Menée en France, une étude a examiné l’efficacité et la sécurité d’un régime de deux médicaments, la doravirine et le dolutegravir, en maintien chez les personnes vivant avec le VIH (PVVIH).
La doravirine est le médicament le plus récemment approuvé de la classe des inhibiteurs non nucléosidiques de la transcriptase inverse (INTI). Il est indiqué pour le traitement des personnes vivant avec le VIH (PVVIH), qu’elles soient déjà sous ARV ou nouvellement diagnostiquées. Une étude présentée lors de la dernière Conférence européenne sur le sida (EACS 2023) [i] visait à évaluer l’efficacité d’une bithérapie combinant la doravirine et le dolutegravir.
Pour mener à bien cette étude, les chercheurs ont suivi des adultes vivant avec le VIH dont la charge virale était déjà indétectable (moins de 50 copies d’ARN viral par millilitre de sang). Ces participants ont commencé à prendre la combinaison doravirine/dolutegravir entre janvier 2020 et décembre 2022. L’objectif principal de l’étude était d’analyser le taux d’échec virologique, c’est-à-dire le nombre de personnes chez qui la charge virale est redevenue détectable (plus de 50 copies d’ARN viral/ml) sous ce régime. Les chercheurs ont également examiné les raisons qui ont poussé les patients à passer au régime doravirine/dolutegravir, le taux d’interruption du traitement pour des raisons autres que l’échec virologique, et les raisons d’arrêt de ce régime pendant la période de l’étude.
Les données de 240 PVVIH ont été analysées dans le cadre de cette étude. Plus de la moitié de ces patients avaient déjà suivi un traitement à base d’inhibiteur non nucléosidique de la transcriptase inverse (INTI) avant de passer au régime doravirine/dolutegravir. Parmi les raisons fréquentes du changement de traitement, on trouve la simplification du traitement et/ou la réduction du nombre de médicaments, les effets secondaires indésirables et les interactions médicamenteuses.
La durée moyenne de suivi sous le régime doravirine/dolutegravir a été de 403 jours. Pendant cette période, seuls 2 % des patients ont connu un échec virologique, c’est-à-dire que leur charge virale est redevenue détectable. Il n’y a pas eu de différence significative dans les taux de lymphocytes CD4, un indicateur de la fonction immunitaire, entre le début du traitement et la fin de la période de suivi.
Au cours de l’étude, 3 % des patients sont décédés, et 16 % ont interrompu le traitement pour des raisons autres que l’échec virologique. La majorité de ces interruptions sont survenues au cours des trois premiers mois de traitement. Les raisons principales de ces interruptions étaient les troubles neuropsychiatriques (23%), la simplification du traitement (21%) et les troubles digestifs (10%).
Un duo efficace en maintien
Ces résultats suggèrent que le régime à deux médicaments doravirine/dolutegravir est efficace pour maintenir la suppression virale chez les PVVIH, avec un taux de réussite de 98 %. Cependant, la principale raison de l’arrêt de ce traitement était la survenue d’effets secondaires. Les chercheurs estiment qu’il est nécessaire de comparer le taux et les raisons d’interruption de ce régime avec d’autres stratégies à deux médicaments.
Cette étude offre un nouvel aperçu de la manière dont sont perçus et vécus les traitements VIH par les patients. Elle montre également que l’exploration de régimes à deux médicaments continue d’être un domaine de recherche prometteur dans la lutte contre le VIH, notamment pour réduire la charge médicamenteuse des patients et améliorer leur qualité de vie.
[i] O. Robineau et al. Doravirine plus dolutegravir two-drug regimen as a maintenance ART: results from a French cohort study. 19th European AIDS Conference, Warsaw, presentation RA2.O4, 20/10/2023.