Au cours de ce troisième jour de conférence, le rôle du microbiome dans l’infection par le VIH a été discuté lors d’une session de courtes présentations orales. Petit rappel : le microbiome (du grec micro, « petit » et bios, « vie ») désigne l’ensemble des micro-organismes présents chez l’homme (au niveau des muqueuses intestinales, vaginales, de la peau, etc.), ainsi que les interactions de ceux-ci, entre eux et avec l’organisme.
L’information clé de cette session concernait le rôle du microbiome vaginal dans l’augmentation de la susceptibilité à l’infection par le VIH. Plusieurs études ont en effet montré que le déséquilibre de la flore vaginale – qui se traduit par la perte des bactéries saines Lactobacillus et l’augmentation du nombre de bactéries pathogènes anaérobies – est un des facteurs associés à l’augmentation du taux d’infection par le VIH chez les femmes. Adam Burgener (Agence de santé publique, Canada), premier intervenant de la session, a présenté des résultats allant dans ce sens, expliquant que la perturbation de l’intégrité de la barrière épithéliale, couplée à la présence de bactéries pathogènes, conduit à la mise en place d’un terrain favorable au VIH. De plus, ces bactéries pathogènes, en métabolisant le ténofovir présent dans les traitements préventifs locaux, ont une incidence sur l’efficacité des PrEP (Nichole Klatt, Université de Washington). Ces données doivent évidemment être prises en compte, dans le but d’adapter les PrEP destinées aux femmes présentant un déséquilibre de la flore vaginale.
La physiologie des intestins est également impactée par le VIH. Cet impact se traduit notamment par une inflammation continue des intestins, une déplétion des lymphocytes T CD4 intestinaux et une perte de l’intégrité de la barrière épithéliale. Il a été montré, dans des modèles de primates infectés par le VIH et sous traitement ART, que la prise de probiotiques induisait une amélioration de la restauration des lymphocytes T CD4 dans l’intestin. Ces résultats encourageants ont mené les chercheurs à évaluer le rôle des probiotiques chez l’homme. Les premiers résultats de deux études présentées au cours de cette session (par Rachel Presti, Université de Washington, Saint-Louis et par Sergio Serrrano-Villar, Hôpital universitaire Ramon y Cajal, Madrid) sont malheureusement peu concluants, puisque la prise de probiotiques n’a pas eu d’impact sur le nombre de lymphocytes T. Les chercheurs ne s’avouent pas vaincus pour autant, et les recherches sur ce sujet continuent.