Des chercheurs financés par Sidaction (grâce aux aides consacrées aux équipes et aux jeunes chercheurs) ont eu l’opportunité de présenter leurs résultats lors de la conférence. Parmi eux, Julie Jesson, post-doctorante à l’université Paul Sabatier de Toulouse, dont l’abstract a été sélectionné pour une présentation lors de la session Poster « Grandir avec le VIH » du 5 mars.
Julie Jesson étudie l’impact de l’infection par le VIH sur la croissance des adolescents. Pour cela, elle s’est appuyée sur les données épidémiologiques recueillies par le consortium international IeDEA (International epidemiology Databases to Evaluate AIDS). Il s’agit d’une collaboration internationale, qui rassemble et harmonise des données sur les soins et les traitements des personnes vivant avec le VIH, collectées par des centres régionaux présents en Afrique, Amérique du Nord, Amérique du Sud et Asie, afin d’évaluer la situation et l’avenir des personnes vivant avec le VIH. Leur but est de construire une méthodologie permettant de regrouper efficacement ces informations et de mettre en évidence de grandes séries de données, pour répondre aux questions prioritaires et rationaliser la recherche sur le VIH/sida.
Pour son analyse, Julie Jesson s’est référée aux mesures de la taille d’adolescents (entre 10 et 19 ans) vivant avec le VIH. Les résultats présentés à la CROI indiquent que les adolescents infectés par le VIH présentent un retard de croissance, plus élevé pour les enfants contaminés à la naissance que pour ceux qui l’ont été à l’adolescence. Ainsi, à 10 ans, la prévalence des enfants présentant un retard de croissance est de 36 %, et de 27 % à 18 ans. Cette baisse observée à 18 ans s’explique par le fait qu’une partie de ces adolescents n’a pas été infectée à la naissance et a donc eu une croissance normale.
Julie Jesson s’est ensuite intéressée aux facteurs associés à ce retard de croissance. De façon générale, la prise tardive d’un traitement antirétroviral est fortement corrélée à un retard de croissance, quel que soit l’âge. Pour les adolescents entre 10 et 15 ans, la fragilité des défenses immunitaires, ainsi que la prise tardive d’antirétroviraux semblent être liées aux retards de croissance. Les données recueillies montrent que la courbe de croissance des enfants est différente selon les groupes d’âges (entre 10 et 15 ans et entre 15 et 19 ans), mais également selon le sexe, les garçons présentant, à l’adolescence, un retard de croissance plus élevé que les filles.
En conclusion, ces données montrent qu’il existe une grande hétérogénéité de modèles de croissance chez les enfants vivant avec le VIH. Ceux-ci doivent être pris en compte, afin de mettre en place des programmes de nutrition adaptés.