Militante de la première heure, la directrice d’Acceptess-T se confie sur son parcours et sur la place des personnes trans au sein de la communauté des acteurs de la lutte contre le VIH/sida.
Lorsqu’on est trans, migrante et que l’on vit avec le VIH, on est minoritaire à plusieurs titres. On souffre non seulement de représentations erronées dans la société mais même au sein de la communauté des acteurs de la lutte contre le sida. Développer mon projet associatif m’a coûté beaucoup d’efforts, mais sans ça, je n’aurais jamais eu ma place. Aujourd’hui, notre voix est devenue beaucoup plus audible grâce à la reconnaissance institutionnelle de notre association.
J’essaye de développer ce même empowerment au sein de ma communauté
Voilà pourquoi j’essaye de développer ce même empowerment au sein de ma communauté, pour que d’autres puissent se créer leur place. Cela passe par le transfert des connaissances, mais surtout par le fait de s’investir dans notre association et d’en devenir le représentant. Et pour cela, il faut aider ces personnes à faire respecter leurs droits fondamentaux et à obtenir les ressources suffisantes pour vivre convenablement, car une personne en situation de précarité ou de non-droit ne peut pas s’impliquer.
Bien que nous ayons parfois l’impression de ne pas être considérés dans la lutte contre le VIH/sida, je pense qu’il y a actuellement une prise de conscience que les personnes trans, et notamment les femmes migrantes et travailleuses du sexe, sont les plus durement frappées par les discriminations et par le VIH qui va de pair. J’espère simplement qu’il ne s’agit pas d’un effet de mode et que cette solidarité s’inscrira dans la continuité.
L’arrivée de la PrEP et sa mise en place est pour nous l’occasion de dire qu’une stratégie de prévention ne peut pas être réduite à une question uniquement biomédicale : elle doit intégrer la lutte contre les discriminations et pour le respect des libertés fondamentales des personnes. À quoi bon reconnaître les personnes trans comme un public prioritaire si on vote une loi répressive sur la prostitution qui pourrait mener les travailleuses du sexe vers plus de précarité et plus de risque d’infection à VIH ?