Sujet brûlant de la conférence : l’arrivée d’une nouvelle molécule thérapeutique, l’ibalizumab. Approuvée par l’Agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux (FDA) en mars 2018, suivie par la validation des premières étapes de mise sur le marché par l’Agence européenne des médicaments (EMA) en août dernier, cette molécule répond au besoin grandissant de thérapies pour contrer la multirésistance aux traitements actuels. L’ibalizumab est un anticorps qui se fixe à la molécule CD4, à la surface des cellules immunitaires, empêchant ainsi l’entrée du virus. L’administration de cette nouvelle thérapie à des patients non réceptifs aux traitements classiques a permis de faire baisser leur charge virale de façon significative [1].
Coïnfection des femmes enceintes, quand traiter ?
Lors de la session « Ce que veulent les femmes », le sujet épineux de la coïnfection des femmes enceintes par le VIH et le virus de l’hépatite C (VHC), dont la prévalence est de 1,7% en France [2], a été abordé. Faut-il traiter ces femmes
contre le VHC pendant leur grossesse ou est-il préférable d’initier le traitement après l’accouchement ? Les naissances prématurées sont plus élevées chez ces femmes, mais les traitements anti-VHC peuvent avoir des effets toxiques pour le nourrisson. Un traitement de la coïnfection limiterait la transmission du VHC à l’enfant – et donc ses effets néfastes –, ce risque de transmission est cependant inférieur à 10% et dans 20% des cas d’infection du nourrisson par le VHC, aucun traitement ne sera requis. La balance bénéfices / risques semble donc équilibrée et oblige à une décision au cas par cas plutôt qu’à une recommandation globale.
Parmi les nombreux sujets abordés pendant ces quatre jours, celui de l’allégement du traitement antirétroviral
avec une combinaison de deux molécules au lieu de trois a également été discuté. À cette occasion, Chloe Orkin, de l’université Queen Mary de Londres, a présenté les récents travaux de son équipe, qui démontrent l’effi cacité similaire d’une combinaison dolutégravir + lamivudine, comparée à dolutégravir + ténofovir + emtricitabine. Depuis la mise au point de la première trithérapie en 1996, les recherches ont constamment amélioré ces traitements, destinés à être pris à vie. Mais si la réduction de la toxicité a toujours été l’une des priorités, d’autres problématiques viennent aujourd’hui s’ajouter, telles que la résistance aux traitements existants ou le besoin de personnaliser des thérapies anti-VIH.
[1] – B. Emu et al, “Phase 3 Study of Ibalizumab for Multidrug Resistant HIV-1”, NEJM, août 2018.
[2] – D’après les données de la cohorte EPF (Enquête périnatale française sur le VIH).