vih En direct de HIVR4P : que peut-on apprendre de l’immunité anti-VIH chez les enfants ?

21.11.18
Nora Yahia
4 min

En 2017, l’ONUSIDA a recensé 1,8 million d’enfants (moins de 15 ans) vivant avec le VIH[i] et 180 000 nouveaux cas d’infection. Bien que le nombre de nouvelles infections chez les enfants ait diminué de 35% par rapport à 2010, l’accès au traitement pour cette population n’est seulement que de 52%. Les traitements déjà en place ne sont pas forcément adaptés aux plus jeunes populations. Des groupes de travail ont vu le jour pour répondre à ces besoins, à l’instar du groupe de travail de l’OMS PAWG (Paediatric ARV Working Group) et du GAP-f[ii] (Global Accelerator for Paediatric Formulations) dont l’objectif est de promouvoir une approche plus rapide, plus efficace du développement de formulations pédiatriques. Une autre approche, complémentaire de la première, est de comprendre au mieux comment le système immunitaire des enfants répond face au virus VIH, afin d’optimiser ces approches thérapeutiques mais également préventives.

Au cours de la conférence, les Drs Maximilian Muenchhoff et Julia Roider (Université Ludwig-Maximilians, Allemagne), ont présenté les résultats de leurs travaux portant sur l’étude des réponses cellulaires (les lymphocytes T) chez les enfants infectés par le VIH. Le Dr Muenchhoff a mené ses recherches sur une cohorte sud-africaine d’enfants « Pediatric Non Progressor ». Infectés par voie verticale (transmission mère enfant), ces enfants âgés de plus de cinq ans, qui ne sont pas sous traitement ARV[iii], ne présentent pas de symptômes cliniques. Malgré une charge virale élevée, ils arrivent à maintenir un taux normal de lymphocytes T CD4 et une faible activation de leur système immunitaire. Ses résultats[iv] mettent en lumière une possible explication à ce maintien des lymphocytes T CD4. Au contraire de ce qui est observé chez les « individus progresseurs », les lymphocytes T mémoires centraux (TCM) à longue durée de vie chez ces enfants sont moins infectés par le VIH. Ils ont également noté que ces cellules exprimaient faiblement le récepteur de surface CCR5 (un des récepteurs utilisés par le virus pour infecter les cellules) à leur surface. Il ressort également de cette étude que ces enfants « non progresseurs » produisent des anticorps neutralisants à large spectre (bNAbs) de meilleure qualité que ceux retrouvés chez les adultes infectés. Ceux-ci ne semblent toutefois pas impliqués dans l’absence de progression de l’infection puisqu’ils sont retrouvés en quantité supérieure chez les enfants « progresseurs ».

Le Dr Roider s’est intéressée aux caractéristiques immunes pouvant expliquer cette différence dans la production de bNAbs entre les enfants et les adultes infectés. Son étude[v] s’est portée sur les lymphocytes T CD4 folliculaires helper (Tfh), impliqués dans la mise en place de la réponse humorale et donc de la production d’anticorps. L’analyse comparative menée chez des adultes et des enfants infectés par le VIH a notamment montré que la fréquence de Tfh circulants était plus élevée chez les enfants et qu’elle corrélait avec l’amplitude de la réponse anticorps neutralisante. L’ensemble des résultats indique que la réponse Tfh chez les enfants est d’amplitude et de qualité supérieures à celle des adultes, mais également mieux régulée contribuant ainsi à la mise en place d’une réponse neutralisante de meilleure amplitude. Ces résultats suggèrent que les enfants présentent des caractéristiques les rendant plus aptes à produire des bNabs que les adultes. Ils appuient également l’hypothèse des chercheurs selon laquelle une vaccination durant l’enfance permettrait d’induire la production de bNAbs efficaces prévenant l’infection chez les adultes. Il faudra toutefois d’abord trouver la stratégie d’immunisation qui permettra d’induire la production de bNAbs par vaccination.

Une question reste toutefois en suspens à la lumière de ces résultats. Pourquoi, malgré la présence de bNAbs avec une forte efficacité de neutralisation, une partie des enfants infectés voient leur maladie progresser ? La transmission verticale pourrait-elle jouer un rôle, puisque ces enfants sont en contact du virus mais également des anticorps maternels dès la grossesse? Des études[vi] ont en effet montrés que les anticorps maternels pouvaient influencer les épitopes exposés à la surface des virus transmis à l’enfant.

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