Au cours de la session « In the beginning : virus-host cell interactions », la Dr Gilda Tachedjian de l’institut Burnet (Australie) a discuté des différents rôles protecteurs de l’appareil reproducteur féminin et de l’impact de la composition du microbiote vaginal sur la susceptibilité à l’infection par le VIH.
La Dr Tachedjian a débuté sa présentation avec quelques données clés. Dans le contexte du VIH, un déséquilibre de la flore vaginale augmente les risques d’infection (d’un facteur 1,6), les risques de transmission à un partenaire (d’un facteur 3) ou à l’enfant. De plus, ce déséquilibre diminue l’efficacité de la PrEP locale sous forme de gel à base de tenofovir. Avant de discuter des mécanismes à l’origine de l’augmentation de la susceptibilité à l’infection VIH, il faut d’abord comprendre comment le tractus reproductif de la femme joue son rôle de barrière contre les infections.
Une barrière physique et immunologique
Le tractus reproductif est tapissé de plusieurs couches de cellules épithéliales qui sont en contact direct avec les pathogènes. Ces cellules sont reliées entre-elles par des jonctions intracellulaires très fortes. Cette structuration, ainsi le mucus présent, offrent donc une barrière physique capable de bloquer la progression des pathogènes. Les cellules épithéliales cervicales offrent également une barrière immunologique. Cela passe notamment par 1) la sécrétion de facteurs antimicrobiens, cytokines et chimiokines, 2) la capacité à remplir certaines fonctions immunitaires innées et adaptatives plus spécialisées, telles que la reconnaissance des pathogènes et la présentation des antigènes.
L’état inflammatoire qui se met en place dans le vagin lors de la dysbiose, va perturber ces barrières protectrices. L’inflammation entraine le recrutement local et une activation des cellules cibles du VIH : les lymphocytes T CD4. De plus, l’intégrité même de la muqueuse cervico-vaginale va être altérée.
Les multiples rôles de l’acide lactique
Une troisième barrière de protection, médiée par la présence de bactéries saines de type Lactobacillus, peut être ajoutée. Ces bactéries produisent de l’acide lactique, qui permet de maintenir un pH acide dans le vagin, offrant ainsi une protection contre les espèces pathogènes. Mais ce n’est pas son seul rôle. L’acide lactique possède des propriétés antivirales, antimicrobiennes, mais également immunomodulatrices. Les travaux menés par la Dr Tachedjian ont montré que les concentrations physiologiques d’acide lactique ont une activité virucide contre le VIH, qui est plus rapide et puissante que d’autres milieux acidifiés au même pH tel que l’hydroxyde de chlorure ou l’acide acétique. A un ph acide (3 ,9) l’acide lactique augmente également l’intégrité de la barrière épithéliale. Des analyses in-vitro ont mis en lumière les propriétés anti-inflammatoires de l’acide lactique sur les cellules épithéliales.