vih « Il faudra encore du temps pour que le grand public intègre U=U »

25.03.20
Nicolas Gateau
4 min
Visuel « Il faudra encore du temps pour que le grand public intègre U=U »

De passage à Paris en février dernier, Bruce Richman, le fondateur de la campagne U=U* et directeur de l’organisation Prevention Access qui la porte, s’est arrêté à la rédaction de Transversal Mag. Deux ans après notre première rencontre, il est temps de faire le point sur l’avancée de la campagne et les progrès à accomplir pour lutter contre les discriminations envers les séropositifs.

Retrouvez l’interview en vidéo

Transversal Mag : Où en, aujourd’hui, la campagne U=U que vous avez lancé en 2016 ?

Bruce Richman : La campagne U=U est désormais un mouvement global, présent dans une centaine de pays. Près de mille organisations partenaires sur tous les continents ont signé la campagne et diffusent le message aux personnes qui vivent avec le VIH, aux soignants, aux responsables politiques et au grand public.

TM : En quoi Sidaction vous a-t-elle aidé ?

BR : Quand nous avons commencé, à l’été 2016, notre but était d’inviter des personnes et des organisations influentes à nous rejoindre pour appuyer la campagne U=U. À cette période, il était très important d’enrôler le maximum de personnes. Sidaction s’est joint rapidement à nous, juste 6 mois après que nous ayons lancé la campagne, ce qui nous a vraiment aidés à la porter à un niveau supérieur. Sidaction a traduit la campagne en français, la rendant disponible pour tous les pays francophones et nous a également permis de la mettre en avant lors du Forum communautaire de la conférence de Paris en 2017. Depuis Sidaction est resté un partenaire stratégique en s’assurant que le message soit le plus largement diffusé, en France comme dans le monde.

TM : Dans la communauté des acteurs de la lutte contre le VIH, il semble que le message U=U soit désormais bien reçu. Qu’en est-il du grand public ?

C’est encore un message neuf. Il est normal qu’il atteigne en premier lieu la communauté des activistes, des acteurs de la lutte contre le VIH et, plus lentement, les professionnels de santé. Ceci dit, ce message doit également atteindre le grand public, et nous voyons les efforts impressionnants qui sont faits pour transmettre U=U à tous. Par exemple, des bus siglés U=U circulent à Miami ou Washington, en Italie, en Norvège ou en Indonésie. On voit de plus en plus de campagnes de publicité extérieure, des panneaux à New York. Sinon, le message est diffusé au grand public de beaucoup de façons. De nombreuses marches contre le Sida se l’approprient ou en font leur thème principal, tous comme de nombreuses marches des fiertés ou de festivals LGBT. Nombre d’événements intéressants sont organisés. Par exemple, récemment, une opération a été montée par 27 villes au Canada pour promouvoir U=U, avec des Drag Queens pour cibler la population LGBT. Je reviens tout juste d’un défilé de mode à Hô-Chi-Minh-Ville, regroupant 600 personnes de tous les horizons et de tous les âges, pour promouvoir le programme vietnamien appelé K=K. Beaucoup de choses sont faites, mais cela prendra du temps pour que le grand public intègre U=U. Ce message est toujours radicalement en désaccord avec ce qu’il a appris sur le virus ces trente-cinq dernières années.

TM : quelles sont les prochaines étapes pour U=U ?

Pour mon organisation, la prochaine étape consiste désormais à se mettre au service de nos partenaires, d’être capable d’accompagner leur travail, qu’il s’agisse de communication en santé publique, de clinique ou de plaidoyer. Il s’agit d’être capable de leur fournir le meilleur de la recherche disponible sur U=U, le meilleur des savoir-faire en provenance du monde entier. Nous n’avons pas pour ambition de réinventer la roue, mais de partager ces savoirs avec d’autres. Nous cherchons en particulier à travailler avec nos partenaires qui ont besoins de ces ressources, d’argumentaires en santé publique, pour faciliter l’accès aux traitements, à la charge virale ou à d’autres types de services ou de soins. Nous savons qu’investir dans le bien-être des personnes qui vivent avec le VIH et qu’assurer l’accès aux soins et aux traitements, qui permettent de rester en bonne santé, permet de bloquer les nouvelles transmissions. C’est le meilleur moyen de stopper cette épidémie. 

* U=U : I=I ou « Indétectable = intransmissible » signifie qu’une personne séropositive, sous traitement avec charge virale indétectable, ne peut pas transmettre le VIH.

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