Convention nationale Sidaction 2016 : « La lutte contre le sida est un mouvement
sociétal » La convention organisée par Sidaction s’est ouverte ce 3 juin à l’Hôtel de ville. Le compte-rendu de la matinée.
Dans la lutte contre le sida, jamais les liens entre personnes vivant avec le VIH, associatifs, chercheurs et militants n’ont été aussi forts. Et la Convention nationale de Sidaction organisée tous les deux ans est là pour le rappeler. « La lutte contre le sida est un mouvement sociétal qui a transformé la relation entre patients, soignants et le monde de la recherche », indique en préambule de cette convention Louis Gautier, président du Fonds de dotation Pierre Bergé.
Et de rappeler les grandes avancées soutenues par le Fonds Pierre Bergé : la création du centre de santé sexuelle, Le 190, du Checkpoint, le financement de systèmes d’accès aux traitements en Afrique. Le Pr. Jean-François Delfraissy, directeur de l’ANRS, rappelle lui aussi combien ces liens permettent de « faire de la recherche pour apporter des réponses concrètes aux patients. » Pour lui comme pour le Pr. Françoise Barré-Sinoussi, il n’est plus non plus possible de dissocier le traitement de la prévention. Et de s’étonner que 15 millions de personnes dans le monde aient pu être traitées en 2015.
« C’est un résultat magnifique ! s’enthousiasme Jean-François Delfraissy. Mais des efforts restent à faire pour atteindre l’objectif des 90-90-90 que s’est fixé l’Onusida pour 2020. »
A savoir que 90% des personnes vivant avec le VIH devront connaitre leur statut sérologique, 90% de toutes les personnes dépistées recevront un traitement antirétroviral durable et 90% des personnes sous traitement devront avoir une charge virale indétectable. « Même si la France est considérée comme un bon élève, il reste encore du chemin à faire, » poursuit le directeur de l’ANRS.
Car les chiffres des nouvelles contaminations ne diminuent pas et sont même en hausse. Plus de 5000 nouvelles contaminations par jour dans le monde. En France, on assiste à une remontée des nouvelles contaminations, en particulier chez les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (HSH). En cause, selon Virginie Supervie, épidémiologiste à l’Institut Pierre Louis d’Epidémiologie et de santé publique, un diagnostic tardif du VIH qui retarde la mise précoce sous traitement.
Et en terme de prévention, le traitement s’impose de plus en plus dans l’arsenal préventif. Notamment la PrEP. « La PrEP est un nouvel outil de prévention qui va changer la donne dans la lutte contre le VIH, » indique Jean-François Delfraissy. Un sentiment partagé par Constance Delaugerre, présidente du Comité scientifique et médical de Sidaction : « La révolution dans la prévention vient des antirétroviraux, devenus au fil du temps mieux tolérés, plus efficaces et plus faciles d’utilisation. » Il ne reste plus qu’à en garantir l’accès universel.
