vih Hébergement d’urgence : « Lorsqu’il y a une volonté politique, il y a des moyens »

23.05.22
Anthony Cotte
4 min
Visuel Hébergement d’urgence : « Lorsqu’il y a une volonté politique, il y a des moyens »

« Quand j’ai commencé en 2002, une personne séropositive n’était pas à la rue, se souvient Marjorie Mailland, coordinatrice du Réseau Santé Marseille Sud. Aujourd’hui cette situation n’est plus surprenante… » Un triste constat que cette professionnelle n’est pas seule à faire. 

Dans le département des Bouches du Rhône, la question de l’hébergement est particulièrement complexe. L’hébergement est considéré comme une solution temporaire permettant aux plus précarisés de trouver un lieu de vie le temps de se reconstruire ou d’ouvrir des droits. Du moins sur le principe. L’admission à l’aide sociale et, de fait, à l’hébergement, relève souvent du parcours du combattant à l’heure où le nombre de personnes en situation de précarité est de plus en plus important.

En France, les SIAO (service intégré d’accueil et d’orientation) assurent la régulation de l’orientation et de l’accès à l’hébergement. Le dispositif du 115, par exemple, est y intégré. Ce numéro de téléphone étant gratuit, il serait accessible à tous. Mais la demande est importante et les délais d’attente pour le simple décrochage peuvent être très longs, sans compter la difficulté des personnes primo arrivantes, pour la plupart allophones, de réaliser une telle démarche. 

« En juillet 2021, le Conseil d’Etat évoquait 2 personnes sur 500 qui pouvaient avoir une place via le 115. Cela reste très très critique », se désole Margot Bonis, chargée de mission Droit et Accès aux Droits au sein du Réseau hospitalité. S’il n’y a pas vraiment de chiffres officiels pour le « taux de décrochage » du 115 à Marseille, le rapport’Asile en exil’ [i], publié en décembre 2018 par l’Observatoire Asile Marseille, parlait à l’époque d’« environ 80 % des appels passés vers le numéro d’urgence » qui n’ont pas reçus de réponse.

Quand une demande d’hébergement est faite, si aucune solution n’a été proposée, il reste une procédure que les travailleurs sociaux connaissent bien : le Droit à l’hébergement opposable (Daho). Sur le principe, celui-ci est garanti par l’État. « Quand on est à la rue et si le 115 n’aboutit pas ou si on est maintenu au 115 pendant une longue durée sans être orienté vers un hébergement stable, on dispose de ce recours pour permettre d’être reconnu prioritaire à l’accès à un hébergement stable, explique Margot Bonis. Mais pour la commission en charge dans les Bouches-du-Rhône, les personnes qui n’ont pas le droit au séjour ne seraient pas éligibles, ce qui est une erreur d’interprétation du droit ». 

Plusieurs recours ont déjà été faits auprès du tribunal. Et qui dit recours, dit compétences. Depuis 2017, avec un nombre de demandeurs d’asile vivant avec le VIH en croissance, Marjorie Mailland, elle, s’est transformée en juriste : « Aujourd’hui, pour défendre les droits humains, on doit avoir une véritable compétence juridique. »

Les liens entre précarité́ administrative, conditions de vie, violences sexuelles et infection par le VIH chez les femmes d’Afrique subsaharienne ayant migré en France sont parfaitement établis. Mais tous les demandeurs d’asile ne bénéficient pas des mêmes droits. La récente crise en Ukraine a en effet mis en lumière la capacité à pouvoir héberger. « On ne peut que se féliciter de ces solutions offertes pour les personnes en provenance d’Ukraine, même si la solution est imparfaite. Mais cela confirme que lorsqu’il y a une volonté politique, il y a des moyens », conclut Margot Bonis.

Au-delà du dépistage, la fin de l’épidémie du VIH passe également, et désormais prioritairement, par une mobilisation pour les droits humains et pour des conditions de vie dignes. Ce sont elles qui permettent de se soigner et d’éviter de placer les personnes dans une situation où ils ne pourront pas se protéger.

Références

[i] http://www.observatoireasilemarseille.org/lasile-en-exil/

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