vih Du nouveau dans la recherche d’un vaccin contre le VIH

22.01.19
Nora Yahia
5 min

La course au développement d’un vaccin efficace contre le VIH continue plus que jamais. L’approfondissement des connaissances du fonctionnement du système immunitaire permet de cibler avec encore plus de précision les approches et stratégies vaccinales qui pourraient être efficaces. Les récents résultats[II], obtenus indiquent que nous sommes sur la bonne voie. L’arrivée en 2013 des premières protéines recombinantes trimériques SOSIP ont permis de progresser à grand pas dans le développement de nouvelles protéines vaccinales. Ces protéines, développées par Rogiers Sanders[III] et ses collègues de l’université d’Amsterdam, ont en effet la particularité de mimer dans leur conformation originelle les protéines d’enveloppe du virus. Ce travail de longue haleine commence à porter ces fruits. C’est notamment le cas pour les équipes de l’institut américain Scripps Research, auteurs de cette étude. Après une vingtaine d’année de recherche, ils ont réussi à développer un vaccin expérimental avec ces protéines SOSIP, qui en induisant des anticorps neutralisants chez les primates non humains, est capable de les protéger de l’infection par le VIH. 

Une précédente étude du groupe a montré que l’administration de ce vaccin expérimental chez des primates non-humains leur permettait de produire des anticorps neutralisants. Fait intéressant, deux groupes se distinguaient parmi ces animaux: ceux produisant de grande quantité d’anticorps et ceux en produisant beaucoup moins. Le premier objectif de ce vaccin (induire la production d’anticorps) étant atteint, il leurs fallait vérifier si ces anticorps étaient capables de protéger les macaques d’une infection. L’équipe a alors effectué des expériences de « challenge viral », qui consistent à inoculer le virus aux macaques préalablement vaccinés. Pour être au plus proche de la réalité, ce challenge mimait les conditions naturelles d’infection tant au niveau de la dose virale utilisée que du mode d’inoculation. Les macaques présentant un fort taux d’anticorps restaient protégés suite aux multiples challenges, alors que ceux produisant de faible taux d’anticorps s’infectaient rapidement. Ces résultats montrent que la protection induite contre l’infection est donc dépendante du taux d’anticorps produit après vaccination. Néanmoins, les auteurs ont tout de même constaté, chez les macaques produisant beaucoup d’anticorps, que cette protection se perdait au fur à mesure que la quantité d’anticorps diminuait au cours du temps.

Qu’en est-il des autres composants immuns ? Les analyses menées révèlent que cette protection n’est pas dépendante de l’induction d’une réponse immunitaire des lymphocytes T, ni même de la cytotoxicité à médiation cellulaire dépendante des anticorps[IV]. En conclusion de cette étude, le corrélat de protection décrit n’implique que le taux d’anticorps neutralisant et non les autres composants immuns. Autre fait à prendre en compte, les scientifiques ont pu estimer la quantité d’anticorps nécessaire pour protéger contre une infection. Cette estimation pourrait servir de marqueur de référence pouvant être comparé avec de futurs essais. Cette protection s’affaiblissant dans le temps, les chercheurs souhaitent maintenant améliorer leur candidat vaccin pour prolonger cette immunité protectrice. Ils travaillent également à l’optimisation de ce vaccin pour qu’il induise la production d’anticorps neutralisants à large spectre. Si les résultats sont là, les étapes suivantes consisteront alors à tester leur candidat vaccin chez l’homme.

Cette étude bien que pré-clinique et préliminaire permet d’apporter de nouvelles preuves de concept quant au rôle des anticorps neutralisants dans la protection contre le VIH. Il est important de noter que pour la première fois ici, le vaccin induit une protection contre une souche virale SHIV chimérique difficile à neutraliser. Ce virus SHIV correspond à un virus d’origine simienne (VIS) contenant la protéine d’enveloppe d’un virus d’origine humaine (VIH). Cette souche VIH est particulière car elle correspond à une souche identifiée comme « Tier2 » [V] car difficilement neutralisable (comme cela est le cas pour une majorité de souches circulant chez l’homme). 

Notes

[i] https://www.cell.com/immunity/fulltext/S1074-7613(18)30493-X

[ii] https://www.sidaction.org/sinformer/transversal/articles/821-Sommes-nous-proches-de-trouver-un-vaccin-efficace-contre-le-VIH-

[iii] https://journals.plos.org/plospathogens/article/authors?id=10.1371/journal.ppat.1003618

[iv] La cytotoxicité à médiation cellulaire dépendante des anticorps, généralement abréviée ADCC est un mécanisme de défense immunitaire par lequel une cellule immunitaire lyse une cellule cible marquée par des anticorps liés à des antigènes présents à sa membrane.

[V] Les virus VIH sont regroupés en 3 niveaux en fonction de leur sensibilité à la neutralisation par les anticorps. Les virus les plus facilement neutralisables sont classés Tier1, les virus les plus difficiles à neutraliser sont classés Tier3. La plupart des virus en circulation appartenant au groupe Tier2, il est nécessaire de disposer de vaccins capables d’induire des anticorps dirigés contre eux.

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