Faire un test du VIH dans un laboratoire de ville sans ordonnance ? Cela est désormais possible à Paris et dans les Alpes-Maritimes. « Fin 2017, nous avons lancé un cri d’alarme auprès de la mairie de Paris et de l’Agence régionale de santé (ARS) en constatant que les différentes offres de dépistage étaient insuffisantes pour enrayer l’épidémie », explique Eve Plenel, directrice de Vers Paris sans sida. « Une étude de l’Inserm de 2016 a estimé à 3 600 le nombre de personnes vivant à Paris avec le VIH sans le savoir, parmi lesquelles environ 1 700 HSH (hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes) et 1 300 à 1 400 hommes ou femmes originaires d’Afrique subsaharienne », ajoute-t-elle.
Deux populations exposées
Dans le département des Alpes-Maritimes, « on estime que 600 personnes par an sont infectées sans le savoir : des HSH à 60 %, voire 70 %. Les autres sont des personnes hétérosexuelles qui, pour moitié, sont nées en dehors de France », souligne le Dr Pascal Pugliese, président du Corevih Paca-Est. Pour donner un nouvel élan au dépistage, Paris et Nice ont donc choisi de faciliter l’accès aux laboratoires de ville. Les HSH qui, selon les recommandations de la Haute Autorité de santé, sont invités à faire un test tous les trois mois, ainsi que les personnes migrantes, sont particulièrement concernés. L’opération sera testée du 1er juillet 2019 au 30 juin 2020. L’Assurance maladie remboursera aux laboratoires les tests de personnes ayant un numéro d’assuré social, y compris celles bénéficiaires de l’AME ou de Puma[1]. « À Paris, le dispositif sera aussi ouvert aux personnes n’ayant aucun droit ouvert. Les tests seront alors financés par l’ARS », indique Eve Plenel.
Compléter l’offre des Cegidd
À Paris, on recense 170 laboratoires et 107 dans les Alpes-Maritimes alors que, dans le même temps, on dénombre 11 Cegidd dans la capitale et seulement 2 dans le département du Sud. « Ces Cegidd sont largement saturés alors que les laboratoires de ville sont ouverts de 7 à 19 heures du lundi au vendredi et le samedi matin. Ce qui peut être une solution plus pratique pour des personnes qui ont peu de temps pour se rendre dans un Cegidd ou chez un médecin pour obtenir une ordonnance », indique Eve Plenel. Mais le but n’est surtout pas de prendre la place des Cegidd ou des associations communautaires qui font du dépistage rapide. « On veut proposer une offre complémentaire, indique Pascal Pugliese, en insistant sur un autre aspect important : la possibilité, en cas de test positif, d’orienter très vite les patients vers le soin. À Nice et Paris, un numéro dédié à disposition des laboratoires de ville permettra de trouver une consultation VIH hospitalière dans les 24 à 48 heures. »
[1] Protection universelle maladie, qui remplace la CMU depuis le 1er janvier 2016.
Plus d’information sur http://www.vihtest.paris/