Birgit Schramm, chercheuse en épidémiologie à Epicentre, présentait mardi 19 juillet à la conférence de Durban son travail sur les secondes et troisièmes ligne de traitement[1]. L’objectif est d’avoir des données sur l’efficacité du traitement de deuxième ligne, c’est-à-dire de fournir des connaissances sur les résistances présentes et d’aider à orienter le passage vers un traitement de troisième ligne lorsque cela est requis.
L’étude s’est déroulée au sein de trois programmes soutenus par Médecin Sans Frontières dans trois pays, le Kenya, le Malawi et le Mozambique. Au total, 802 patients ont été inclus, âgés de plus de 5 ans, ayant eu un échec de la première ligne et prenant une deuxième ligne de traitement depuis au moins six mois[2]. La première analyse était transversale et a permis d’observer que la suppression virale était bonne chez la majorité de ces patients. Toutefois, 166 patients avaient une charge virale supérieure à 500 copies. Pour ces derniers des études complémentaires ont été menées et les chercheurs ont distingué trois groupes de patients de taille comparable avec des profils différents.
Ainsi, pour approximativement un tiers des patients il n’y avait pas de résistance au traitement en cours, l’échec virologique[3] venait donc d’un défaut d’observance[4] (dans le cadre de l’étude, une simplification du traitement[5] a été mise en place pour aider l’observance des patients au Kenya). Pour un autre groupe de patients, une optimisation de la deuxième ligne était nécessaire avec un changement de molécule (NRTI) afin que le traitement soit efficace[6] (on parle d‘optimisation de la seconde ligne). Les autres patients présentaient des résistances avec les inhibiteurs de protéases, souvent combinées avec des résistances aux inhibiteurs de la transcriptase inverse qui ont parfois pu être acquises en première ligne de traitement. Ils sont passés à un traitement de troisième ligne optimisé individuellement en fonction de leur profil de résistance[7].
« Nous avons observé une prévalence d’échec virologique nettement plus élevée chez les enfants et adolescents inclus, probablement en raison d’une moins bonne observance» explique Birgit Schramm, « et pour l’ensemble des participants en échec virologique, il semble que la non-observance soit souvent corrélée à des histoires personnelles difficiles et nous avons décidé de compléter nos travaux avec une étude qualitative pour mieux comprendre comment améliorer cette situation ». Birgit Schramm a ajouté que « des analyses du niveau de médicament dans le plasma et les cheveux chez les patients en échec virologique était en cours et que cela donnerait également des indications sur l’observance ».
Ce travail montre dès à présent l’importance de disposer de données sur la résistance des virus au traitement dans les cas d’échec virologique pour guider le choix des antirétroviraux pour une deuxième ou troisième ligne. Les résultats soutiennent également le besoin d’un meilleur accès aux nouvelles générations de traitement pour les troisièmes lignes dans les pays à ressources limitées.
[1] Le travail de recherche de Birgit Schramm est soutenu par un financement de Sidaction.
[2] Deuxième ligne des patients à l’inclusion dans l’étude : 3TC-TDF-LPV/r, ou 3TC-ABC-LPV/r, ou 3TC-TDF-ATV/r
[3] Lorsque la charge virale reste détectable et ne diminue pas sous traitement antirétroviral.
[4] Prendre les traitements en suivant les prédictions médicales.
[5] Deuxième ligne simplifiée : 3TC-TDF(ABC)-ATV/r
[6] Deuxième ligne optimisée : ABC- TDF-ATV/r, ou RAL-AZT (or TDF)-ATV/r
[7] Troisième ligne : RAL-(ETR)-DRV/r, ou ABC-TDF-DRV/r, ou RAL-TDF-DRV/r, ou ETR-AZT-DRV/r, ou ABC-TDF-ATV/r, ou RAL-ATV/r, ou ETR-TDF-ATV/r