vih Chemsex Forum de Berlin : quelles réponses face à l’usage de drogue en contexte sexuel chez les gays ?

03.04.18
Nicolas Gateau
3 min
Visuel Chemsex Forum de Berlin : quelles réponses face à l’usage de drogue en contexte sexuel chez les gays ?

Deux ans après la première édition, le forum de Berlin était conçu cette année comme un espace de réflexion à visée pratique pour répondre localement aux enjeux sanitaires soulevés par le chemsex, une pratique qui conjugue sexualité non-protégée et usage de drogues.

Premier objectif du Forum, recueillir des données et faire le point sur le phénomène chemsex. Les résultats de nombreuses études ont ainsi été présentés : ceux, inquiétants, du Dr Mark Pakianathan, médecin au Saint-George Hospital de Londres, montrent que, sur les 39 % des gays de sa patientèle qui consomment de la drogue, 58 % le font en contexte sexuel et 33 % d’entre eux l’injecte. Plus inquiétant, 78 % des chemsexeurs enquêtés consomment plusieurs drogues concomitamment, augmentant ainsi le risque d’overdose et de décès.

L’enquête du Dr Mark Pakianathan fait également état d’un très haut niveau d’incidence des IST, du VIH ou des hépatites dans la population des chemsexeurs. Parallèlement, d’autres conséquences liées aux produits psychoactifs se manifestent : 71 % des répondants admettent ainsi avoir connu un arrêt de travail, une hospitalisation ou une overdose, des problèmes de couple, voire des poursuites judiciaires.

Face au phénomène, et l’urgence qu’il pose en termes sanitaires – les conséquences physiques, psychiques ou sociales du chemsex étant parfois violentes pour les usagers -, l’objet du second Forum était également de proposer des pistes pour coordonner les réponses à apporter eu Europe.

Toutes les interventions se sont accordées sur l’importance d’apporter une réponse centrée sur les personnes concernées par le phénomène. Adaptée à chacun, elle doit prendre en compte la dimension multifactorielle du recours aux drogues, en intégrant la santé sexuelle et la santé mentale, et prendre place dans un cadre compréhensif et non-jugeant. Elle doit surtout être pratique, en accompagnant vers l’abstinence les usagers qui en ressentent le besoin ou, et ce n’est pas antinomique, en les formant à la réduction des risques, qu’ils soient sexuels ou liés aux produits.

Sur cette base, deux initiatives ont ainsi été mise à l’honneur. Celle de l’association Mainline, aux Pays-bas, qui propose deux groupes d’auto-support, l’un sur la réduction des risques, l’autre sur l’arrêt du chemsex, ainsi que différents kits, brochures et un site – tous nourris de l’expérience des usagers – d’information sur la réduction des risques. Autre dispositif à l’honneur, celui d’Aides en France qui propose des dépliants pratiques sur le chemsex, un groupe d’auto-support sur Facebook, une ligne d’écoute dédiée, des soirées d’échanges au Spot à Paris, les « chill-out », ainsi que de l’outreach au sein des soirées où se réunissent les chemsexeurs.

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