soins (point-of-care early infant diagnosis, POC-EID) pourrait être une solution à cette problématique. Par ailleurs, aller au-delà du dépistage précoce en testant les enfants plus âgés est aussi une piste à suivre.

    Session : Putting people first: The way forward (PL01) / Présentation : Anna Turkova, Do not forget the children: Pioneering progress in paediatric HIV care, 23 juillet, 8:33 – 8:58, AIDS2024 Munich

    TB

  • L’adhésion aux traitements actuels de PrEP – des comprimés pris généralement chaque jour – posent un défi majeur, notamment chez les femmes cisgenres.

    Lors de la conférence internationale AIDS 2024 à Munich, des données – très attendues –  ont été présentées concernant un nouveau traitement pour la prophylaxie pré-exposition (PrEP) contre le VIH, le lenacapavir. Testé dans le cadre d’un essai de phase 3, ce traitement injectable, administré deux fois par an, présente des résultats exceptionnels en termes d’efficacité, de sécurité et de tolérance.

    L’essai PURPOSE 1

    Pour tester le lenacapavir, un essai randomisé, en double aveugle et contrôlée, a été menée auprès de jeunes filles adolescentes et de jeunes femmes en Afrique du Sud et en Ouganda.

    Les participantes ont reçu soit des injections sous-cutanées de lenacapavir toutes les 26 semaines, soit des comprimés quotidiens de emtricitabine–tenofovir alafenamide (F/TAF), soit des comprimés quotidiens de emtricitabine–tenofovir disoproxil fumarate (F/TDF) en tant que contrôle actif.

    Les participantes ont été réparties de manière aléatoire dans un ratio de 2:2:1 entre les groupes lenacapavir, F/TAF et F/TDF. En plus de recevoir le traitement principal ou le placebo correspondant, elles ont également reçu des injections ou des comprimés placebos pour garantir la mise en aveugle de l’étude.

    L’efficacité du lenacapavir et du F/TAF a été évaluée en comparant l’incidence des infections par le VIH avec l’incidence de fond estimée dans la population dépistée, ainsi qu’en comparant l’efficacité relative par rapport au F/TDF.

    Parmi les 5338 participantes initialement séronégatives, 55 infections par le VIH ont été observées :

    • 0 infections parmi les 2134 participantes du groupe lenacapavir (0 par 100 années-personnes; IC à 95 %, 0,00 à 0,19)
    • 39 infections parmi les 2136 participantes du groupe F/TAF (2,02 par 100 années-personnes; IC à 95 %, 1,44 à 2,76)
    • 16 infections parmi les 1068 participantes du groupe F/TDF (1,69 par 100 années-personnes; IC à 95 %, 0,96 à 2,74)

    L’incidence de fond du VIH dans la population dépistée (8094 participantes) était de 2,41 par 100 années-personnes (IC à 95 %, 1,82 à 3,19). L’incidence du VIH avec le lenacapavir était significativement inférieure à l’incidence de fond (rapport de taux d’incidence, 0,00; IC à 95 %, 0,00 à 0,04; P<0,001) et à l’incidence du VIH avec le F/TDF (rapport de taux d’incidence, 0,00; IC à 95 %, 0,00 à 0,10; P<0,001). L’incidence du VIH avec le F/TAF n’était pas significativement différente de l’incidence de fond (rapport de taux d’incidence, 0,84; IC à 95 %, 0,55 à 1,28; P=0,21).

    Adhésion et tolérance

    L’adhésion au lenacapavir était nettement supérieure à celle des traitements oraux quotidiens, avec des taux d’adhésion de 91,5 % à six mois et de 92,8 % à un an. Les effets secondaires étaient généralement légers et comparables entre les différents groupes de traitement.

    Les réactions au site d’injection étaient les effets indésirables les plus courants pour le lenacapavir, mais leur incidence a diminué avec les injections successives. Seulement quatre participantes (0,2 %) ont interrompu le traitement en raison de réactions au site d’injection.

    Inclusion de femmes enceintes et d’adolescentes

    L’étude PURPOSE 1 est la première de ce type à inclure intentionnellement des femmes enceintes et des adolescentes, ce qui est crucial pour évaluer l’efficacité et la sécurité du lenacapavir dans ces populations souvent négligées. Sur les 510 grossesses observées, aucun cas d’infection par le VIH n’a été rapporté chez les femmes prenant le lenacapavir, soulignant la sécurité du traitement pendant la grossesse.

    Les résultats de l’étude PURPOSE 1 présentés à AIDS 2024 marquent un tournant dans la prévention du VIH. Le lenacapavir en PrEP pourrait offrir une alternative efficace, bien tolérée et mieux adaptée par rapport aux traitements oraux actuels. En améliorant l’adhésion et la persistance de la PrEP, le lenacapavir contribuerait à réduire significativement la transmission du VIH, en particulier dans les populations les plus vulnérables au VIH.

    Session : AIDS 2024 Co-Chairs’ Choice (SS04) / Présentation : Linda-Gail Bekker, Twice-Yearly Lenacapavir or Daily Emtricitabine/Tenofovir Alafenamide for HIV Prevention in Cisgender Women: Interim Analysis Results from the PURPOSE 1 Study, 24 juillet, 11:23 – 11:35,  AIDS2024 Munich.

    JP

  • Mercredi 24 juillet, lors de la conférence AIDS 2024 à Munich, était le jour avait lieu LA présentation tant attendue, « the next Berlin patient ». Un nouveau patient, lui aussi de Berlin, a réussi à maintenir une rémission du VIH pendant plus de cinq ans sans recours à une thérapie antirétrovirale (ART) après une greffe de cellules souches.

    Le traitement du VIH par greffe de cellules souches n’est pas une découverte. Le premier patient de Berlin, Timothy Ray Brown, avait ouvert la voie en 2006 après avoir reçu une greffe de cellules souches de donneur avec une mutation génétique spécifique (CCR5delta32/delta32) qui empêche le VIH d’infecter les cellules T.

    Cette mutation rare rend les cellules immunitaires résistantes au VIH. Jusqu’à récemment, les chercheurs pensaient que les greffes avec des donneurs ayant un CCR5 fonctionnel ne pouvaient pas soutenir une rémission à long terme sans ART. Cependant, le cas récent du nouveau patient de Berlin est unique, car il implique une greffe de cellules souches de donneur hétérozygote pour cette mutation (CCR5 WT/delta32)

    Une greffe de cellules souches avec des co-récepteurs viraux fonctionnels

    Une étude de cas, présentée par Christian Gaebler de la Charité – Universitätsmedizin Berlin (Allemagne) lors de la session AIDS 2024 Co-Chairs’ Choice, a analysé les échantillons de ce patient, y compris des biopsies intestinales, de 2009 à 2024. Les chercheurs ont étudié l’ARN et l’ADN du VIH, le tropisme viral, l’expression du CCR5, la croissance virale, les niveaux de médicaments antirétroviraux et les réponses immunitaires spécifiques au VIH.

    Ce patient, atteint de leucémie myéloïde aiguë (LMA), a reçu une greffe de cellules souches d’un donneur compatible (CCR5 WT/delta32) en 2015. Avant la greffe, l’ARN et l’ADN total du VIH étaient détectables, mais cinq ans après l’interruption du traitement en septembre 2018, le VIH est resté indétectable dans le plasma, les biopsies du sang périphérique, du duodénum et de l’iléon. Aucun signe de reprise virale n’a été détecté à partir des cellules T CD4+ stimulées, et les niveaux d’anticorps spécifiques au VIH ont diminué.

    Le succès de ce traitement suggère que des greffes de cellules souches avec des co-récepteurs viraux fonctionnels peuvent également mener à une rémission durable du VIH, ce qui élargit potentiellement les options de traitement pour un plus grand nombre de patients.

    Des résultat prometteurs

    Ce nouveau cas de rémission à long terme présenté à AIDS 2024 démontre que la potentielle guérison du VIH n’est pas exclusivement réservée aux cas utilisant des donneurs avec la mutation homozygote CCR5delta32/delta32. L’immunité allogénique joue un rôle fondamental dans l’éradication du VIH, ouvrant ainsi de nouvelles perspectives pour le traitement de cette infection.

    Bien que cette méthode ne soit pas généralisable et qu’elle reste risquée, elle offre un nouvel espoir et ouvre de nouvelles pistes prometteuses pour des traitements futurs.

    Session : AIDS 2024 Co-Chairs’ Choice (SS04) / Présentation : Christian Gaebler, The next Berlin patient: sustained HIV remission surpassing five years without antiretroviral therapy after heterozygous CCR5 WT/?32 allogeneic hematopoietic stem cell transplantation, 24 juillet, 10:23 – 10:33, AIDS 2024 Munich.

    JP

  • Dans une session portant sur les barrières structurelles, Michaela Clayton, avocate spécialiste des droits humains et activiste contre le VIH, a partagé un regard inquiet sur la situation des droits humains dans le monde.

    Après avoir rappelé les principes de Denver, mettant l’accent sur l’importance de la participation des personnes concernées à la décision datant de 1983, elle a montré comment, 40 ans après la découverte du VIH, tout le mouvement de criminalisation rend leur application impossible.

    En 2023, 82 pays criminalisent la transmission du VIH, l’exposition ou le fait de ne pas partager son statut sérologique avant un rapport sexuel (UNAIDS – Global HIV report 2023). Beaucoup des cas reportés vont au-delà de la transmission intentionnelle et certains sont très peu caractérisés et vagues. Ces mesures constituent un refus clair de reconnaitre l’absence de transmission chez les personnes sous traitement ayant une charge virale indétectable. Entre 2022 et 2024, 4 pays ont introduit des lois criminalisant spécifiquement la transmission du VIH.

    Dans le monde, 60 pays criminalisent par ailleurs les relations sexuelles consenties entre personnes du même sexe (ILGA world database). Les peines peuvent aller jusqu’à la peine de mort.

    Si un fragile mouvement de dépénalisation de la possession et de l’usage de drogue a été amorcée dans certains pays, la grande majorité continue à criminaliser l’usage de drogues, rendant complexe l’accès aux outils de prévention. Ces mesures ont des conséquences notables sur les taux de prévalence : par exemple, en Europe de l’Est, le taux de prévalence du VIH chez les usager.e.s de drogues par voie intraveineuse s’élève à 34,2 %. Il est de 48,4 % pour l’hépatite C.

    189 pays dans le monde disposent de lois  ciblant le travail du sexe. S’il n’existe pas toujours de lois spécifiques criminalisant les personnes trans, de fait, en lien avec les lois qui précèdent et avec leurs pratiques, 64 % des personnes transgenres se retrouvent concernées et à risque d’être criminalisées.

    Toutes ces lois ont des conséquences néfastes sur l’accès à la santé de ces personnes. Seulement 49 % des travailleurs et travailleuses du sexe, 29 % des hommes gay et des hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (HSH), et 36 % des personnes qui s’injectent des drogues auraient eu recours à deux ou plus services de prévention du VIH au cours des trois derniers mois.

    La stigmatisation converge avec la criminalisation pour produire des inégalités de santé. La criminalisation n’est pas l’unique barrière structurelle mais il sera difficile d’avancer vers l’objectif de la fin de l’épidémie en 2030 tant que ces lois seront en vigueur partout dans le monde.

    Session : Addressing structural barriers: How can we do better? (PL02) / Présentation : Michaela Clayton, Breaking barriers: Challenging HIV criminalization to counter inequalities, 24 juillet, 9:23 – 9:48, AIDS 2024 Munich.

    EH

  • Ouganda, octobre 2023, la saison des sauterelles doit débuter. Ce met délicat, très apprécié, est aussi une source de revenus complémentaires pour nombre de jeunes employés dans le secteur informel. Malheureusement, cette année-là, les sauterelles attendues ne sont pas arrivées à temps en raison des changements climatiques rendant les hommes oisifs, « ouverts à l’écoute » nous rapporte Anne Nanyonjo, de l’association PillPower en Ouganda, au cours d’une session sur le partage des stratégies d’aller-vers.

    Cette dernière a présenté une campagne de dépistage très innovante. L’association PillPower Uganda a en effet profité de ces regroupements pour mener des campagnes de lutte contre le VIH dans les centres urbains où s’était installés les jeunes hommes pour la saison.

    Calquant leurs méthodes sur celles de la capture des sauterelles, l’association a réalisé la campagne au clair de lune, utilisant des projecteurs et des écrans pour présenter les témoignages de personnes vivant avec le VIH. Les conseillers ont également discuté de prévention : l’utilisation du préservatif, de la prophylaxie pré-exposition (PrEP) et de la prophylaxie post-exposition (PPE). A la suite de ces discussions, les membres de l’association proposaient des séances gratuites de counseling ou de dépistage.

    Au total, 2 809 jeunes ont bénéficié des services de conseil et de dépistage du VIH, dont 32 ont été testés positifs. 94 % d’hommes ont bénéficié des services de dépistage du VIH, contre 6 % pour les femmes. Ces campagnes « au clair de lune » ont contribué à hauteur de 35 % du nombre total de personnes ayant bénéficié de services de dépistage du VIH dans le district. Ces séances ont aussi attiré d’autres publics que celui attendu, comme des travailleuses du sexe, des chauffeurs de camion longue distance et des employés de bar.

    Anne Nanyonjo a mis l’accent sur le coût-efficacité de cette opération à grande portée et insiste sur l’importance de continuer des programmes de diffusion des connaissances sur le VIH. L’événement « couvert par l’obscurité » a permis d’offrir des services liés au VIH à de nombreux jeunes hommes dans un environnement détendu, plus propice à l’échange. L’association a d’ailleurs l’intention de rechercher et d’utiliser davantage d’opportunités « au clair de lune » pour mener des campagnes de sensibilisation et des tests de dépistage du VIH.

    Session : Meeting people where they are: Interventions to support testing / Présentation : Anne Nanyonjo, Innovations in HIV testing. A story of how we utilized a failed grasshopper harvesting season to conduct moonlight HIV testing and counselling among young men in Uganda, 24 juillet, 15:27 – 15:35 Aids2024 Munich

    TB

     

  • Riche en échanges, la 25ème conférence internationale sur le sida (AIDS2024) proposait un session intitulée « HIV Science for the Future », regroupant des scientifiques de premier plan.

    Lors de cette session, Françoise Barré-Sinoussi, prix Nobel de médecine 2008 et présidente de Sidaction, Jeannie Marrazzo, médecin-chercheuse américaine et spécialiste des maladies infectieuses (NIAID, États-Unis) et Reena Rajasuriar, professeur associée au département de médecine de l’université de Malaya (Malaisie), ont répondu à une série de questions sur l’avenir de la recherche.

    Ces trois chercheurs de renom ont notamment parlé des collaborations mondiales en matière de recherche, donnant un aperçu des leçons tirées de la pandémie du VIH et de leur pertinence dans le contexte des réalités pandémiques actuelles. Ensemble, ces experts ont proposé une série de pistes que doit suivre la recherche sur le VIH. Voici la synthèse de leurs échanges :

    • Avons-nous les connaissances scientifiques nécessaires pour guérir le VIH ?
      Les avis divergent quant à la progression vers une cure. Certains pensent que nous avançons dans la bonne direction mais que nous devons intensifier nos efforts, notamment dans le développement de vaccins et la compréhension des mécanismes d’inflammation et des troubles métaboliques liés au VIH. D’autres soulignent l’importance de rendre les outils scientifiques accessibles aux communautés concernées et de se concentrer sur la science de l’implémentation, incluant les facteurs sociaux et les comorbidités.
    • La recherche d’un remède reste-t-elle essentielle malgré les ARV ?
      La réponse à cette question doit venir des personnes vivant avec le VIH (PVVIH), qui majoritairement aspirent à une guérison ou à une rémission pour échapper au stigmate et à la discrimination.
    • Les traitements à action prolongée sont-ils vraiment révolutionnaires ?
      Tout ce qui limite la transmission du VIH est une avancée majeure. Il est crucial de développer de nouvelles molécules pour offrir des choix variés en matière de prévention.
    • Quels modèles de recherche faut-il remettre en question ?
      Il est nécessaire d’améliorer, au niveau mondiale, les mesures de la charge virale et d’inclure des indicateurs tels que la qualité de vie dans les soins cliniques de routine.
    • Qu’en est-il des technologies bNAbs ?
      Les avancées autour des bNAbs offrent des perspectives prometteuses pour la cure. Mais il est pour le moment important de se concentrer sur les traitements à action prolongée et la PrEP, avec des options comme le lenacapavir.
    • Quel importance à traiter la personne dans son ensemble ?
      Les essais cliniques doivent considérer le patient dans sa globalité, car le VIH est souvent l’un des nombreux problèmes auxquels les personnes vivant avec le virus sont confrontées.
    • Pourquoi inclure les PVVIH dans la recherche ?
      Leur implication permet de diriger la recherche vers des priorités réellement pertinentes, souvent négligées, comme par exemple les besoins des usagers de drogues. Les retours des communautés concernées sont essentiels pour orienter les programmes de recherche.

    Session : HIV science for the future (SS02)

    SF

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