À 18 ans, cette jeune Burundaise née avec le VIH, ambassadrice du réseau Grandir ensemble et paire éducatrice pour l’ANSS, porte la voix des jeunes Africain·e·s à l’international.
« J’ai toujours été malade, mais je n’ai été dépistée qu’à l’âge de 11 ans. » À l’époque, pas question pour ses parents de lui révéler qu’elle est porteuse de la maladie. Elle prend plusieurs médicaments par jour et s’interroge. Sa maladie, elle la découvrira toute seule quelques mois plus tard, lors d’un séminaire sur le VIH organisé à son école. « Je me reconnaissais dans toutes les informations. » Elle fait alors une prise de sang et tombe sous le coup de la nouvelle. « J’étais dévastée, j’avais très peur du jugement. » Elle tait alors sa séropositivité, par crainte de la stigmatisation, extrêmement répandue au Burundi.
Le déclic de l’éducation par les pairs
Prise en charge par l’Association nationale de soutien aux séropositifs et malades du sida (ANSS), elle assiste à des groupes de parole et suit des programmes d’éducation par les pairs. « À 14 ans, j’ai trouvé la force de me relever, j’ai eu envie d’être combative pour la cause des jeunes. » En 2017, elle assiste à une formation pour devenir paire éducatrice et s’engage dans la bataille contre le VIH. Elle anime alors des groupes de parole et suit des jeunes à domicile. « Je voulais défendre les autres personnes vivant avec le VIH (PVVIH), celles et ceux qui se suicident ou qui abandonnent leur traitement. Nous devons accepter ce que nous sommes et avoir plus de force. » Le fait d’avoir surmonté les mêmes obstacles, d’être passé par la même solitude, sa capacité de s’adapter à l’autre, de porter son message, son énergie, sa spontanéité, sa lumière… C’est pour toutes ces raisons qu’Amanda a été désignée afin de faire résonner un plaidoyer au niveau national et international, et revendiquer ainsi une meilleure prise en compte des enfants et adolescent·e·s touché·e·s par le VIH.
Un rôle très fort
À la 6e Conférence de reconstitution des ressources du Fonds Mondial, qui s’est tenue à Lyon en octobre dernier, elle a rappelé, lors d’un discours frappant, aux côtés d’Emmanuel Macron, les retards de traitements, les difficultés de prises en charge et de soins, les discriminations et les autres obstacles que rencontrent les jeunes PVVIH. « Nous ne réclamons rien de plus que le respect de nos droits. Le droit à la santé (…), le droit à l’éducation (…), le droit de vivre et d’espérer un avenir. » Au niveau mondial, 68 % des nouvelles infections concernent en effet les jeunes et seulement un enfant sur deux a accès aux traitements. À l’issue de cette conférence, 14 milliards de dollars ont pu être réunis pour poursuivre la lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme de 2020 et 2022. Une avancée essentielle pour mettre fin à l’épidémie. « Mon rôle est fort, je porte beaucoup de visages, des milliers de jeunes parlent à travers moi. » L’expérience a beau être intense pour cette jeune fille de 18 ans, elle continuera longtemps à porter la parole de cette « jeunesse vivante ».
Retrouvez les différents témoignages d’Amanda sur YouTube :
https://www.youtube.com/watch?v=7TXg1gHGxXA&list=PLhgoflT-JCU54bmYFTqRdDzxR-mURm_no