Il y a deux périodes critiques au cours de l’enfance où les risques d’infection sont les plus grands : après la naissance (avec la transmission verticale[i]) et lors de l’adolescence (correspondant avec les premiers rapports sexuels). Selon le rapport de l’ONUSIDA 2018, il y a encore environ 500 nouvelles infections par jour chez les nourrissons, dont la moitié se fait via l’allaitement.Quant aux adolescents, c’est plus de 1600 cas de nouvelles infections par jour qui sont recensés ; avec une proportion plus importante chez les filles. Quelles stratégies appliquer pour prévenir ces transmissions ? Le plan présenté par le Dr Perdar repose sur quatre points :
- Etendre l’accès aux soins et le suivi pour les femmes enceintes et les nourrissons ;
- Traiter les nourrissons dès la naissance avec des anticorps neutralisants à large spectre (bNAbs) ;
- Etablir un calendrier vaccinal comprenant plusieurs vaccinations, de la naissance et tout au long de l’enfance pour induire une immunité protectrice, mais également protéger contre les risques de transmission via l’allaitement ;
- Booster l’immunité anti VIH induite avec un rappel vaccinal chez les pré-adolescents.
Bien que le système immunitaire ne soit pas totalement développé au cours des premiers mois de vie, il possède des caractéristiques propres pouvant présenter des opportunités pour les stratégies de vaccination. En effet, les enfants infectés par le VIH produisent des bNAbs de meilleure qualité que les adultes[ii]. De même, suite à une vaccination anti-VIH, les nouveaux-nés peuvent développer le même type d’anticorps que les participants de l’essai Thai-RV144 – et qui sont associés à une réduction du risque d’acquisition du virus – et à des taux vingt-deux fois plus élevé[iii].
Dans les premiers mois de vie, les nouveaux-nés sont protégés grâce à la présence d’anticorps maternels. La question de l’influence de ces anticorps sur l’induction d’une réponse après vaccination a été étudiée. Les données obtenues dans un modèle de primates[iv] et chez des nouveaux-nés[v] indiquent que la présence de ces anticorps n’impactent pas la réponse de l’enfant à la vaccination.
Il semble bien que les enfants possèdent des caractéristiques immunes qui représentent un terrain propice pour induire une réponse efficace contre l’infection. Les chercheurs souhaitent maintenant déterminer le meilleur moyen de tirer profit de ces particularités pour mettre en place une stratégie efficace de vaccination. La stratégie évoquée par le Dr Perdar pourrait être une des solutions. En effet, ce plan d’immunisation passive (injection de bNAbs) et active (vaccinations multiples au cours de l’enfance) offre une fenêtre de dix ans permettant de préparer le système immunitaire des enfants à induire une réponse capable de neutraliser le virus.
[I] C’est la transmission du virus de la mère à l’enfant, qui se peut se faire lors de l’accouchement ou bien lors de l’allaitement
[III] https://academic.oup.com/jid/article/211/4/508/2910503
[IV] https://jvi.asm.org/content/93/5/e01783-18/article-info