« Le sida, bientôt éradiqué ? » Ce titre d’article de presse récent nous montre le chemin parcouru depuis la découverte du virus, en 1983, époque durant laquelle apprendre sa séropositivité résonnait comme une condamnation à mort. Les fulgurants progrès de la recherche, auxquels Sidaction contribue depuis maintenant vingt-cinq ans, auront non seulement permis aux personnes séropositives de rester en vie lorsqu’elles ont accès aux traitements, mais ils auront également rendu possible la diminution du risque de transmission grâce aux effets préventifs de ces mêmes traitements.
En revanche, s’agit-il pour autant d’être aussi optimiste que ce titre de presse ? Quel chercheur, quelle chercheuse, s’aventurerait aujourd’hui à non seulement parler « d’éradication », mais, en plus, à la situer dans un proche avenir ? Personne à notre connaissance, et ce numéro de Transversal nous rappelle ce que sont véritablement les pistes de recherches les plus réalistes.
Se distille actuellement dans les esprits ce sentiment que tout est « bientôt » réglé, que l’on peut passer à autre chose et, fi nalement, oublier que le VIH est toujours là, lui qui pourtant développe déjà, en Afrique notamment, ses stratégies de résistance à certains antirétroviraux.
À l’occasion de ses 25 ans, Sidaction n’oublie pas les 960 000 personnes que le virus du sida tue encore chaque année ou les 1,8 million qu’il contamine au cours de la même période. Le VIH ne manque d’ailleurs pas de se rappeler à nous lorsqu’on nous refuse l’entrée d’un pays du fait de notre statut sérologique ou lorsque l’on peut être envoyé en prison pour ne pas avoir divulgué sa séropositivité à son partenaire sexuel, comme cela a été le cas pour Kerry Thomas, cet homme séropositif américain, condamné à trente ans de prison alors qu’il avait pourtant utilisé un préservatif et que sa charge virale était indétectable. Quand le VIH ne tue pas, c’est la société qui s’en charge.