La 32ème édition de la Conférence scientifique sur les rétrovirus et les infections opportunistes (CROI) s’est tenu du 9 au 12 mars 2024 à San Francisco, aux États-Unis. Transversal y était : nos brèves.
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Deux nouveaux cas de rémission du VIH
Deux nouveaux cas de rémission prolongée après greffe de moelle osseuse ont été présentés à la CROI 2025. Ces résultats viennent enrichir les connaissances sur les mécanismes de l’éradication du virus et ouvrent la voie à de nouvelles stratégies thérapeutiques.
Le patient de Chicago : une rémission malgré une réactivation transitoire du VIH
Un homme de 67 ans, atteint du VIH et d’une leucémie myéloïde aiguë, a reçu une greffe de cellules souches d’un donneur porteur de la mutation CCR5Δ32/Δ32, mutation connue pour conférer une résistance naturelle au VIH en empêchant son entrée dans les cellules.
Les analyses ont révélé que :
- Un mois après la greffe, son organisme avait complètement adopté les cellules du donneur
- La charge virale a chuté à des niveaux indétectables et aucun ADN viral n’a été retrouvé dans ses cellules sanguines.
- Les anticorps anti-VIH ont progressivement disparu, signe d’une absence de stimulation virale persistante.
Un arrêt du traitement antirétroviral (ATI) a été tenté, mais un rebond viral a été observé déclenchant la reprise immédiate du traitement ART. Une seconde interruption du traitement, deux ans plus tard, a montré une rémission qui dure désormais depuis sept mois sans reprise détectable du virus. Ce cas pourrait démontrer que la réapparition temporaire du VIH après une greffe ne signifie pas nécessairement l’échec d’une potentielle guérison.
Le patient d’Oslo : une rémission prolongée après la greffe
Un deuxième cas a été présenté : celui d’un homme de 58 ans vivant avec le VIH depuis 14 ans et traité pour un syndrome myélodysplasique. Sa greffe a été réalisée avec un donneur familial porteur de la mutation CCR5Δ32/Δ32, alors que le patient lui-même ne possédait cette mutation que sur une seule copie de son ADN.
Les éléments clés de son parcours :
- Une greffe réussie avec un remplacement complet des cellules
- Un épisode sévère de réaction du greffon contre l’hôte
- Un traitement par inhibiteur de kinase (JAKi), qui pourrait également avoir réduit la persistance du virus.
Deux ans après l’arrêt du traitement antirétroviral, aucun virus réplicatif n’a été détecté dans son sang, et seuls des fragments non fonctionnels de VIH ont été retrouvés dans son tissu lymphoïde intestinal. Son système immunitaire ne présentait plus de réponse spécifique au VIH, renforçant l’hypothèse d’une absence de stimulation virale résiduelle.
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CROI 2025 : les enjeux de la PrEP longue durée
Alors que la prophylaxie pré-exposition (PrEP) orale a marqué un tournant majeur dans la prévention du VIH, ses limites en termes d’adhérence et d’accessibilité nécessitent de nouvelles solutions. La PrEP longue durée (Long-Acting PrEP) permettrait de contourner la plupart de ces obstacles. Lors d’un symposium dédié, plusieurs experts ont exposé les avancées scientifiques et les défis qui entravent encore son déploiement à grande échelle.
Des nouveaux outils à notre disposition
Jonathan Li, professeur associé à l’hôpital de Boston, a souligné l’émergence d’une génération de traitements capables de bloquer la réplication virale sur de longues périodes. Face aux limites de la PrEP orale – adhérence insuffisante, efficacité fluctuante – plusieurs options longue durée se développent :
- L’anneau vaginale au dapivirine, actif pendant 28 jours, a montré une réduction significative des infections, bien que son adoption pose des problèmes similaires à la PrEP orale, notamment son adhérence chez les plus jeunes. De plus ce dispositif médical n’a pas reçu l’approbation de la FDA.
- Le cabotégravir, efficace avec une injection tous les deux mois, offre une alternative prometteuse mais soulève quelques obstacles : certaines personnes éliminent le médicament plus rapidement, réduisant leur protection, et des cas d’infection pendant la prise du traitement ont été observées ainsi que l’apparition de résistances.
- Le lénacapavir, une molécule pouvant bloquer le cycle viral à différent moment, semble offrir une protection totale pendant six mois, et une version annuelle est à l’étude. Toutefois, ces molécules injectables posent des défis logistiques et réglementaires, avec une accessibilité encore limitée, notamment pour les pays à ressources limitées.
L’enjeu du dépistage et son accessibilité
Cheryl C. Johnson, experte de l’OMS, a rappelé que le dépistage est la clé d’un accès élargi à la PrEP. Malgré les avancées technologiques (tests rapides, auto-tests, analyses en laboratoire), trop peu de personnes à risque y ont accès. Aujourd’hui, 95 % des dépistages sont réalisés via des tests rapides en milieu communautaire. Cependant les parcours de prévention et traitement s’appuient presque exclusivement sur les infrastructures médicales, parfois méfiantes face à ces dispositifs.
De plus, le manque de financements met en péril ces programmes : les coupes budgétaires américaines pourraient ainsi diminuer de presque 90 % le potentiel de dépistage actuel. Pour l’OMS, l’urgence est de repenser les politiques de dépistage et de simplifier l’accès aux outils de prévention pour atteindre les objectifs mondiaux de réduction des nouvelles infections.
Un déploiement à grande échelle freiné par des obstacles économiques et politiques
Cissy Kityo, directrice du Joint Clinical Research Centre en Ouganda, a mis en lumière le paradoxe de la PrEP longue durée : alors que son efficacité est prouvée, elle reste largement sous-utilisée (moins de 1 % des prescriptions actuelles). Son adoption à grande échelle nécessite un cadre réglementaire international, des financements solides et une production adaptée à la demande. L’approbation du cabotégravir par l’OMS en 2022 est une avancée mais peine à être déployé. L’accès au lénacapavir, prévu dans deux ou trois ans, dépendra du coût fixé par les laboratoires, alors que l’expérience de la PrEP orale a montré l’impact crucial des génériques sur la baisse des prix. La production reste également un défi : Gilead, fabricant du lénacapavir, a annoncé une capacité suffisante, mais la demande pourrait largement dépasser l’offre initiale.
Enfin, la menace la plus pressante vient des coupes budgétaires drastiques de l’administration Trump, mettant en péril les financements du PEPFAR et de l’USAID. La disparition de ces programmes pourrait provoquer un rebond de l’épidémie et une demande accrue pour la PrEP longue durée, sans garantie d’un accès équitable.
Si la PrEP longue durée représente une avancée majeure dans la prévention du VIH, son succès dépendra de la volonté politique et financière de garantir son accessibilité. Pour accompagner l’innovation scientifique, il faut des stratégies globales, incluant des campagnes de dépistages massifs, une production adaptée et des politiques publiques favorables, pour en améliorer l’accès aux populations les plus vulnérables.
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Cure : quelles avancées ?
La Conference on Retroviruses and Opportunistic Infections (CROI) est un rendez-vous scientifique majeur où les chercheurs du monde entier présentent les avancées les plus récentes sur le VIH et les maladies infectieuses associées. L’édition 2025 a mis en lumière les défis persistants de l’éradication du virus, en explorant des stratégies visant à réduire ou éliminer le réservoir viral, principal obstacle à la guérison. Ces avancées ouvrent des perspectives prometteuses et ont été présentée dans le cadre d’une session intitulée : « HIV Reservoirs and Cure Strategies »
- Virémie persistante sous traitement : des mutations identifiées
Étude présentée par Francesco R. Simonetti, The Johns Hopkins University School of Medicine, Baltimore, USA.
Malgré un traitement antirétroviral (ART) efficace, certains patients continuent de présenter une virémie persistante et inexpliquée, compliquant leur prise en charge clinique. Cette étude visait à comprendre les mécanismes sous-jacents de cette virémie insuppressible en analysant les facteurs viraux et cellulaires impliqués.
En étudiant 33 personnes sous ART avec une virémie persistante, les chercheurs ont identifié des mutations spécifiques dans la région 5’Leader du génome viral. Grâce à des analyses approfondies par séquençage, ils ont observé que plus de 90 % des virus présents dans le plasma portaient ces mutations. Celles-ci perturbent l’attachement de l’ARN viral à la machinerie d’épissage, empêchant ainsi la production de nouveaux virions fonctionnels mais favorisant l’expression de séquences défectueuses. Ce sont ces séquences qui sont ensuite retrouvées dans le plasma. Ces résultats indiquent que certains relevé de la virémie sont dues à l’expression de virus défectueux plutôt qu’à une réplication active. Cependant, leur contribution globale à la virémie persistante reste inconnue.
Les prochaines étapes incluent le séquençage détaillé pour modéliser ce processus et mieux comprendre pourquoi la machinerie cellulaire ne stoppe pas cette expression virale anormale.
- Le réservoir se protège du système immunitaire avec le temps
Étude présentée par Weiwei Sun, Ragon Institute of MGH, MIT et Harvard, Cambridge, USA.
L’un des principaux défis à la guérison est le réservoir, susceptible de relancer la production de virus en cas d’interruption du traitement. Cette étude cherche à comprendre comment les cellules du réservoir évoluent au fil du temps et comment elles interagissent avec le système immunitaire.
Les chercheurs ont analysé des échantillons de sang de cinq patients sous ART depuis un an, dix ans et vingt ans. Grâce au séquençage unicellulaire, ils ont caractérisé plus d’un million de cellules mémoire CD4, dont 265 contenaient un provirus intact. Ils ont découvert qu’avec le temps, ces cellules réservoirs exprimaient de plus en plus de marqueurs de survie et de résistance à l’élimination immunitaire. Parallèlement, ils ont observé une accumulation progressive de cellules immunitaires exprimant des marqueurs d’inhibition et de dysfonctionnement.
Ces résultats suggèrent que l’évolution conjointe des cellules réservoirs et des cellules immunitaires crée un environnement favorisant la persistance du virus. Ces découvertes pourraient aider à développer des stratégies pour cibler ces cellules et réduire le réservoir du VIH.
- Une combinaison de molécules pour réduire la taille du réservoir
Étude présentée par Benedicth Ukhueduan, Emory University, Atlanta, USA.
Éliminer le réservoir viral est un enjeu majeur pour une potentielle guérison du VIH. Cette étude a testé une combinaison de deux molécules, AZD5582 et Venetoclax, pour activer et éliminer les cellules infectées chez des macaques sous traitement antirétroviral.
AZD5582 est un agent qui réactive l’expression du virus latent, tandis que Venetoclax est un agent apoptotique qui favorise l’élimination des cellules infectées. Après administration chez 30 macaques infectés par le SIV et sous ART, les chercheurs ont observé une réduction significative de l’ADN proviral intact dans le sang et la moelle osseuse, c’est-à-dire une réduction de la taille du réservoir viral. Cependant, l’arrêt du traitement a conduit à un rebond de la virémie et une reprise rapide de la réplication virale.
Ces résultats montrent que bien que cette combinaison soit prometteuse pour réduire la charge virale latente, elle reste insuffisante pour retarder la reprise de l’infection après l’arrêt du traitement. De futures études chercheront à affiner cette approche en combinant d’autres stratégies.
- Une molécule innovante pour réduire le réservoir viral
Étude présentée par Beatriz Mothe, Fundació Lluita contra la SIDA, Badalone, Espagne.
Une nouvelle approche utilisant une molécule bispécifique (IMC-M113V) ciblant les cellules infectées par le VIH a été testée dans un essai clinique de phase I/II. Ce traitement, qui engage spécifiquement les cellules immunitaires pour éliminer les cellules infectées, vise à réduire le réservoir viral et améliorer le contrôle du VIH après arrêt du traitement.
Douze participants ont reçu des doses croissantes du traitement sur 12 semaines, puis le traitement ART à été interrompu pendant 12 semaines. Après chaque injection, des pics de virémie ont été observés, confirmant l’activation des cellules latentes. Une réduction significative du réservoir viral actif a été constatée, et certains participants semblerait présenter un contrôle de la virémie après l’arrêt du traitement.
Ce traitement représente une avancée prometteuse et de nouvelles études sont en cours pour évaluer des doses plus élevées et des interruptions de traitement plus longues afin d’optimiser son efficacité.
- Essai clinique en Afrique : un traitement pour retarder le rebond viral
Étude présentée par Thumbi Ndung’u, Africa Health Research Institute, Afrique du Sud.
Cet essai clinique de phase 2 est le premier du genre en Afrique à tester un traitement combiné visant à induire une rémission du VIH sans antirétroviraux. Il a évalué la tolérance et l’efficacité de deux anticorps neutralisants à large spectre (bNAbs) associés à un activateur de la réponse immunitaire (VES), chez 20 femmes sud-africaines ayant initié un traitement antirétroviral (ART) précocement. L’objectif est d’induire une forte réponse anti-VIH qui permettrait de contrôler la virémie après l’arrêt du traitement.
Après administration des bNAbs/VES , les participantes ont interrompu leur traitement et ont été suivies pendant 43 semaines ou jusqu’à ce la virémie mesurée nécessite la reprise du traitement.
Aucun effet indésirable grave n’a été rapporté. 20 % des participantes ont maintenu un contrôle durable du VIH sans ART, et 40 % ont présenté un rebond viral atypique avec des oscillations de la charge virale plutôt qu’un retour rapide à des niveaux élevés.
Bien que ce protocole n’ait pas permis un contrôle durable chez toutes les participantes, ces résultats apportent des données précieuses pour l’optimisation des futures stratégies de guérison du VIH.
Cet essai démontre que des études complexes sur la guérison du VIH peuvent être menées avec succès dans des environnements à ressources limitées, en collaboration avec les communautés locales et des partenaires multisectoriels.
- Des cellules souches modifiées offrent un contrôle prolongé du VIH chez des primates
Étude présentée par Ashish A. Sharma, Emory University, Atlanta, USA.
Cette étude explore une approche innovante basée sur la modification génétique des cellules du système immunitaire pour les rendre résistantes au VIH. En ciblant le récepteur CCR5, essentiel à l’entrée du virus, les chercheurs ont conçu in-vitro des cellules souches T CD4 modifiées résistantes au VIH et évalué leur efficacité dans un modèle animal. L’utilisation de cellules souches permettraient au primates de produire ensuite leur propre cellules immunitaire résistantes qui viendraient renforcer leur système et les protéger contre une reprise de la réplication virale.
Vingt primates infectés par le SIV ont reçu une unique dose de ces cellules modifiées. L’interruption du traitement antirétroviral a été initiée 16 semaines après l’injection, et le suivi virologique s’est poursuivi sur 12 semaines.
Cinq primates ont terminé les 43 semaines d’arrêt de traitement en conservant une charge virale faible. Deux d’entre eux étaient toujours indétectable. Huit primates présentaient des signes de contrôle virologique partiel avec parfois de légers rebonds caractérisés par des niveaux de virémie fluctuants et des périodes de charge virale indétectable.
Cette stratégie innovante ouvre la voie à des essais cliniques chez l’homme pour un traitement cellulaire durable contre le VIH, potentiellement combiné à d’autres thérapies.
- Etude RIO : Des anticorps neutralisants pour prolonger le contrôle de la virémie
Étude présentée par Sarah Fidler, Imperial College London, UK.
L’essai clinique RIO, évalue si des anticorps neutralisants à longue durée d’action (bNAbs) peuvent maintenir le contrôle du VIH après l’arrêt du traitement antirétroviral (ART). 68 participants ont reçu deux injections des bNAbs, ou un placebo, avant d’interrompre leur traitement ART. 75 % des participants ayant reçu des bNAbs n’ont pas présenté de rebond virémique après 20 semaines d’interruption. La médiane de rebond était de 62 semaines.
Trois profils de rebond observés : – Rebond rapide ; – Rebond retardé ; – Contrôle prolongé (7 participants toujours sans rebond après 79 semaines d’ATI).
Aucun effet indésirable grave lié aux bNAbs ou à l’arrêt du traitement n’a été rapporté. Tous les participants ont retrouvé une un charge virale indétectable après la reprise de leur traitement. Les bNAbs semblent avoir stimulé la réponse immunitaire spécifique au VIH, permit de contrôler la réplication virale après l’arrêt du traitement et réduit la taille du réservoir viral. Ces résultats confirment le potentiel des bNAbs pour maintenir un contrôle prolongé du VIH après l’arrêt du traitement. De futures études chercheront à prolonger cet effet et à optimiser leur combinaison avec d’autres approches.
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Nouvelles stratégies antivirales contre le VIH
Lors de la session « Antivirals For HIV: New Drug Strategies and Resistance », plusieurs études ont mis en lumière des avancées majeures dans le développement de traitements innovants contre le VIH. Parmi elles, de nouvelles combinaisons thérapeutiques et des formulations à longue durée d’action ouvrent la voie à des stratégies plus efficaces et mieux adaptées aux besoins des patients.
Lenacapavir, Teropavimab et Zinlirvimab : une combinaison prometteuse contre le VIH
Étude présentée par Onyema Ogbuagu, Yale University, États-Unis
Cette étude de phase II visait à évaluer l’efficacité et la sécurité d’une combinaison de traitements : le lenacapavir (LEN), un inhibiteur de capside, associé à deux anticorps neutralisants à large spectre, le teropavimab (TAB) et le zinlirvimab (ZAB). L’objectif était d’examiner si cette combinaison administrée tous les six mois permettait de maintenir une suppression virale comparable aux traitements oraux quotidiens.
Mené sur 80 adultes vivant avec le VIH et déjà sous traitement, l’essai a montré que 96 % des participants sous LEN+TAB+ZAB maintenait une charge virale indétectable (<50 copies/mL) après 26 semaines, un taux équivalent au groupe témoin poursuivant un traitement oral standard. Un seul participant a présenté un rebond de la virémie, développant une résistance au LEN et une perte de sensibilité à l’un des anticorps. Aucun effet indésirable grave n’a été observé, et les réactions aux injections sous-cutanées de LEN étaient généralement légères. Ces résultats confirment le potentiel de cette combinaison comme premier traitement complet semestriel du VIH, avec des analyses en cours pour évaluer l’efficacité et la tolérance à plus long terme.
VH-184 : un nouvel inhibiteur de l’intégrase pour le traitement du VIH
Étude présentée par Luise Rogg, ViiV Healthcare, États-Unis
ViiV Healthcare a présenté un nouvel inhibiteur de l’intégrase de troisième génération, VH-184, qui pourrait constituer une alternative à la dolutégravir (DTG) en raison de sa résistance accrue aux mutations. L’étude de phase 2 a évalué l’efficacité antivirale, la tolérance et l’apparition de résistances lors d’un traitement en monothérapie pendant 10 jours.
Sur 22 participants, VH-184 a montré une puissante activité antivirale, réduisant la charge virale à un niveau indétectable, des résultats comparables au DTG. Aucun mutant résistant aux inhibiteurs de l’intégrase n’a émergé durant l’essai. La tolérance était bonne, avec seulement quelques effets indésirables légers. Ces résultats, combinés aux données de pharmacocinétique et de résistance in vitro, justifient la poursuite du développement de VH-184 comme agent central dans un traitement à longue durée d’action. Des formulations injectables sont actuellement en phase 1 chez des adultes séronégatifs pour évaluer leur potentiel en administration prolongée.
VH-499 : un inhibiteur de capside prometteur pour un traitement prolongé du VIH
Étude présentée par Paul Benn, ViiV Healthcare, Royaume-Uni
ViiV Healthcare a ensuite présenté VH-499, un nouvel inhibiteur de la capside du VIH en développement pour une utilisation en traitement et en prévention à longue durée d’action. Cette étude de phase 2 visait à évaluer son efficacité antivirale, sa tolérance et la résistance virale après 10 jours de monothérapie.
23 participants naïfs de traitement ont été inclus. Le VH-499 a montré une activité antivirale puissante à toutes les doses testées, avec une diminution moyenne de la charge virale atteignant un niveau indétectable. Un participant a développé une résistance émergente. Aucun effet indésirable grave n’a été signalé et le profil de sécurité était favorable. Comme le précédent, ces résultats soutiennent le développement futur du VH-499 en tant que traitement à longue durée d’action. Des formulations injectables sont actuellement en phase 1 pour explorer son administration prolongée.
Lenacapavir en injection annuelle : une avancée majeure pour la PrEP
Étude présentée par Renu Singh, Gilead Sciences, États-Unis
Le lenacapavir (LEN) est déjà reconnu pour son efficacité en prévention du VIH (PrEP) sous forme d’injection semestrielle. Cette étude de phase 1 a testé une formulation injectable intramusculaire du LEN, administrée une fois par an, afin d’améliorer encore l’adhésion au traitement.
40 participants en bonne santé ont reçu une injection unique de 500 mg/mL de LEN, avec des analyses pharmacocinétiques et de tolérance sur un an. Les concentrations plasmatiques de LEN sont restées élevées et stables, supérieures aux niveaux observés avec l’injection semestrielle. À 52 semaines, les taux de LEN dans le plasma étaient égaux ou supérieurs à ceux obtenus avec l’administration à 6 mois, confirmant la possibilité d’un dosage annuel. La douleur au site d’injection était l’effet indésirable le plus fréquent mais restait modérée et disparaissait en quelques jours. Ces résultats valident le lancement d’une étude de phase 3 pour tester l’efficacité du LEN en PrEP annuelle, avec le potentiel de révolutionner la prévention du VIH en améliorant l’observance thérapeutique.
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L’intelligence artificielle au service de la prise en charge
L’intelligence artificielle (IA) s’impose de plus en plus comme un outil clé dans la prise en charge des personnes vivant avec le VIH. Lors de la session « Machine Learning: Gearing Up for the Future », plusieurs chercheurs ont présenté des nouveaux outils de machine learning pour optimiser le suivi des patients, améliorer la prévention et réduire la stigmatisation associée au VIH.
Prédire et prévenir le désengagement des soins
L’un des défis majeurs dans la lutte contre le VIH est d’empêcher les patients de sortir du parcours de soins. Le Dr Thomas Martin (Université de Californie, San Diego) a développé un modèle de machine learning utilisant des données de santé publique pour identifier les patients à risque de perdre le suivi médical. En analysant les tendances de charge virale et d’autres variables, ce modèle permet d’anticiper une rupture de soins et d’intervenir rapidement. Plus de 50 % des profils classés « à risque » par le modèle ont présenté un rebond viral dans les 12 mois qui ont suivis.
Dans une autre étude menée en Tanzanie, Junzhe Shao (Université de Californie, Berkeley) a nourri un modèle de machine learning avec des dossiers médicaux électroniques. Ces données, transformées en texte, sont exploitées par un ChatBot capable de fournir des informations exploitables en matière de santé publique, susceptibles d’orienter des interventions ciblées visant à améliorer la rétention des patients. Comparé aux méthodes traditionnelles, cet outil s’est révélé plus précis et fiable, permettant d’optimiser les interventions ciblées.
Lutter contre la stigmatisation et soutenir la santé mentale
L’IA peut également jouer un rôle crucial dans la lutte contre la stigmatisation et la prévention des troubles psychologiques chez les PVVIH. Diego S. Villanueva Guzman (Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill) a présenté Marvin, un ChatBot conçu pour détecter les signes d’automutilation et les insultes à l’encontre des PVVIH. Grâce à un modèle hybride intégrant ChatGPT, il peut identifier des messages préoccupants et générer des réponses adaptées, telles que des conseils ou des contacts d’urgence. Malgré des résultats prometteurs, une difficulté persistante reste la détection du sarcasme, un défi important pour les ChatBots médicaux.
Si ces outils offrent un potentiel considérable, leur mise en œuvre pose plusieurs défis, notamment en termes de confidentialité des données, d’accessibilité et de transparence. La lutte contre les biais algorithmiques et l’amélioration de la fiabilité des modèles sont essentielles pour garantir une utilisation éthique et efficace de l’IA dans le domaine du VIH.
