vih Françoise Héritier s’est éteinte

13.12.17
Cécile Josselin
3 min
Visuel Françoise
Héritier s’est éteinte

« Quand elle fut nommée présidente du Conseil national du sida et des hépatites virales [CNS] par François Mitterrand, Françoise Héritier ne connaissait presque rien à l’épidémie », se souvient le Pr Alain Sobel, qui lui a succédé en 1994.

Et c’est vrai que sa nomination pouvait surprendre. Directrice d’études à l’EHESS [2] de 1980 à 1999, elle était un des seuls membres du CNS à ne pas être de formation médicale. Anthropologue et ethnologue, elle avait succédé à Claude Lévi-Strauss au Collège de France, inaugurant la chaire d’Étude comparée des sociétés africaines, dont elle a été titulaire de 1982-1998.

Une autorité combative

Africaniste de renom, son champ de recherche portait essentiellement sur la famille, la parentalité et l’égalité des sexes. Elle estimait qu’il n’y avait aucune raison objective, biologique ou naturelle d’affirmer une quelconque infériorité de la femme vis-à-vis de l’homme. « Les deux sexes sont différents, mais la nature ne dit rien en termes de hiérarchie », ne cessait-elle d’affirmer.

En 1989, alors qu’elle s’intéressait à la transmission des « humeurs » à l’origine de la reproduction humaine, elle s’est investie dans les enjeux sociaux du sida au point de maîtriser très vite et parfaitement son sujet. « Elle mettait sa patte dans tous les avis du Conseil. Elle revoyait tout. Rien n’était laissé au hasard », se souvient son ami Alain Sobel.

De sa présidence, on retiendra surtout son opposition catégorique aux dépistages obligatoires et systématiques. « Elle a pesé de tout son poids sur cette question auprès de François Mitterrand », nous rappelle le Pr Sobel, qui l’accompagnait alors à ses rendez-vous à l’Élysée. «Elle avait une autorité personnelle incroyable et savait mieux que quiconque percevoir les symboles portés par cette épidémie. »

Également à son crédit : son combat contre la discrimination des homosexuels devant les assurances et l’introduction dans les prisons d’une médecine respectueuse du secret médical pour les personnes vivant avec le VIH.

« À la répression, François Héritier a toujours préféré l’innovation », ajoute Alain Sobel. Et de conclure : « Elle avait une vision très droite de ces questions, qu’elle a toujours défendues avec ardeur et détermination. »

Notes

[1] Organe consultatif indépendant, le CNS a pour mission de conseiller les pouvoirs publics sur les stratégies politiques et sociales en matière de sida.

[2] École des hautes études en sciences sociales.

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