Quelle est votre sentiment après la clôture, à Lyon, de la Conférence de reconstitution du Fonds mondial de lutte contre le sida, le paludisme et la tuberculose ?
Florence Thune : Nous sommes soulagés de voir que l’objectif de 14 milliards de dollars a finalement été atteint dans la dernière ligne droite. Quand le président Macron a pris la parole, en début d’après-midi, nous en étions à 13 milliards et 920 millions de dollars. Il manquait alors 80 millions qu’Emmanuel Macron s’engageait à trouver avec Bill Gates dans les prochaines semaines. Bien entendu, nous avons été plusieurs à regretter que la France ait décidé d’augmenter sa contribution de 20% au lieu des 25% réclamés par les ONG. Avec une hausse de 25%, l’objectif des 14 milliards aurait été atteint tout de suite. Dans les heures qui ont suivi, le Fonds a finalement annoncé que la barre des 14 milliards était atteinte. Donc, nous y sommes. Ce qui n’était pas évident car, ces derniers jours, voire ces dernières heures, nous avions un peu perdu espoir.
Ces 14 milliards vont-ils permettre de donner un vrai coup d’accélérateur à la lutte contre le sida, le paludisme et la tuberculose ?
C’est un vrai succès d’avoir obtenu cette somme au vu du désintérêt actuel sur la question du VIH. Mais il faut rappeler que ces 14 milliards étaient l’objectif minimal fixé par le Fonds mondial. De son côté, la société civile avait estimé à 18 milliards les besoins nécessaires. Et ce qui nous préoccupe, c’est d’entendre un peu partout qu’avec ces 14 milliards, nous pourrons mettre fin aux trois pandémies à l’horizon de 2030. Comme le souligne Françoise Barré-Sinoussi, la présidente de Sidaction, il faut rester très prudent sur cet objectif. Avec ces 14 milliards, nous pouvons en fait juste continuer à espérer que cela sera un jour possible d’y parvenir.
Cette Conférence de Lyon a aussi permis de mettre en lumière le visage des personnes directement concernées par les trois maladies. Et une des interventions les plus marquantes a été celle d’Amanda Dushime, cette jeune Burundaise de 18 ans, vivant avec le VIH, qui s’est exprimée juste avant le président Macron…
Oui et nous sommes très fiers qu’Amanda ait pu, de manière aussi forte, raconter son histoire, son combat et porter la parole de tous les jeunes du réseau Grandir ensemble que nous soutenons dans 11 pays d’Afrique. Ces dernières années, nous avions constaté que la voix francophone des jeunes vivant avec le VIH était très absente des grandes conférences sur le sida. Ceux qui parlaient étaient très majoritairement des jeunes anglophones. Et nous sommes heureux de voir que, désormais, les jeunes francophones ont l’opportunité de raconter aussi ce qu’ils vivent et surtout de revendiquer eux-mêmes ce qu’ils souhaitent pour leur avenir et pour les jeunes qu’ils représentent via ce réseau…