« Mettons fin à l’épidémie de sida. » C’est avec ce mot d’ordre que se tiendront, le samedi 16 juin, au Sénat, les Rencontres nationales sur le VIH, à l’instigation de deux sénateurs : Bernard Jomier, élu à Paris et apparenté au groupe socialiste, et Victoire Jasmin, élue PS en Guadeloupe.
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Mettre fin à l’épidémie de sida… Cet objectif est affiché lors des grandes conférences internationales sur le VIH depuis plusieurs années. Est-ce juste une manière de mobiliser les bailleurs de fonds ou cette éradication de l’épidémie vous semble-t-elle vraiment possible ?
Cet objectif est d’abord celui de l’Onusida, celui de mettre fin à l’épidémie en 2030. Et je crois moi aussi qu’il est possible d’y parvenir, même en l’absence de vaccin. Ce qui serait inédit dans l’histoire de la médecine.
Aujourd’hui, nous avons toutes les armes à notre disposition. Ces dernières années, de nouveaux outils de prévention et de dépistage ont été mis en place, en particulier les Trod [tests rapides d’orientation diagnostique] et les autotests. En France, la PrEP [prophylaxie préexposition] est désormais remboursée. Cependant, malgré ces avancées importantes, on continue de recenser chaque année près de 6 000 nouvelles contaminations en France, ce qui accroît le réservoir viral. Pourquoi n’arrive-t-on pas à endiguer l’épidémie ? Quels sont les freins en ce qui concerne la prévention et le dépistage ? Ce sont des questions dont nous débattrons durant cette journée.
En 2010, Roselyne Bachelot avait lancé un plan pour qu’un test de dépistage soit proposé à l’ensemble de la population via les médecins généralistes. Cette mesure a été un échec. Faut-il plutôt cibler le dépistage sur les populations les plus exposées ?
Oui, il faut être pragmatique. Ce sont les données épidémiologiques qui doivent dicter notre action en matière de dépistage. Aujourd’hui, il y a peu de risques que la grand-mère de Romorantin soit infectée par le VIH. La réalité est que l’épidémie est concentrée dans certaines communautés : les HSH [hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes], les migrants, les personnes transgenres, les travailleuses du sexe… Comment expliquer que le taux de contamination reste aussi élevé chez les HSH avec autant d’outils de prévention à disposition ? Comment expliquer qu’en majorité les personnes migrantes se contaminent après leur arrivée en France ? Il n’est pas possible de répondre à ces questions sans évoquer les discriminations. Car en matière de santé publique, on ne peut pas remporter l’adhésion de communautés qui ont le sentiment d’être stigmatisées et discriminées.
Quel rôle les élus peuvent-ils jouer dans la lutte contre l’épidémie ?
Nous ne vaincrons pas l’épidémie sans une mobilisation collective. C’est la raison pour laquelle nous avons invité des élus de tous les horizons à cette journée. En décembre 2014, nous avions réuni à Paris des maires de grandes villes, venus du monde entier afin de s’engager à tenter d’en finir avec l’épidémie sur leur commune. Depuis, plus de 200 villes s’impliquent dans ce mouvement. Certains responsables politiques estiment que le VIH est une affaire classée. C’est une vision à court terme. C’est oublier qu’il existe toujours, en France, des inégalités d’accès aux soins et au dépistage. Et ces inégalités sont une insulte à notre égalité républicaine.