Nouvelles approches et résultats majeurs annoncés dès l’ouverture de la conférence.
Les interventions des présidents de la conférence HIVR4P, Thomas Hope (Northwestern University, Chicago, Etats Unis) et Ruxandra Draghia-Akli (directrice à la direction de la santé de la Commission Européenne), et des représentants des organismes financeurs, le directeur de « Global AIDS vaccine enterprise », Bill Snow, puis Maureen Goodenow du NIH ( National Institutes of Health, Etats Unis ) ont été suivi par trois présentations scientifiques qui ont mis l’accent sur les innovations thérapeutiques et les mécanismes biologiques.
Myron Cohen (University of North Carolina, Etats Unis) a rappelé les avancés du traitement en prévention à la fois lorsqu’il permet de rendre la charge virale d’une personne vivant avec le VIH indétectable (Tasp), ce qui bloque la transmission du virus, et lorsque des traitements sont pris par des personnes non infectées par le VIH pour prévenir de l’acquisition du virus (PrEP). L’efficacité des traitements en prophylaxie ayant été démontrée dans plusieurs essais, l’effort de recherche pour de nouveaux médicaments pour la PrEP a été décuplé, notamment pour trouver des agents aux effets indésirables minimes et demandant une exigence moindre en termes d’observance. Ainsi, des antirétroviraux injectables à longue durée d’action, avec plusieurs semaines d’intervalle entre les injections, sont à l’étude. Il s’agit de la Rilpivirine et du Cabotégravir. L’anticorps neutralisants à large spectre, VRCO1, administrés par injection (de manière « passive »), est également en cours d’analyse dans des essais de prévention (le HVTN 703 / HPTN 081 « the AMP study » et HVTN 704 / DTHP 085). « Et d’autres nouveaux outils biologiques pour la prévention du VIH sont développés » a ajouté Myron Cohen, comme l’anneau vaginal ou l’implant qui délivre des antirétroviraux. Des thématiques qui feront l’objet de présentation dans la semaine.
Georgia Tomaras (Duke University, Etats Unis) a fait un état des lieux de la recherche vaccinale. Les prochains essais pour un vaccin préventif contre le VIH en sont à différentes étapes d’avancement et de nouveaux concepts sont en cours d’évaluation dans les études de phase I / II. Ces études visent à traduire chez l’Homme une immunité protectrice observée dans des modèles précliniques, améliorer un vaccin partiellement efficace (RV144, essai Thaï), ou à développer de nouveaux concepts d’essai pour la première fois chez l’homme. Une meilleure connaissance du système immunitaire issue des analyses des précédents essais permet de guider les développements des stratégies actuelles.
Anthony Fauci, directeur du NIAID (National Institute of Allergy and Infectious Diseases, NIH, Etats Unis), a présenté un résultat majeur, utilisant une nouvelle approche, publié la semaine dernière dans la revue scientifique Science (1). Il s’agit de l’utilisation d’un anticorps, analogue à un médicament approuvé pour la maladie de Crohn et la colite hémorragique, contre une protéine de surface des cellules immunitaires nommée α4β7. Celui-ci a été administré à huit singes infectés par le SIV (virus de l’immunodéficience simienne, modèle d’étude pour le VIH) et traités par antirétroviraux (ARV). Plus de neuf mois après l’arrêt des traitements ARV et anticorps, l’ensemble des huit singes ont des niveaux de charge virale qui restent très faibles ou indétectables. A contrario, pour les sept singes ayant reçu un placebo à la place de l’anticorps, il y a eu un rebond de la charge virale dans les deux semaines qui ont suivi l’arrêt des traitements ARV. Ce résultat spectaculaire et prometteur a conduit à la mise en place fin aout d’une étude clinique de phase I menée par le NIAID. Le recrutement est en cours et devrait comprendre en tout une vingtaine de personnes. L’objectif est tout d’abord de tester la sécurité du médicament.