vih En direct de HIVR4P: comprendre l’infection précoce pour mieux concevoir les stratégies de prévention et de rémission fonctionnelle

23.10.18
Nora Yahia
4 min

Malgré les nombreux outils préventifs et thérapeutiques disponibles pour lutter contre l’infection par le VIH, il reste encore aujourd’hui des régions où l’épidémie continue de sévir fortement. De nombreuses populations clés sont encore très vulnérables à l’infection. Parmi elles, les jeunes femmes d’Afrique Sub-Saharienne qui, victimes de normes de genre et d’un manque d’accès à une éducation, sont particulièrement touchées. Il devient primordial de comprendre quels sont les facteurs comportementaux et les mécanismes biologiques à l’origine de ces risques élevés d’infection pour cette population, afin d’établir des stratégies de prévention adaptées.

C’est dans cette optique que la cohorte intitulée FRESH[1] (Females Rising through Education Support and Health) a été mise en place dans la région du Kwala-Zulu, où l’épidémie est très forte chez les jeunes femmes (l’incidence d’acquisition du VIH y est de 10 pour 100 personnes). L’originalité de cette étude réside dans le fait que ces femmes ont eu accès à des formations sur la santé sexuelle (avec mise à disposition de moyen de prévention) et le développement personnel (aide pour la recherche d’emploi). Ces formations mises en place pour encourager les jeunes femmes à adhérer au protocole, leur sont extrêmement bénéfiques pour l’épanouissement de leur vie personnelle.

Les jeunes femmes de cette cohorte étaient suivies très régulièrement afin de détecter le plus tôt possible une éventuelle infection au VIH. Des tests de dépistage ARN et des prélèvements sanguins ont ainsi été réalisés deux fois par semaine pendant 9 mois, et des biopsies ont également été réalisées avant et après infection pour un suivi complet Avec cette méthode de suivi, ils ont pu détecter 74 infections au stade précoce et mettre rapidement sous traitement soixante d’entre elles. Les résultats de l’étude concernant les paramètres immunologiques montrent que la mise sous traitement précoce entraîne une réponse anticorps et cellulaire (lymphocytes T CD8) de plus faible magnitude que chez les personnes non traitées. Cependant la réponse des lymphocytes T CD8 présente une bien meilleure fonctionnalité. La prolifération des lymphocytes TCD4 spécifiques est également préservée, et les personnes précocement traitées ne présente pas de séroconversion. Concernant les paramètres virologiques, bien que le traitement précoce diminue le pic de virémie (mesuré par la quantité d’ARN viral dans le sang) il ne semble pas agir sur l’établissement du réservoir viral. En effet, le virus est retrouvé dans les ganglions des participantes sous traitement précoce. Cependant, il semblerait que l’initiation précoce du traitement entraîne une légère diminution au cours du temps du taux d’ADN viral (qui caractérise le réservoir viral).

Mais alors comment arriver à induire une rémission totale ? Le Dr Ndung’u a exposé une possible approche qui pourrait tendre vers cette voie. Il s’agirait de combiner ce traitement précoce qui permet d’avoir un réservoir plus faible et de conserver des fonctions immunes avec l’utilisation d’anticorps neutralisants à large spectre (pour éliminer spécifiquement les virus) et d’agents modulateur de la réponse immune (comme des agonistes de récepteurs TLR[2]). Cette combinaison va être testée au sein de la cohorte FRESH. Les participantes traitées précocement ayant une charge virale indétectable depuis plus d’un an recevront deux injections d’une combinaison de bNAbs[3] associées ou non à des agonistes de TLR (avant et après l’interruption du traitement). Elles seront surveillées sur le long terme pour un éventuel rebond viral. Si les résultats sont encourageants, les participantes se verront alors proposer de stopper leur traitement ARV.

[1]     https://www.thelancet.com/journals/lanhiv/article/PIIS2352-3018(17)30150-9/fulltext

[2]    TLR ou Toll Like receptor : ce sont des récepteurs présents chez certaines cellules immunitaires qui sont capables de reconnaitre différents motifs molculaires conservés de pathogènes (bactéries, virus, etc) et induire une réponse immune de la part de ces cellules.

[3]   BNAbs : anticorps neutralisants à large spectre

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