Et si on se préoccupait enfin du bien-être psychique ?

« VIH, VHC, santé mentale : ces virus qui nous prennent la tête. » Pour sa journée annuelle, le groupe interassociatif TRT-5 a choisi de parler de santé mentale. Un thème qui, peu à peu, commence à devenir une préoccupation réelle dans le domaine du sida et de l’hépatite C. En mars, pour la première fois dans l’histoire de la Conférence sur les rétrovirus et les infections opportunistes (Croi), qui s’est tenue à Boston, le sujet de la santé mentale a été évoqué en séance plénière. « En France, les associations nous font régulièrement remonter les problèmes de troubles anxieux, de dépression ou de troubles cognitifs qui touchent les personnes vivant avec le VIH, indique Clarisse Fortemaison, coordinatrice du TRT-5. On a le sentiment que pendant longtemps on a peut-être pensé un peu trop vite que si l’état des personnes s’était amélioré sur le plan physique, il en était de même sur le plan psychique… »

Or cette journée a permis de souligner que même à l’ère des multithérapies triomphantes le VIH reste une infection difficile à vivre sur le plan psychologique. Ainsi, près de 13% des personnes vivant avec le VIH rapportent un épisode dépressif majeur dans l’année. Un taux plus élevé que celui observé en population générale, de 5% à 8% selon les études. « Dans une large mesure, le sida demeure une maladie du non-dit, du secret et de la stigmatisation, explique le psychiatre Serge Hefez. Vivre avec le VIH reste une épreuve qui peut affecter la vie affective, sexuelle ou sociale d’un certain nombre de personnes. On voit encore beaucoup de gens qui sont bien traités médicalement, mais qui vivent dans une solitude absolue.»

Pour Clarisse Fortemaison, la question du bien-être psychique doit devenir une priorité, « car une mauvaise santé mentale peut accroître la vulnérabilité des personnes face au VIH et aux hépatites, favoriser les prises de risque et une moins bonne observance ».