vih Covid et VIH : la course aux variants

15.04.21
Angeline Rouers
4 min

Un an après le début de l’épidémie causée par le virus SARS-CoV-2, non pas un mais plusieurs vaccins ont été mis au point et distribués à la population. Tout aussi rapidement, un phénomène de mutation du virus, déjà bien connu pour le VIH, a fait craindre une perte d’efficacité de ces derniers. Qu’en est-il ? Quels parallèles faire avec le VIH ? Transversal fait le point.

Le monde entier s’est posé la même question : comment un vaccin contre la Covid a été trouvé si rapidement alors que cela fait 40 ans que les scientifiques planchent sur celui contre le VIH ? Rendons, d’abord, à César ce qui est à César : toutes ces années de recherche sur le VIH ont été bénéfiques pour le développement de ce vaccin contre la Covid.

Elles ont permis d’acquérir des capacités techniques, notamment en matière de biologie moléculaire, permettant de séquencer le virus SARS-CoV-2 très rapidement. Les stratégies de déploiement d’essais cliniques mis en place pour le VIH, afin de tester des traitements et des vaccins, ont fourni une base solide pour tester rapidement les candidats vaccins anti-Covid dans le monde entier.

VIH et SARS-CoV-2 : des virus qui mutent – oui – mais pas à la même vitesse.

Tous les virus mutent, c’est un phénomène naturel. Le virus Influenza (responsable de la grippe) par exemple, cumule lui aussi, comme le VIH ou le SARS-CoV-2, les mutations. Cependant, ces trois virus mutent différemment. Le SARS-CoV-2 cumulerait seulement deux mutations à chaque réplication, c’est moitié moins que le virus Influenza et quatre fois moins que le VIH. Bref, le SARS-CoV-2 mute – oui – mais finalement pas tant que ça, comparé au VIH.

Dans le cas du VIH, le taux de mutation est si important que le nombre de souches existantes est incroyablement varié et continue à s’étendre continuellement. D’où la grande difficulté à développer un vaccin efficace. En effet, c’est lors de l’étape de rétrotranscription (permettant au virus de changer son ARN en ADN) que les erreurs se cumulent : la transcriptase inverse, l’enzyme à l’origine de cette modification, induit une à 10 mutations par génome viral et par cycle de reproductions [i] à quoi s’ajoute le fait que le VIH a un taux de réplication très élevé (entre un et 10 milliards de virus produits chaque jour).  

Pourquoi les virus mutent-ils ? Pour s’adapter à leur environnement. Parfois, ils deviennent plus virulents ou se propagent plus rapidement. D’après les données de l’OMS [ii], les trois variants du SARS-CoV-2 se transmettent effectivement plus facilement. Il n’y a pas encore assez de données sur leur potentielle dangerosité accrue. Une étude récente suggère tout de même une augmentation de la mortalité chez les personnes infectées par le variant anglais [iii].

En dehors de la transmission et la virulence, une question est sur toutes les lèvres : les vaccins actuels protègent-ils des variants ? Leur efficacité serait en effet diminuée si les mutations touchaient des zones reconnues par les anticorps produits après la vaccination.

Ajuster les vaccins actuels et prédire les prochains mutants

L’avantage des vaccins à ARN messager (ARNm) est qu’ils peuvent facilement être adaptés en changeant la séquence du brin génétique utilisé [iv]. Pfizer-BioNtech et Moderna – qui proposent tous deux des vaccins à ARNm – prévoient une injection de rappel adaptée aux mutants ainsi que des essais avec le vaccin modifié en primo-injection [v, vi]. Pour faciliter la distribution rapide de ces vaccins, la Food and Drug Administration (FDA) aux Etats-Unis a d’ailleurs mis en place une mesure exceptionnelle d’autorisation d’urgence.

Notons que, même si d’un point de vue technologique, il est plus difficile d’ajuster les autres types de vaccins, AstraZeneca a aussi prévu une injection de rappel, avec une version adaptée aux variants, qui devrait être disponible d’ici six à neuf mois [vii].

Grâce aux progrès en bio-informatique, il est aujourd’hui possible de prédire les variants qui ont le plus de chance d’émerger dans le futur. Des chercheurs du Massachusetts Institute of Technology (MIT) ont développé un algorithme qui peut prédire les zones les plus susceptibles de muter et qui pourraient avoir un impact fonctionnel sur l’efficacité des vaccins [viii]. Cette équipe s’intéresse tout autant au SARS-CoV-2 qu’au VIH. A nouveau, les recherches sur les deux fronts se servent mutuellement. 

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