Des chercheurs ont exploré les possibilités d’une immunothérapie, en utilisant le budigalimab, pour atteindre un contrôle viral durable du VIH sans recourir aux traitements antirétroviraux (TAR). Les résultats préliminaires ont été présentés à la Conférence européenne sur le sida (EACS 2023).
Le VIH est un virus complexe qui infecte le système immunitaire, en particulier les lymphocytes T CD4+. Les antirétroviraux sont la principale approche de traitement, mais ils ne guérissent pas l’infection : ils la maintiennent sous contrôle. Une fois le traitement arrêté, le virus rebondit rapidement et les CD4+ chutent, exposant les personnes vivant avec le VIH (PVVIH) à des infections opportunistes.
La clé pour un contrôle durable du VIH sans TAR réside dans la restauration de la réponse des lymphocytes T CD4+. Ces cellules sont essentielles pour coordonner la réponse immunitaire contre le VIH. Dans le contexte d’une infection chronique par le VIH, les réponses immunitaires sont souvent épuisées et freinées par des mécanismes inhibiteurs, y compris les points de contrôle immunitaires tels que PD-1. Ces points de contrôle empêchent les lymphocytes T CD4+ de détruire le VIH efficacement.
Le Budigalimab : Une nouvelle approche pour contrôler le VIH
C’est là que le budigalimab entre en jeu. Il s’agit d’un inhibiteur de PD-1, une classe de médicaments appelés inhibiteurs de points de contrôle immunitaires. Ces médicaments « déverrouillent » les lymphocytes T CD4+ épuisés, permettant ainsi à l’organisme de mieux combattre le VIH. Pour évaluer le budigalimab, les chercheurs ont mené deux études de phase 1b. L’objectif principal de ces études était d’examiner la sécurité, la pharmacocinétique (la manière dont le médicament se comporte dans le corps) et les premiers signes d’efficacité.
Les résultats préliminaires de ces études sont prometteurs [i]. Les participants ont reçu des doses uniques ou multiples de budigalimab par voie intraveineuse ou sous-cutanée, et dans l’ensemble, le médicament a été bien toléré. Aucun effet indésirable sérieux lié au traitement n’a été signalé, et les effets secondaires, lorsqu’ils se sont produits, étaient légers à modérés.
Les données préliminaires concernant le contrôle viral réservent également une bonne surprise. les chercheurs ont en effet observé une suppression virale immuno-médiée pendant une interruption analytique du traitement (IAT). Pour l’IAT, 11 participants ont reçu quatre doses de budigalimab par voie intraveineuse toutes les deux semaines.
Des perspectives encourageantes pour le contrôle du VIH
Sur ces 11 participants, 6 ont connu un rebond viral retardé, c’est-à-dire qu’il a fallu plus de temps que la médiane observée dans le groupe placebo. De plus, 4 d’entre eux ont réussi à maintenir un contrôle viral en dessous de 1 000 copies/ml sans répondre aux critères de reprise du TAR.
Deux de ces participants ont même continué l’IAT jusqu’à la fin de l’étude, maintenant un contrôle viral impressionnant à moins de 200 copies/ml pendant 29 à 36 semaines après le début de l’IAT. Ces résultats préliminaires suggèrent que le budigalimab pourrait être un outil prometteur pour le contrôle du VIH. Les chercheurs estiment que des études de phase 2 sont nécessaires pour explorer davantage la capacité du budigalimab à maintenir un contrôle viral durable sans TAR.
[I] J.-P. Routy et al. Safety, pharmacokinetics, and exploratory efficacy of the PD-1 inhibitor budigalimab in antiretroviral treatment-suppressed people living with HIV-1: preliminary analysis of 2 Phase 1b studies including an analytical treatment interruption. 19th European AIDS Conference, Warsaw, presentation PS10.O3, 20/10/2023.