vih Fred Colby : « Il ne faut plus que le VIH soit la maladie de la honte ! »

01.12.20
Cécile Josselin
6 min
Visuel Fred Colby : « Il ne faut plus que le VIH
soit la maladie de la honte ! »

Dans un livre témoignage*, Fred Colby, rédacteur à Remaides, revient sur son parcours de vie. Un parcours semé d’embûches et de souffrance qui a fait de lui l’homme qu’il est aujourd’hui : un activiste de la lutte contre le VIH, positif et courageux, qui a su faire de son militantisme une force.

« Je suis séropositif, mais je me sens heureux et épanoui. Si c’était à refaire, je crois que je ne changerais rien à mon parcours, pas même ma séropositivité », confie d’entrée de jeu Fred Colby, un militant associatif âgé de 39 ans.

« À travers mon livre, j’ai voulu donner un message d’espoir aux personnes vivant avec le VIH et leur montrer que dans l’épreuve on peut trouver une force et transformer cette dernière en fierté. Je suis parti de quelque chose de compliqué et de douloureux, mais j’ai réussi à en faire quelque chose d’assez lumineux », explique-t-il dans un sourire radieux.

Une deuxième naissance

Quand il apprend sa séropositivité, en 2009, c’est un choc. Fred fait partie d’une communauté à risque et en a pleinement conscience. « Je suis gay, je vis à Paris et j’ai une sexualité multipartenaires », rappelle-t-il.Comme beaucoup de personnes de son âge (il a alors 28 ans), ilcroque la vie à pleines dents et veut croire que le sida ne passera pas par lui. L’annonce de sa séropositivité lui fait l’effet d’une douche froide.

S’ensuivent deux années très difficiles. « Je ne connaissais personne dans mon cas, et le premier traitement que l’on m’a prescrit m’a fait basculer dans la dépression », ajoute-t-il.Heureusement, comprenant la raison du problème, une psy lui suggère de modifier son traitement. Mais c’est l’invitation de Mathieu et Fabien à une soirée de l’association Aides qui sauve véritablement Fred et lance définitivement son engagement associatif.

À partir de là, tout change. C’est une deuxième naissance. S’il a assumé complètement son homosexualité à 19 ans, en faisant son premier coming out, Fred n’a pas encore d’amis LGBT. En s’engageant dans le militantisme, il en rencontre et apprend à accepter pleinement sa maladie, à tel point que le 3 juin 2016, il prend la courageuse décision de publier un long texte sur sa page Facebook : « Je suis séropo comme ils disent ». C’est son deuxième coming out, celui pour dire à tous que oui, il est séropositif, mais que non, il n’en a pas honte.

De la sérophobie à la « sérofierté »

Deux ans plus tard, il franchit une étape supplémentaire en défendant le concept de « sérofierté », au risque d’être parfois mal compris. « On parle souvent de fierté LGBT et de fierté noire dans le sens de fierté positive. Je me suis dit : “Pourquoi ne pas adapter ce principe aux personnes vivant avec le VIH ?” Il ne faut bien sûr pas le prendre au premier degré. Il s’agit d’un message de résilience, d’empowerment pour les personnes vivant avec le VIH. Et, pour moi, c’est un moyen de leur dire : “Il ne faut plus que le VIH soit la maladie de la honte !” » 

Tu vas aimer, baiser, rire et pleurer. Rien ne sera plus jamais pareil, mais au final tu vas préférer ta nouvelle vie APRÈS le VIH car elle t’aura rendu plus fort et plus lumineux.*

Comme Fred n’est pas du genre à faire les choses à moitié, il décide de mettre ses idées en pratique à la marche des fiertés de 2018 en arborant au-dessus d’un short rouge bien voyant un tee-shirt sur lequel il a inscrit « Séropo et fier » avec le hashtag #SéroFierté. « Globalement tout s’est très bien passé, se souvient-il. De nombreuses personnes se sont arrêtées pour me prendre en photo et me poser des questions. » Certaines l’ont aussi regardé de travers, mais Fred n’en a cure. Il a marqué les esprits. Il a réveillé les gens qu’il a croisés. 

« Il faut en finir avec l’invisibilisation des personnes vivant avec le VIH, clame-t-il. Je sais que pour beaucoup de personnes c’est difficile d’en parler et je comprends parfaitement qu’elles gardent le secret. Moi, j’ai la chance de pouvoir le faire. J’ai une parole libre et j’en profite pour être visible dans les médias. Je ne dis pas que je suis le porte-parole des séropositifs, je n’ai pas cette prétention, mais des personnes me disent qu’elles se reconnaissent dans mon message et que cela leur fait du bien. »

Fred est bien placé pour le savoir. Très actif sur les réseaux sociaux, il communique fréquemment avec des inconnus sur le Net, puis parfois dans un café. Il le voit également à travers son blog Parcours positif, lancé en 2018 comme une porte d’entrée positive sur la vie avec le VIH. « Il faut en finir avec les représentations datées des années 1990 qui circulent encore et qui désespèrent les personnes qui se découvrent séropositives », défend-il. 

Un engagement professionnel

Mais cela a été un long cheminement dans sa vie de militant et dans sa vie tout court. Ce parisien originaire de Miramas (Bouches-du-Rhône) a tracé sa voie avec méthode, en suivant son instinct et ses envies. « J’ai commencé par faire du dépistage rapide pour Aides. Je me souviendrais toujours de la première personne à qui j’ai annoncé sa séropositivité. Je me suis efforcé de la rassurer en lui disant que moi aussi j’étais séropositif et que j’allais bien. Quelques années plus tard, cette personne m’a recontacté pour me dire que tout allait bien pour elle. » Il anime ensuite des groupes de parole et décide de se professionnaliser. Après tout, il consacre à ses actions militantes quasiment toutes ses soirées.

Fred démissionne donc de son poste de chargé de patrimoine dans lequel il ne s’épanouit pas et devient community manager, d’abord pour le centre de santé sexuelle Le 190, puis pour Vers Paris sans sida. Mais Fred souhaite aller au-delà des messages courts. Il veut témoigner. Il veut parler du Tasp qui a changé sa vie. Il veut parler de charge virale indétectable, de PrEP, de son couple sérodifférent, de toutes ces choses qui font qu’une vie avec le VIH n’a plus rien à voir avec ce qu’elle reste encore dans bien des représentations. Il lance son blog et s’engage dans le journalisme spécialisé dans le VIH, là où il s’épanouit pleinement. 

* Fred Colby, « T’as pas le sida j’espère ?! Un parcours de vie de la sérophobie à la sérofierté », Librinova, 2020

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