Au détour des sessions satellites composant le programme de la journée d’ouverture de la deuxième conférence HIVP4P, les échanges s’engagent sur l’ouverture par le laboratoire Gilead d’un nouvel essai de prophylaxie pré-exposition du VIH, l’essai DISCOVER.
L’objectif principal de cet essai de phase 3 est de démontrer la non infériorité d’une combinaison emtricitabine/tenofovir disproxil fumarate (tenofovir DF) versus emtricitabine/tenofovir alafenamide fumarate (TAF), en prise quotidienne. Le TAF est une nouvelle prodrogue du tenofovir, approuvée en avril 2016 par la Food and Drug Administration pour le traitement du VIH. DISCOVER doit se dérouler aux Etats-Unis, au Canada et dans différents pays d’Europe de l’Ouest, dont la France. A ce jour, Gilead indique avoir commencé le recrutement de volontaires à Los Angeles, Californie, Fort Pierce et Orlando, Floride, USA. En Europe, l’essai devrait se dérouler dans une trentaine de sites de huit pays (Allemagne, Danemark, Espagne, France, Irlande, Pays-Bas et Royaume-Uni).
Les participants attendus sont des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et des femmes transgenres ayant des rapports sexuels avec des hommes. Outre la comparaison de l’efficacité des deux combinaisons, l’essai a pour objectif d’étudier leur impact sur la densité minérale osseuse et la fonction rénale, le déclin de ces deux fonctions constituant les effets indésirables potentiels, mais réversibles, de la combinaison emtricitabine/tenofovir DF.
Plus de 5 000 volontaires sont attendus, pour un suivi de 48 semaines minimum (50% des participants devant bénéficier d’un suivi d’au moins 96 semaines). Une phase d’extension avec prise d’emtricitabine et TAF est d’ores et déjà prévue à l’issue du suivi de 96 semaines. Les résultats sont attendus à l’horizon 2020. Dans le magazine américain POZ, Jim Pickett, directeur du département Plaidoyer/Prévention et Santé Gay de la AIDS Foundation de Chicago, met en garde les participants : il ne s’agit pas de considérer cet essai comme un moyen d’accès gratuit à la PrEP. L’efficacité de la combinaison emtricitabine/tenofovir DF est en effet déjà démontrée, mais pas celle de la combinaison emtricitabine/TAF. Ce qui n’est pas rappelé est que l’efficacité de la première combinaison en prise à la demande est également démontrée, les résultats de l’essai Ipergay, mené en France et au Canada, étant parmi les plus puissants obtenus dans le cadre d’essais d’efficacité. Or, l’essai DISCOVER ne prévoit qu’un mode unique de prise, quotidien. Et ce qui n’est pas non plus discuté est l’impact de ce programme sur le coût de la PrEP. Les versions génériques du tenofovir DF sont en effet attendues à brève échéance, l’ensemble des brevets relatifs à ce médicament expirant dans les deux ans à venir, selon les informations disponibles sur le site DrugPatentWatch. La démonstration, attendue, de l’efficacité du TAF devrait ouvrir une nouvelle période de brevet pour le tenofovir. Pour autant, parmi les propriétés largement discutées des antirétroviraux utilisés en prévention, l’une est bien absente des discussions : celle du prix.