Comme le souligne un document publié à l’occasion de la crise sanitaire par l’initiative 5%, le dispositif français de coopération international de lutte contre les pandémies, « la diffusion de fausses informations peut produire des réactions de panique injustifiées, de stigmatisation, ou, à l’inverse, des espoirs non-fondés qui éloignent les personnes des mesures de protection scientifiquement validées ». S’il y a bien une leçon à retenir du combat mené contre le VIH depuis 40 ans, c’est que la lutte contre les épidémies passe aussi par l’information : Transversal dresse une liste – non exhaustive – des contre-vérités et autres fake-news entendues sur le nouveau Coronavirus.
- Le nouveau Coronavirus a été créé en Chine, sur la base du VIH
Chaque épidémie charrie son lot de fausses rumeurs. La dernière en date lie le nouveau Coronavirus et le VIH, allant jusqu’à avancer que le virus a été créé par un laboratoire en Chine. Cette infox repose en partie sur une étude indienne, publiée sans relecture sur le site BioRxiv, un site dépôt de prépublication dédié aux sciences biologiques, qui évoque « une similarité étrange » dans les séquences d’acides aminés d’une protéine du virus Covid-19 et dans celles du VIH. Vivement critiquée par la communauté scientifique pour ses approximations, l’étude a depuis été retirée. Quant à savoir si le nouveau Coronavirus a été créé par l’homme, la réponse est non. Comme le précise ainsi sur France Culture le professeur Olivier Schwartz, le directeur scientifique de l’Institut Pasteur : « On peut remonter l’origine d’un virus et on sait, par exemple dans le cas de ce Coronavirus, qu’il vient d’un virus qui est présent naturellement chez certains animaux, chez certaines chauves-souris et également chez le pangolin. Chez ces animaux on peut trouver le virus identique à 90 ou 98 % presque d’homologie. Là, on sait que le virus est passé directement de la chauve-souris ou du pangolin à l’homme. »
- Les antirétroviraux soignent l’infection à Covid-19
Il n’existe actuellement pas de traitement spécifique – ou miracle – contre le nouveau Coronavirus. Pas plus que la chloroquine, rien ne permet, faute de résultats probants aujourd’hui, d’affirmer que les ARVs (en tout cas la combinaison lopinavir/ritonavir) seraient efficaces contre le Covid-19. Cela ne signifie pas pour autant que la recherche contre le VIH ne puisse pas aider à lutter contre l’épidémie : de nombreuses études sont en cours pour étudier l’efficacité, en parallèle avec d’autres options thérapeutiques, de certains ARV. Au niveau européen, une grande étude destinée à évaluer quatre traitements expérimentaux contre le Covid-19 vient de démarrer. Quant au vaccin, il faudra probablement attendre environ 12 à 18 mois.
- Les laboratoires pharmaceutiques nous cachent la vérité
« Bien sûr, on peut guérir du VIH », entend-on souvent : un vaccin ou un remède miracle existerait déjà… Mais voilà, les laboratoires pharmaceutiques ne souhaiteraient pas s’asseoir sur les confortables profits générés par les ARV. Cette conspiration orchestrée par les groupes producteurs de médicaments, évidemment fausse, s’appliquerait également pour le Coronavirus. Aussi, « on » nous « dissimulerait » les traitements efficaces contre le Coronavirus, ou pire « on » aurait créé et diffusé le covid-19, pour favoriser la vente d’un vaccin. Malheureusement, le vaccin contre le nouveau Coronavirus est loin d’être prêt (et celui contre le VIH encore plus loin). Selon l’Agence européenne du médicament (EMA), « il pourrait s’écouler au moins un an avant qu’un vaccin contre le Covid-19 ne soit prêtpour approbation et disponible en quantités suffisantes pour permettre une utilisation généralisée ». La Commission européenne a débloqué 10 millions d’euros pour la recherche d’un vaccin contre le Coronaviruset soutient un projet mettant en lien 300 hôpitaux et 900 laboratoires.
- Des remèdes simples et efficaces existent
Le buis, l’argile ou certaines plantes seraient parfaitement efficaces pour guérir du VIH. Là encore, « on » nous cacherait la vérité. Ce type de raisonnement qui fonctionnait (et fonctionne encore) pour le VIH alimente également des rumeurs autour de remèdes pour soigner l’infection au Covid-19. Ici, comme pour le VIH, la créativité est de mise : pêle-mêle, le rinçage du nez à l’eau de mer, se vaporiser du chlore ou de l’alcool sur tout le corps (ou celui de ses animaux), la consommation d’ail ou d’eau toutes les 15 minutes, les bains chauds, le nettoyage à l’huile de sésame d’objets potentiellement contaminés permettraient de se protéger du Covid-19. La consommation d’alcool et/ou de cocaïne permettraient d’éliminer le virus. Evidemment, rien de tout cela n’est efficace contre le Covid-19. Mais, à défaut d’être vrai, c’est presque drôle. Rappelons que le seul moyen de se protéger contre le COVID-19 à ce jour est de se laver souvent les mains, de respecter les gestes barrières et de porter un masque si l’on est malade.
- Certains groupes de personnes sont plus touchés par le Covid-19
Parce qu’il touchait principalement la communauté homosexuelle et les usagers de drogues injectables, le Sida était étiqueté « cancer des gays », désigné comme une maladie de « marginaux », de drogués, marquant le début d’une longue stigmatisation. A suivre les rumeurs sur le Covid-19, le virus ciblerait spécifiquement certaines communautés : les « blancs » ou les personnes issues des communautés asiatiques. En regard, les réseaux sociaux ont popularisé l’idée que le fait d’avoir la peau noire rendrait résistant à la maladie. Bien sûr, il n’en est rien : aucune preuve scientifique ne vient étayer cette idée, comme le prouve malheureusement la diffusion du virus sur le continent africain. Le nouveau Coronavirus n’épargne potentiellement personne : il peut affecter tous les organismes, même si les personnes âgées et les patients souffrant de certaines maladies (asthme, diabète, troubles cardiaques…) sont plus fragiles et à risque de connaître une forme plus grave de la maladies’ils sont infectés.
- Les moustiques transmettent le VIH et… le nouveau Coronavirus
Autre (vieille) idée reçue, les moustiques seraient un vecteur de transmission du VIH. Comme le rappelle Sida Infos Service : « Lorsqu’il pique, le moustique injecte de la salive et non pas le sang qu’il a ingéré (…) Les moustiques ne transmettent donc pas le VIH ». Aujourd’hui, cette même idée circule sur le nouveau Coronavirus : aucune recherche scientifique n’a pu démontrer que le moustique pouvait transmettre le virus, comme le rappelle l’OMS. Le Covid-19 est un virus respiratoire qui se propage par les projections des personnes infectées. Lorsqu’elles toussent ou éternuent, les postillons éjectés peuvent contaminer toutes personnes à proximité. En revanche, les moustiques sont bien des vecteurs du paludisme, de la dengue, de la fièvre jaune ou du chikungunya.
Pour faire le point sur les rumeurs, répondre aux fake-news, rester informé en protégeant sa santé et celle des autres, une seule solution : consulter les sites officiels du gouvernement, de l’OMS ou encore la page très bien faite que Le Monde consacre aux contre-vérités qui se répandent sur le nouveau Coronavirus.