Le Dr Rosemary Bastian de l’université Northwestern (USA) a présenté les résultats de son étude du rôle des mucines sur le pouvoir neutralisant des anticorps dirigés contre le VIH. Les mucines entrent dans la composition du mucus qui est sécrété au niveau des muqueuses notamment génitales. Ce mucus représente une première barrière de défense rencontrée par le virus lors de l’infection. Le Dr Bastian s’est intéressée à deux mucines MUC5AC et MUC2 retrouvées au cours de la transmission virale, au niveau du vagin et du rectum respectivement ; qui forment des complexes avec les anticorps. Les analyses menées in vitro sur ces complexes montrent qu’ils induisent de nombreux effets. Complexées à des bNAbs, les mucines vont en augmenter le pouvoir neutralisant. Cet effet est d’ailleurs fortement augmenté (7000 fois) quand l’anticorps neutralisant (le VRCO1) est combiné aux deux mucines MUC5AC et MUC2. Des anticorps non neutralisants combinés à ces mucines peuvent alors neutraliser les virus. Enfin, ces complexes mucines-anticorps semblent réduire la diffusion des virus en agissant sur leur motilité.
Le Dr Marta Rodriguez-Garcia (Ecole de Médecine de Giesel, USA) a discuté du rôle des neutrophiles dans la protection de la muqueuse vaginale contre l’infection par le VIH. Les neutrophiles participent à la protection des muqueuses contre les infections bactériennes et fongiques via différents mécanismes. L’un d’eux consiste à libérer des filaments d’ADN couplés à des protéines granulaires ayant des propriétés microbicides. Ces filaments sont nommés NETs pour Neutrophil Extracellular Traps. Pour autant leur rôle dans l’infection par le VIH est peu connu. L’étude menée in vitro à partir de neutrophiles isolés de tissus génitaux a montré que la mise en contact de neutrophiles avec des particules virales, entraînait dans les minutes suivantes une libération de NETs. Ceux-ci attrapent les virus et les inactivent les empêchant ainsi d’infecter de nouvelles cellules. Ce nouveau mécanisme de protection de la muqueuse peut ouvrir la voie à de nouvelles stratégies de prévention du VIH.
L’étude de ces mécanismes impliqués en premières lignes de défense et les découvertes qui en découlent pourraient ouvrir la voie vers la mise en place de nouvelles stratégies de prévention plus adaptées où ces différents composants biologiques pourraient agir en synergie avec les différents moyens de prévention existant (préservatifs, PreP, anneaux vaginaux et gels microbicides).