Philippe, 53 ans, homosexuel, réside dans le sud de la France.
« Avec mon ex, nous avions un accord : utiliser des préservatifs en cas de relations sexuelles en dehors de notre couple… jusqu’au jour où j’ai découvert qu’il ne respectait pas cet accord. J’ai paniqué.
Depuis que je prends la PrEP, j’ai le sentiment de gérer totalement ma prévention. J’utilise également le préservatif si mon partenaire le souhaite.
Je joue cartes sur table : sur les sites et les applis de rencontre, je mentionne que je suis “PrEPeur” et j’en parle volontiers avec mes partenaires. Quelques-uns ont été convaincus et prennent aussi ce traitement.
Je n’ai jamais subi de réaction négative, mais, sur Internet, certains “PrEPeurs” se disent victimes de stigmatisation. Cette “PrEPophobie” dénote une méconnaissance de ce nouvel outil de prévention qui, pour moi, est aujourd’hui la meilleure protection contre le VIH. »
Médecin infectiologue à l’hôpital de Cayenne (Guyane), Florence Huber a participé à l’initiation de la PrEP auprès de travailleuses du sexe majoritairement migrantes. Une action menée avec l’association Entraides.
« Nous sommes allés à leur rencontre, dans le quartier où elles travaillent, pour parler de santé sexuelle et évaluer au mieux leurs besoins. Au cours des ateliers que nous avons mis en place, nous avons constaté qu’elles étaient assez bien informées sur le VIH et qu’elles se protégeaient la plupart du temps. Mais certaines évoquaient des ruptures fréquentes de préservatifs, générant chez elles une anxiété importante. La découverte de la PrEP a été un soulagement, une possibilité de vivre enfin sans cette épée de Damoclès.
Actuellement, 16 d’entre elles sont sous PrEP, et la demande augmente avec le bouche-à-oreille. Si ces travailleuses du sexe n’ont pas peur d’être stigmatisées parce qu’elles prennent ce traitement, elles craignent en revanche d’être “étiquetées” séropositives si on les voit se rendre à l’hôpital de jour, connu comme lieu de prise en charge des personnes vivant avec le VIH. »
Yolanda, 39 ans, originaire de République dominicaine, travailleuse du sexe en Guyane.
« J’utilise la PrEP depuis cinq mois. Pour moi, c’était une très bonne option parce que travailler dans la rue, c’est prendre des risques d’être contaminée par le VIH.
Depuis que je prends ces comprimés, je me sens beaucoup plus tranquille. Je continue d’utiliser des préservatifs, mais ils se percent ou se déchirent régulièrement, et il arrive qu’un client refuse d’en mettre. Maintenant, je n’ai plus peur, car la PrEP me protège du VIH dans toutes ces situations.
Je ne peux pas dire à ma famille que je prends un traitement en prévention du VIH, car ils ne savent pas comment je gagne ma vie. Mais j’en ai parlé à mes copines et beaucoup sont intéressées ! »