vih Au niveau mondial, l’épidémie de VIH est loin d’être endiguée

26.06.20
Kheira Bettayeb
5 min

Grâce au dépistage et aux traitements antirétroviraux, l’épidémie de VIH a beaucoup reculé ces dernières décennies. Cependant, elle est loin d’être éradiquée. Dans certaines régions, la situation demeure même préoccupante. D’où la nécessité d’intensifier la riposte.

D’après les derniers chiffres de l’Onusida, 37,9 millions de personnes dans le monde sont contaminées par le VIH, soit l’équivalent de la population canadienne. Près de 95,5 % (36,2 millions) des personnes vivants avec le VIH (PVVIH) sont des adultes et 4,5 % (1,7 million), des enfants de moins de 15 ans. Depuis le début de l’épidémie, le virus a infecté 74,9 millions de personnes dans le monde et en a tué 32 millions.

Apparue au début des années 1980, l’épidémie de VIH s’est rapidement propagée : le nombre de personnes infectées a grimpé de 2,4 millions en 1985 à 28 millions en 2000, soit une multiplication par un facteur 11. La pandémie a atteint son apogée en 1997, avec 3,3 millions de nouvelles infections chaque année. Au plus fort de cette crise sanitaire, en 2005, le VIH tuait 1,8 million de personnes dans le monde chaque année.

Des progrès visibles et notables…

Le développement des traitements antirétroviraux (ARV) au milieu des années 1990, puis leur généralisation progressive dans le monde dans les années 2000 ont permis de faire fortement chuter la mortalité liée au VIH, de – 5,5 % par an, de sorte qu’en 2018 la maladie n’a tué « que » 770 000 personnes. Au total, entre 2000 et 2018, les ARV ont permis de sauver pas moins de 13,6 millions de vies.

En parallèle, l’extension du dépistage et des moyens de prévention (préservatif , prophylaxie préexposition [PrEP], etc.) a contribué à diminuer les nouvelles contaminations de – 40 % entre 1997 et 2018, et de passer de 2,9 millions de nouveaux infectés à 1,7 million.

La prévention de la transmission du virus de la mère à l’enfant via la prise d’ARV lors de la grossesse a permis de réduire de 41 % les nouvelles contaminations chez les enfants (160 000 en 2018 versus 280 000 en 2010), « avec des résultats remarquables au Botswana (– 85 %), au Rwanda (– 3 %), au Malawi (– 76 %), en Namibie (– 71 %), au Zimbabwe (– 69 %) et en Ouganda (– 65 %) depuis 2010 », se réjouit l’Onusida.

Il n’empêche, « le VIH reste un problème majeur de santé publique de portée mondiale », rappelle l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Et pour cause : tout le monde n’a pas encore accès aux tests de dépistage, aux traitements et aux soins. Concernant spécifiquement les ARV, 38 % des PVVIH dans le monde n’en bénéficient toujours pas. Chez les enfants et les adolescents, ce taux s’élève même à 54 %.

… mais insuffisants à enrayer l’épidémie

Mais joue aussi l’« épidémie cachée », à savoir la transmission du virus par les personnes qui ignorent leur séropositivité et sont de ce fait ni dépistées ni traitées : à l’échelle mondiale, pas moins de 21 % des PVVIH (8,1 millions), soit 2 sur 10, sont dans ce cas.

Conséquence, le nombre de nouvelles contaminations dans le monde ne diminue quasiment plus : selon une importante étude publiée en 2016par le réseau Global Burden of Diseases (GBD, pour « charge mondiale de la maladie » en français), depuis 2005, ce taux est resté « relativement constant » à environ 2,6 millions par an… alors qu’entre 1997 et 2005, il a baissé de pas moins 4,8 % par an (3,3 millions de nouvelles infections en 1997, contre 2,6 millions en 2005). Pire : le nombre de nouveaux cas a augmenté « de façon préoccupante » dans certaines régions : en Europe et l’Est et en Asie centrale (+29 %), au Moyen-Orient et en Afrique du Nord (+10 %) et en Amérique latine (+7 %).

De fait, si d’impressionnants progrès ont été réalisés dans certaines régions, dont l’Europe de l’Ouest, la situation reste préoccupante dans d’autres. Notamment en Afrique, qui concentre à elle seule plus des deux tiers des PVVIH (25,7 millions).

Par ailleurs, les jeunes femmes âgées de 15 à 24 ans restent particulièrement touchées, surtout en Afrique subsaharienne et aux Caraïbes – en raison de facteurs biologiques et sociaux qui augmentent leur risque de contamination : plus grande fragilité de la muqueuse vaginale, plus grande précarité économique qui favorise la prostitution, etc. Globalement, elles sont deux fois plus susceptibles d’être infectées que les jeunes hommes du même âge.

Restent également très touchées les populations clés : les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH), les consommateurs de drogues par injection, les personnes détenues en prison et dans d’autres milieux fermés, les travailleur·euse·s du sexe et leurs clients et les transgenres. « En 2018, pour la première fois, les membres de [ces] groupes et leurs partenaires sexuels ont représenté plus de la moitié des nouveaux cas d’infection dans le monde (54 % selon les estimations) », souligne l’OMS. 

En juillet 2019, afin d’accélérer la lutte contre le sida et d’atteindre, partout et pour tous, l’objectif des « 90-90-90 » (90 % des PVVIH diagnostiqués, 90 % des PVVIH dépistées traitées, et 90 % des PVVIH traitées présentant une charge virale indétectable), l’Onusida a appelé tous les partenaires impliqués « à redoubler d’efforts et à investir dans la riposte, notamment en finançant à hauteur de ses besoins le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, le dotant d’au moins 14 milliards de dollars ». Bref, malgré de belles victoires, l’épidémie de VIH est loin d’être endiguée.

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