Les personnes vivant avec le VIH sont-elles plus à risque de contracter le nouveau coronavirus ? Faut-il appliquer des mesures de protection particulières ? Face à la légitime inquiétude que cette épidémie soulève et en l’absence de recommandations officielles, Transversal Mag fait le point.
[article mis à jour le 03-05-2020 / Les connaissances scientifiques sur le Covid-19 sont en constante évolution : pour toutes les questions concernant la maladie, il est recommandé de contacter son médecin traitant]
Avec plus de 131 000 cas confirmés et 24000 décès, l’épidémie de Covid-19 touche durement la France.
La maladie liée au Covid-19 débute, en général, après 2 à 14 jours d’incubation (en moyenne 3 à 7 jours) par des signes cliniques communs aux attaques virales (toux, fièvre ou sensation de fièvre, essoufflement, fatigue, écoulement nasal, douleurs musculaires, maux de tête, maux de gorge). D’autres signes peuvent ensuite apparaître dans certains cas : vomissements, diarrhées, vertiges, conjonctivite. Dans de nombreux cas cependant, la maladie reste asymptomatique : les porteurs du virus peuvent alors le transmettre sans en avoir conscience.
S’il existe des points communs avec la grippe saisonnière – les symptômes et la transmission aérosolisée en particulier – le Covid-19 serait, en l’état des connaissances, deux à trois fois plus contagieux et deux fois plus dangereux en termes de mortalité.
Les PVVIH pas plus à risque, mais sous condition
Les principaux facteurs de risque de formes graves ou de mortalité du Covid-19 connus à ce jour sont l’âge avancé et la présence de maladies associées, les maladies cardiovasculaires, le diabète ou l’insuffisance respiratoire chronique notamment.
En l’état des connaissances scientifiques, rien ne permet d’affirmer les personnes vivant avec le VIH sont a priori plus à risque que les autres de contracter le virus. Rien ne permet également de craindre qu’elles développent une forme plus grave de l’infection, à condition de présenter un niveau de CD4 suffisants (>200/mm3) et un virus contrôlé par un traitement antirétroviral. Cela ne signifie toutefois pas qu’elles peuvent considérer la COVID-19 à la légère. Elles doivent prendre toutes leurs précautions pour se protéger.
En revanche, en se basant sur les précédents constatés avec d’autres virus, il est à supposer que le risque d’une forme grave est probablement plus élevé lorsque le taux de CD4 est bas (<200/ml) ou en cas d’échec virologique sous traitement ou lorsque les PVVIH sont concernées par les maladies listées plus haut.
Se protéger
Toutes les personnes séropositives et leur entourage sont invités à prendre des précautions, étant donné qu’il s’agit d’un nouveau virus pour lequel beaucoup d’inconnues persistent. Il s’agit prioritairement d’appliquer les conseils régulièrement mis à jour par Santé publique France :
· Ne pas se saluer en serrant la main, s’embrasser, se faire d’accolades ;
· Tousser et éternuer dans sa manche ou dans un mouchoir à usage unique.
· Se laver régulièrement les mains au savon ou, en l’absence de point d’eau et de savon, en utilisant une solution hydro-alcoolique ;
· Éviter autant que possible les transports en commun, les lieux publics avec forte densité de population et reporter autant que possible les déplacements en train, en car, ou en avion ;
· Évitez la proximité immédiate de quelqu’un qui a de la fièvre ou qui tousse ;
· Favoriser le télétravail ;
Pour toutes les personnes malentendantes ou ne parlant pas français, des vidéos explicatives sur le Covid-19 et les gestes barrières sont disponibles ici (en arabe, peulh, soninké, chaoui, portugais, roumain et en langue des signes).
Pour les personnes vivant avec le VIH, la Société française de Lutte contre le Sida (SFLS) recommande spécifiquement aux PVVIH de prendre régulièrement leurs traitements contre le VIH et, au besoin, leurs traitements des maladies associées.
La SFLS appelle également à appliquer les recommandations habituelles pour prévenir les complications pulmonaires pour les personnes séropositives : la vaccination annuelle contre la grippe saisonnière, la vaccination contre l’infection à pneumocoque, ainsi que l’arrêt du tabac.
Se préparer
Pour éviter d’avoir à se déplacer trop souvent, les PVVIH doivent s’assurer d’avoir les produits médicaux nécessaires, dans l’idéal pour une période de 30 jours ou plus, et avoir à disposition le numéro de téléphone de votre clinique ou votre praticien pour le cas où vous auriez besoin de conseils.
A noter, pour les PVVIH qui auraient besoin de se réapprovisionner en antirétroviraux : les pharmaciens pourront désormais délivrer, de façon exceptionnelle, leurs médicaments jusqu’au 31 mai, sans renouvellement d’ordonnance, pour éviter toute interruption qui pourrait être préjudiciable à leur état de santé.
Les PVVIH sont également invitées à envisager avec leur famille, leurs proches et leurs amis les possibilités d’entraide en cas de mesures d’éloignement social. Il s’agit de prendre des dispositions pour, au besoin, s’approvisionner en denrées alimentaires et en médicaments, pour s’occuper des enfants ou des animaux de compagnie, etc.
Pour les personnes en situation de précarité, Soliguide centralise toutes les informations utiles aux personnes en situation de précarité. Compte tenu de l’évolution de la situation concernant le coronavirus (COVID-19), restez informé sur le fonctionnement des structures venant en aide aux plus démunis près de chez vous. Retrouvez ci-dessous les structures de première nécessité qui restent ouvertes au public
L’épidémie de COVID-19 peut faire peur et être source d’angoisse. Une attention particulière doit être accordée à la santé mentale des PVVIH. Il est notamment conseillé par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS):
– D’éviter une exposition excessive à la couverture médiatique du COVID-19 et de lire uniquement des informations venant de source sure (en provenance de l’Organisation mondiale de la Santé par exemple). L’OMS a par ailleurs mis en place une espace d’échange d’informations sur WhatsApp, disponible en plusieurs langues ;
– De prendre soin de leur corps : privilégier une alimentation saine et équilibrée, faire de l’exercice, dormir beaucoup et, autant que possible, éviter toute consommation d’alcool et de drogue ;
– De rester connecté avec d’autres personnes, des proches, de la famille ou des associations communautaires qui, pour beaucoup, assurent un suivi à distance par téléphone ou courriel.
Penser à soi, rester en contact avec les autres
Si des symptômes apparaissent (fièvre, toux, difficultés respiratoires…), il est conseillé aux personnes vivant avec le VIH de ne pas se rendre immédiatement à l’hôpital mais, en premier lieu, de contacter par téléphone leur médecin traitant et d’informer leur médecin référent VIH. Comme recommandé par Santé publique France, le port d’un masque chirurgical est également nécessaire pour éviter la transmission du virus. En cas de douleurs ou de fièvre, il est par ailleurs fortement déconseillé de prendre de l’ibuprofène en automédication : le paracétamol est à privilégier.
En cas de grandes difficultés respiratoires, les PVVIH sont invitées à appeler le 15 en urgence.
Pour toutes les questions concernant le nouveau coronavirus, un numéro gratuit a été mis en place, le 0 800 130 000. Pour plus d’information, les PVVIH peuvent également contacter Sida Info Service au 0 800 840 800 ou sur leur site internet.