Au programme du dimanche 23 juillet à Paris : arrivée du Tour de France et début de la conférence de l’été sur le VIH. L’épidémie du VIH est la montagne à laquelle les chercheurs font face depuis déjà plus de 35 ans. Ils auront pu, pour certains, voir l’arrivée du peloton avant de se rendre au rendez-vous biennal, qui souligne cette année l’importance de l’investissement continu dans la recherche sur le VIH et la traduction de la science en action. À l’IAS 2017, on ne parlera pas sprint ou maillot jaune, mais nouvelles découvertes et progrès en prévention et traitement du VIH.
La conférence sur la pathogénèse, le traitement et la prévention du VIH, organisée par l’International AIDS Society (IAS), en partenariat avec l’Agence nationale de recherche sur le sida et les hépatites virales (ANRS), l’IAS 2017, a commencé à Paris. La dernière fois que cette conférence a eu lieu dans la capitale française, nous étions en 2003. Depuis, au rythme d’une fois tous les deux ans, elle est passée dans plusieurs villes du monde, comme Vancouver en 2015, Kuala Lumpur en 2013, ou encore Rome en 2011. Les sujets qui y seront abordés cette année n’apparaissaient pas au programme du rendez-vous organisé il y a quatorze ans pour les experts du VIH. Preuve, d’une part, que la science avance et, d’autre part, que de nouveaux enjeux émergent. Parmi eux, les cellules réservoirs du VIH et les diverses approches visant à les éliminer ou les contrôler (thématique dans laquelle on compte de plus en plus de travaux depuis le lancement de l’initiative « Towards an HIV cure », en 2012). Dans ce domaine, la source d’inspiration que représente la recherche sur le cancer est un tout nouveau sujet pour la conférence IAS (premier symposium « HIV cure and cancer » en pré-conférence les 22 et 23 juillet, à Paris). Des études proposant un recul inédit sur la prophylaxie pré-exposition (PrEP) – efficacité à long terme, préférences des usagers, nouvelles formulations – seront présentées (plusieurs essais ont démontré l’efficacité de la PrEP depuis 2009 ; l’autorisation de mise sur le marché, l’AMM, en Europe est active depuis mars 2017). La plus-value apportée par les autotests (disponibles en pharmacie en France, depuis septembre 2015) sera au programme des discussions et des présentations seront également réalisées sur de nouvelles combinaisons thérapeutiques à l’étude, ainsi que sur les différentes stratégies de prévention ciblée, notamment vers les adolescents.
Focus sur la soirée d’ouverture de la conférence. « C’est grâce à la science que nous avons fait des progrès remarquables dans la lutte contre le VIH, et la science appliquée est ce qui mettra fin à cette épidémie », a déclaré Linda-Gail Bekker, présidente de l’International AIDS Society (IAS) et de la conférence IAS 2017. « Alors que la recherche sur le VIH a déjà accompli des progrès majeurs qui ont permis de sauver des millions de vies, nous avons encore beaucoup à découvrir et, en particulier, un vaccin et un traitement curatif ». Jean-François Delfraissy, président scientifique local de l’IAS 2017 et ancien directeur de l’ANRS, a ajouté que « chaque étude permet d’ouvrir de nouvelles portes et d’en fermer d’autres ». Il a également affirmé que « la recherche de pointe présentée à l’IAS 2017 permettra de faire un pas en avant considérable pour aider les chercheurs à mettre un terme au VIH ».
Un hommage a été rendu à Marc Wainberg, professeur de médecine, chercheur et directeur du centre de recherche sur le sida de l’Université Mc Gill au Canada, ainsi qu’à Prudence Mabele, activiste, fondatrice et directrice du Réseau des Femmes Séropositives (RFS) de l’Afrique du Sud, qui nous ont tous deux quittés en 2017. Dans sa prise de parole, une activiste sud-africaine a dénoncé les inégalités en matière de santé contre lesquelles ces acteurs majeurs de la lutte contre le sida étaient très engagés.
La ministre de la Santé et des Solidarités Sociales, Agnès Buzyn, a salué les activistes « sans qui nous n’aurions pas autant avancé », avant de faire un point sur la recherche VIH en France, présentant sa pluridisciplinarité et son importance.
Giovanna Rincon, présidente de l’association ACCEPTESS-T, a appelé à une plus grande visibilité des personnes transgenres dans les politiques et les programmes de lutte contre le VIH et a demandé aux scientifiques de donner la priorité aux populations vulnérables dans leurs travaux de recherches. « Rien ne doit être fait sur nous, sans nous », a-t-elle annoncé, avant de conclure son intervention par cette phrase : « partout dans le monde, nous ne lâcherons rien, sur la lutte contre le VIH, comme sur la discrimination ».
Enfin, Michel Sidibé, directeur de l’Onusida, et Esther Duflo, de l’Institut de technologie du Massachussetts aux États-Unis, ont mis en évidence des données sur l’état de l’épidémie, sur sa prise en charge et la place des sciences sociales.
Après plus de 35 ans de recherche contre le VIH, la lutte contre le sida a déjà franchi plusieurs cols. Malgré ces étapes victorieuses, la course n’est pas terminée et la dernière ligne droite est toujours la plus difficile. Elle coûte plus cher et exige des travaux pointus, nécessitant de plus grandes connaissances. Alors, place au temps fort de l’été pour plus de 6 000 professionnels du VIH, venus du monde entier : quatre jours de sessions plénières, de sessions orales (présentations scientifiques de spécialistes, suivies de questions), de posters (résumés affichés de travaux de recherche) et de débats permettant d’exposer les différents points de vue et les résultats scientifiques les plus récents.